La mobilisation des résidents des foyers pour travailleurs immigrés SONACOTRA (Société Nationale de Construction de foyers pour les Travailleurs), pour une amélioration de leurs conditions de logement, vient s’insérer dans le contexte contestataire qui secoue la société française à partir de 1968 jusqu’au début des années 1980.
Les années soixante-dix, définies la « décennie révolutionnaire » par Philippe Chaissaigne (Chassaigne, 2018), peuvent être considérées comme un prolongement du moment 68 (Bonfreschi et Georgi, 2020), une explosion au niveau mondial de mouvements sociaux. C’est le cas en France, où nous assistons, dans cette période, à un renouvellement des pratiques contestataires. Si les luttes ouvrières d’usine continuent d’avoir une place importante dans la contestation sociale de l’ordre capitaliste, l’apparition de nouvelles questions, nouveaux sujets et nouveaux répertoires d’action vient bousculer les organisations traditionnelles du mouvement ouvrier, c’est-à-dire les partis politiques et les confédérations syndicales. La question de l’immigration et des conditions de vie et de travail des personnes qui en sont issues est surement un de ces éléments nouveaux.
L’immigration en France
Le phénomène migratoire est aujourd’hui une question évidente et répandue dans l’analyse des sciences humaines et sociales des sociétés contemporaines. Ce sujet a changé d’échelle au fil des siècles : des migrations depuis les campagnes vers les villes à celles liées au processus de décolonisation du continent africain, en passant par les déplacements de population interne aux états-nations en formation et au continent européen. En France, nous pouvons remarquer un changement de paradigme qui s’opère à la fin de la deuxième Guerre Mondiale. Si depuis la fin du XIXème, les populations en entrée étaient majoritairement d’origine européenne (italienne, espagnoles, portugaises et polonaises), avec les luttes de libération nationale, ce sont des personnes issues d’anciennes colonies françaises qui arrivent dans l’Hexagone. Ce processus répond à la demande croissante de main d’œuvre dans l’industrie française, notamment dans les secteurs de la métallurgie et du bâtiment, en forte expansion dans le deuxième après-guerre, avec un recrutement qui s’opère le plus souvent sur place.
Les années 68
Nous sommes en effet dans un contexte de fortes mobilisations dans les lieux de grande concentration ouvrière mais aussi dans des territoires peu habitués à la conflictualité ouvrière et des nouvelles pratiques de lutte se répandent (Vigna, 2007). Ce renouveau des mobilisations sur les lieux de travail s’accompagne de l’émergence de nouveaux groupes qui se situent à la gauche des institutions ouvrières traditionnelles. Cette « nouvelle gauche » (Bonfreschi et Georgi, 2020) se développe dans un contexte de déception vis-à-vis des expériences du socialisme réel, avec des moments de rupture comme la répression soviétique de la révolte hongroise de 1956, mais aussi en opposition à l’eurocommunisme. L’inspiration est donnée par les luttes de libération nationale du Vietnam, d’Algérie et de Cuba. Des nouvelles questions apparaissent sur la scène : les enjeux féministes, notamment la bataille pour le droit à l’IVG, les questions de sexualités, de santé mentale, mais aussi l’écologie, avec un mouvement anti-nucléaire naissant. Dans ce contexte les luttes pour les droits des immigrés se développent de façon autonome mais avec des liens forts aux organisations de la gauche extra-parlementaire : le Mouvement des Travailleurs Arabes (MTA) en est un exemple emblématique, étant très proche de la mouvance maoïste (Hajjat, 2005).
Nous pouvons affirmer donc que, si les luttes à l’usine continuent à occuper une place centrale, à partir de Mai 68, la mobilisation sort de l’atelier et envahi d’autres domaines de la vie.
Un projet de recherche sur l’ultra-gauche
Cet article s’inscrit dans le cadre d’un projet de recherche de Master 1 portant sur l’activité militante du groupe d’extrême-gauche produisant la revue Camarades, éditée de 1973 à 1978. Ce groupe se situe dans la nébuleuse autonome naissante (Schifres, 2004) difficilement homogénéisable tant au niveau européen qu’au niveau français. Se réclamant explicitement des thèses de l’opéraïsme italien (Aubert, 2017), les militants de Camarades entretiennent une relation étroite avec le mouvement autonome en Italie. L’intérêt qu’ils portent pour les luttes animées par des immigrés, que ce soient des OS 1 des grandes concentrations ouvrières ou des résidents des foyers Sonacotra, appuie un renouvellement théorique du marxisme qui essaie de trouver des nouveaux sujets de référence comme avant-garde d’un projet de dépassement du système capitaliste.
L’objectif de ce travail est donc de replacer la mobilisation des résidents des foyers Sonacotra dans les conflits sociaux qui marquent les années 68. Pour cela, nous allons d’abord montrer comment et pourquoi la lutte des personnes issues de l’immigration devient une question à part entière, en s’émancipant des conflits traditionnels du mouvement ouvrier, et quel rôle est joué par le conflit chez Sonacotra. Nous allons ensuite examiner la relation avec le passé colonial français qui traverse tant les institutions que les parcours biographiques des résidents mobilisés contre la Sonacotra. Dernièrement, nous allons analyser comment la lutte des foyers intéresse les groupes d’ultra-gauche en opposition aux institutions traditionnelles du mouvement ouvrier, en prenant comme étude de cas la revue Camarades et son cadre analytique.
État de l’art
Pour étudier cette mobilisation et le contexte dans lequel elle se développe nous pouvons nous appuyer sur une bibliographie scientifique appartenant à des disciplines différentes.
La grève des loyers dans les foyers Sonacotra a intéressé notamment des chercheurs spécialistes de la sociologie des mobilisations. Nous pouvons nous pencher d’abord sur une série d’articles produits par le sociologue Choukri Hmed, qui a travaillé sur l’histoire de l’immigration avant de passer à des recherches sur le printemps arabe, notamment en Tunisie. Concernant l’objet de cet article, l’auteur nous livre une définition et une mise en contexte de ce qu’est une grève des loyers (Hmed, 2020), en rangeant ce mode d’action dans ceux considérés comme risqués, mais aussi en soulignant la particularité en tant que mode d’action qui est au même temps l’objet de la contestation (Hmed, 2007). Cette analyse est cohérente avec la catégorie associée à cette lutte, c’est-à-dire celle des mobilisations improbables (ibid.). Il analyse ensuite la question spatiale et les effets en découlent (Hmed, 2008). Hmed nous propose aussi un lien entre l’institution Sonacotra, la contestation de celle-ci et l’héritage colonial français (Hmed, 2006 ; Hmed, 2014).
La question du logement dédié aux immigrés suscite aussi l’intérêt des sociologues Marc Bernanot, qui lui a consacré un livre (Bernanot, 2008). Concernant la mobilisation en elle-même, c’est le politologue Belden Fields qui nous livre une analyse à chaud en 1982(Fields, 1982). Chercheur étatsunien, il s’est intéressé à l’extrême-gauche et aux mobilisations étudiantes en France 2 .
Nous pouvons remarquer ensuite un intérêt militant pour cette histoire. En effet, le Collectif pour l’Avenir des Foyers (COPAF) dédie une page de son site internet 3 en rassemblant plusieurs ressources sur l’histoire des foyers logeant des personnes issues de l’immigration et la contestation au sein de ceux-ci. Début 2025, l’antenne lyonnaise de la fédération Droit Au Logement (DAL 69) produit une brochure sur le sujet, présentée à l’occasion d’une soirée d’auto-financement 4 .
De la lutte des ouvriers immigrés aux luttes de l’immigration
L’immigration est un objet historique à part entière depuis la moitié des années 1980 (Pitti, 2001). C’est dans ce cadre que les luttes des ouvriers étrangers sont absorbées dans l’histoire sociale de l’immigration (ibid.). Si les immigrés occupent une place centrale dans les luttes d’usine du début des années 1970, leur autonomie de mobilisation émerge pendant et à partir de « l’année intense » (Gastaut, 2005) sur le thème des circulaires sur l’immigration et du racisme. La grève des loyers chez Sonacotra doit alors être replacé dans ce contexte.
La lutte à l’usine, pour les papiers et contre le racisme
La lutte des OS
Après la Deuxième Guerre Mondiale l’économie française connait une forte expansion. Cette croissance est remarquable de surcroit dans l’industrie automobile, dans laquelle sont expérimenté pour la première fois les théories de rationalisation scientifique de la production du taylorisme. Dans ce cadre, le processus de production est morcelé et nous assistons à l’émergence massive du travail à la chaine mais aussi de son protagoniste : l’ouvrier spécialisé (OS). Les OS sont majoritairement des immigrés, notamment à Paris, mais aussi des jeunes français. Si tous les OS ne sont pas issus de l’immigration, les chances d’être OS quand on est un travailleur étranger s’élèvent à 95% (Pitti, 2004).
Ce sont en effet des OS immigrés qui donnent vie à un mouvement de grève important, en mars 1973, au département 12 des presses de Billancourt (Pitti, 2001). La mobilisation est particulière à différents égards : menée par des ouvriers étrangers qui occupent le niveau le plus bas de la hiérarchie d’usine, elle remet en cause le système de classification salariale dans son entièreté; elle symbolise la distanciation progressive de la base ouvrière des syndicats confédéraux et nous impose de distinguer à cette époque lutte ouvrière de lutte syndicale (ibid.).
Le symbole des luttes des ouvriers immigrés de ces années reste la mobilisation dans les usines de plomb de Pennaroya, qui démarre à Saint-Denis en 1971, pour après s’installer dans la région lyonnaise, avec un long parcours jusqu’en 1979. Cette lutte va attirer différents groupes issus de la vague de 1968, notamment les Cahiers de Mai et le Groupe Information Santé, et est organisée à Lyon autour d’une section CFDT.
La lutte pour les papiers et les grèves contre le racisme
La politisation croissante de la question migratoire (Fievet, 1999) à cheval entre les années 1960 et 1970 est liée à une conjoncture économique mais aussi sociale (Lochak, 2020) : apparition du chômage de masse et conditions indigne de logements avec l’insalubrité et les bidonvilles vont nuancer la phrase prononcée en 1966 par le Ministre des Affaires Sociales qui disait nécessaire l’immigration clandestine pour l’approvisionnement des industries en main-d’œuvre. L’étau est resserré entre fin janvier et fin février de 1972 par les deux circulaires Marcellin et Fontanet, respectivement Ministre de l’Intérieur et du Travail. Elles empêchent notamment les régularisations ultérieures de personnes entrées illégalement.
Une des premières mobilisations de sans-papiers débute l’automne suivant : quatre hommes menacés d’expulsion se mettent en grève de la faim (Lochak, 2020). Le mouvement s’organise autour du Comité de Défense de la Vie et des Droits des Travailleurs Immigrés (CDVDTI), les grèves de la faim se multiplient dans toutes la France (Ménilmontant, Toulon, Nice) et un grand meeting est tenu à la Mutualité le Ier avril 1973. Le 13 juin, le Ministre du Travail Gorse suspend les deux circulaires, qui seront annulées définitivement par le Conseil d’État en 1975.
Ces années sont aussi le théâtre d’un renouvellement à l’extrême-droite, nostalgique de l’Algérie coloniale et anti-immigration. Après l’OAS et la revue Occident de Duprat, émerge Ordre Nouveau, dissous en 1973 après les affrontements du 21 juin de son meeting à la Mutualité, et le Front National de Le Pen, fondé en 1972 (Fiévet, 1999). Dans ce contexte a lieu « l’été sanglant » (Hajjat, 2005). Cette vague de haine touche surtout le Midi : le « triangle brun » de Nice-Cannes-Grasse avec les « ratonnades » du 12 juin dans cette dernière (Abdallah, 2015) ; Marseille, où le meurtre d’un conducteur de bus par un ressortissant Algérien, avec des problèmes de santé mentale, engendre un « déchainement de haine anti-arabe » 5 qui fera sept morts.
Si l’année 1973 voit une explosion d’actes racistes, elle est aussi marquée par des mobilisations d’immigrés contre le racisme (Gastaut, 2005). Le mouvement arrive à son apogée avec la grève générale contre le racisme à l’initiative du MTA, fondé en 1972. Démarré spontanément fin aout à Marseille dans les usines de la Ciotat, le mouvement va se répandre dans toute la France (Hajjat, 2005).
La mobilisation dans les foyers
Le répertoire d’action des luttes pour le logement
Les mobilisations autour de la question du logement ont accompagné le mouvement ouvrier naissant dès le XIXème siècle. Particulièrement l’abstention dans le paiement du loyer est une forme de lutte qui a été pratiqué à plusieurs moment, à plusieurs endroits : New York en 1839 et en 1907, Glasgow en 1919, Veracruz en 1922 (Hmed, 2020) puis Barcelone en 1931 6 . Nous retrouvons en France l’exemple des « déménagement de la cloche de bois », consistant à partir avant le terme en ne réglant pas le loyer, et politisés par les anarchistes au début du XXème siècle (Péchu, 2010).
Les résidents mobilisés des foyers Sonacotra mettent en pratique ce « mode d’action risqué» (Hmed, 2020) qui les exposent à une répression importante, mais arrivent tout de même à recruter, parmi les résidents de toute la France, un nombre conséquent de grévistes.
La lutte dans les foyers-hôtel pour travailleurs immigrés
Les mouvements de contestation à l’intérieur des foyers pour travailleurs immigrés apparaissent d’abord dans des structures d’accueil associatives et privées qui ne sont pas liées à la Sonacotra (Galano, 2002). Après une série de mobilisations mineures, une première mobilisation unitaire a lieu en mars 1972, en impliquant sept foyers ( AFRP, Assotraf et Soundiata) pour un total de trois mille résidents mobilisés. Ils restent néanmoins des surgissements plus ou moins éphémères qui obtiennent des petites avancées par ci et par là, mais ne se fédèrent pas autour d’une plate-forme unique (Fiévet, 1999). Les foyers AFRP et ADEF vont par la suite rejoindre le comité de coordination issu des résidences Sonacotra (ibid.).
La lutte des « sonacos »
Chez Sonacotra aussi la mobilisation est d’abord sporadique, coïncidant avec les hausses bisannuelles de loyer. En 1974 c’est au foyer des Grésillons à Gennevilliers que débute une grève. Ensuite c’est le tour de celui de Romain-Rolland à Saint-Denis, au début de 1975. C’est dans ce dernier que va naitre l’idée d’une coalition entre différentes résidence mobilisées, sur la base d’une plate-forme revendicative unique. Celle-ci est formulée le 21 septembre 1975, sous forme de manifeste 7 . La mobilisation, enclenchée par les augmentations incessantes des loyers, qui s’élève à 50% en quatre ans (Fields, 1982), soulèvent aussi d’autres enjeux, explicités dans la plate-forme. Les structures sont qualifiées de « foyers-prisons » en raison des stricts règlements intérieurs, qui empêchent les visites des personnes extérieures mais aussi les réunions entre résidents. La suppression de ces règlements doit s’accompagner, pour les rédacteurs du manifeste, du renvoi des directeurs de foyers, renommés « gérants » (Galano, 2002) et accusés d’être « racistes et provocateurs ». La question du statut est soulevée également : en effet les travailleurs immigrés logés dans les foyers, sont des « résidents » et ne jouissent pas des mêmes droits que les locataires. Enfin, le Comité de Coordination des Foyers Sonacotra 8 est établi comme seul organe représentatif des résidents en lutte dans la négociation avec la Sonacotra. Originellement écrit avec un langage et des références du mouvement ouvrier (« bourgeoise », « capitalistes »), sous influence du MTA, ce manifeste va être simplifié dans les années qui suivent. À partir de 1976, le CCFS se structure et organise des élections de délégués pour chaque foyer et en renvoyant les délégués qui négocient individuellement (Fields, 1982).
La mobilisation prend de l’ampleur en passant de 27 résidences en grève de loyer en septembre 1975 à 50 résidence en avril 1976, pour un total de vingt-mille résidents qui cessent les paiements dans toute la France (Fiévet, 1999). La réaction étatique passe d’abord par une criminalisation du mouvement, avec l’arrestation et déportation des leaders le 16 avril 1976, ensuite déclarée illégale par le Conseil d’État, et puis par une campagne de diffamation (Fields, 1982). Ces tentatives n’atteignent pas leur objectif, car le mouvement ne cesse de se propager, en touchant 100 résidences à la fin de 1978. Mais la répression s’intensifie, avec des raids policiers dans les foyers de plus en plus fréquents. Le déclin du mouvement est marqué par la victoire de la Sonacotra au Tribunal de Pontoise du 4 avril 1979, qui ordonne l’expulsion des résidents du foyer de Garge-lès-Gonesses, exécutée par 400 policiers le 22 juin suivant. Le CCFS répond avec un campement devant la structure qui va durer plusieurs mois.
Une mobilisation anticoloniale en Métropole ?
Le deuxième après-guerre en France est marqué par les luttes de libération nationale qui défont son empire colonial. Avec l’afflux de travailleurs, provenant d’anciennes colonies, dans l’Hexagone, un certain nombre d’éléments de l’administration coloniale sont réutilisés. Parallèlement, ces travailleurs importent leur militantisme anticolonial avec ses pratiques et n’arrivent pas à trouver une place dans les organisations ouvrières françaises.
Genèse et gestion des foyers Sonacotra
La naissance de la SEM
La Toussaint Rouge de 1954 marque le début de la lutte anticoloniale algérienne du FLN avec les premiers attentats. C’est seulement deux ans plus tard, en 1956, que voit le jour la société d’économie mixte (SEM) Sonacotral 9 .
La genèse ministérielle de ce projet est intéressante car elle révèle la fonction de « contrôle et éducation » des foyers. Si les ministères du Travail et de la Sécurité Sociale proposent une simple fédération des associations gestionnaires de foyers pour travailleurs immigrés, c’est le ministère de l’Intérieur qui impose une centralisation du dispositif d’hébergement (Hmed, 2014). La victoire de « la “logique du contrôle” sur la logique assimilatrice » 10 doit être toute de même nuancée. En effet, à la création de la Sonacotral nous retrouvons deux âmes distinctes, à savoir celle du catholicisme sociale, représentée par Claudius Petit 11 , et celle policière, représentée par Jean Vaujour 12 . Les « prétentions éducatives et pédagogiques » (Hmed, 2006, p. 17) catholiques sociales vont de pair avec l’encadrement policier.
La gestion des foyers
L’héritage colonial ne se manifeste pas uniquement aux niveaux supérieurs de la SONACOTRAL, mais aussi dans l’embauche de directeurs et gérants de foyers. Cela se traduit par une « importation de pratiques et catégories coloniales » (Hmed, 2014): en effet, c’est parmi des anciens sous-officiers des armées coloniales qu’une grande partie des gérants des foyers sont recrutés, à la hauteur de 143 directeurs sur 151 totaux en 1972 (Hmed, 2006).
La gestion des populations des foyers peut être défini comme du « paternalisme autoritaire » 13 : c’est la suite rationnelle de l’hybridation des raisonnements à l’origine de l’institution, à savoir le catholicisme social et la guerre anti-insurrectionnelle. En effet éducation et surveillance semble être intimement liées dans les récits d’anciens directeurs de foyers (ibid.) ; pour garantir le contrôle de cette masse d’hommes immigrés célibataires un encadrement total de leur vie est nécessaire. Nous retrouvons alors des cours d’alphabétisation et des activités culturelles (bibliothèques, projections de films) mais aussi de l’aide pour ceux qui se retrouvent au chômage pour retrouver un travail : en somme, le but c’est un apprentissage des « règles de savoir-vivre occidentales » 14 .
L’héritage anticolonial dans une lutte de l’immigration
Les parcours biographiques et l’esprit anticolonial
L’expérience coloniale et surtout des guerres décoloniales ne marque pas exclusivement l’institution et ses employé. Au contraire, la « survivance de l’ère coloniale » 15 est dénoncée continuellement pendant la mobilisation, comme nous l’avons pu voir dans les premières revendications contre les « foyers-prisons » et les « gérants racistes ».
L’implication et le protagonisme de certains résidents peuvent donc s’expliquer en partie par leurs parcours biographiques. Nous pouvons citer à titre d’exemple l’engagement dans le FLN algérien d’un résident devenu un des leaders du mouvement (Hmed, 2007). Même dans les cas où il n’y a pas eu une véritable expérience dans des organisations structurées de lutte pour la libération nationale, nous retrouvons, dans le parcours biographique, la participation à des mouvements contre l’influence française et en soutien à des luttes anticoloniales (Mangeot et al., 2001).
Tout comme dans le cas des sous-officiers des armées coloniales reconverties en directeurs de foyers, le militantisme dans les pays d’origine est réutilisé à l’arrivée en France. Le capital militant anticolonial de certains résidents est donc mis à disposition de la mobilisation contre la Sonacotra ; celui-ci imprime une marque spécifique aux formes d’organisation du mouvement. Le CCFS se structure en effet sur un modèle calqué sur le FLN algérien et se dote de différentes commissions et d’un bureau de six membres (Hmed, 2007).
Lutter en dehors de l’usine
Protagonistes des luttes à l’usine au début des années 1970 et moteur d’un renouvellement des modes de mobilisation à l’intérieur de celle-ci, les immigrés se retrouvent souvent mis de côté dans l’histoire des luttes ouvrières (Pitti, 2001) : l’usine devient « l’un des lieux d’études des « luttes de l’immigration » 16 . Influencé par le maoïsme, pour le groupe dirigeant de la mobilisation dans les foyers Sonacotra, c’est-à-dire le CCFS, il n’y a pas de doute : il s’agit d’une lutte ouvrière au même temps qu’une lutte anticoloniale (Hmed, 2007).
Nous pouvons néanmoins questionner l’émergence de cette autonomie des immigrés à l’extérieure de l’usine. En effet, pour Fields, la condition immigrés dans l’industrie française ne leur laisse pas d’espoir d’amélioration (Fields, 1982). Le système de classification qui régit les politiques salariales à l’époque, notamment dans les usines de la métallurgie, est discriminatoire (« à la tête du client » 17 ) envers les immigrés, encore plus si extra-européens. Au même temps les syndicats ne revendiquent pas une remise en question totale du système de classifications et tardent à s’ouvrir à la question de l’immigration (Pitti, 2001). Nous pouvons ajouter à cela le fait que, à l’époque, les délégués syndicaux devaient être de nationalité française (Fields, 1982).
Se mobiliser à l’extérieur de l’usine est donc une façon d’échapper à l’hégémonie des institutions ouvrières nationales et d’affirmer des revendications propres à la condition d’immigrés.
Un nouveau sujet révolutionnaire pour l’ultra-gauche ?
Les luttes menées par les immigrés attirent l’attention des groupes d’ultra-gauche, dans les usines mais aussi dans les foyers. Leur opposition aux organisations traditionnelles du mouvement ouvrier, en premier lieu PCF et CGT, se joue également dans l’appui à la mobilisation des résidents de la Sonacotra. En quête d’un nouveau sujet de référence dans la classe ouvrière, les groupes d’ultra-gauche donnent un soutien matériel mais livrent aussi des analyses sur la grève des loyers et sur la question de l’immigration en générale
Partis, syndicats et groupes d’ultra-gauche
Oppositions et tentatives de récupération
L’organisation politique des travailleurs par excellence demeurent le PCF sur la voie de l’eurocommunisme. Celui-ci voit de mauvaise œil tout mouvement indépendant comme la mobilisation de Mai 1968 et la grève des loyers des résidents Sonacotra ne fait pas exception. Pris dans une espèce de « prophétie auto-réalisatrice » 18 , pour le PCF, la mobilisation ne peut pas marcher alors elle ne doit pas marcher (Fields, 1982).
Dès les début le PCF s’organise pour créer une coordination des foyers sous son égide, et refuse de reconnaitre le CCFS. Attaqués durement par ce dernier 19 , les communistes se retirent de la mobilisation. Ils reviennent à la charge en 1979 à travers les municipalités qu’ils contrôlent, en négociant foyer par foyer des accords à la baisse sur tous les points du cahier revendicatif (Fields, 1982). Cette initiative est prise avec le soutien du gouvernement algérien, soucieux de pacification en vue des renégociation des accords bilatéraux avec la France (ibid.). En effet, Boumédiène et les siens agissent en France à travers l’Amicale des algériens, proche du PCF et qui souhaite s’imposer comme seul représentant de leurs ressortissants.
Du côté syndical, nous avons vu comment la CGT souffre d’un retard d’organisation sur la question de l’immigration. Tout en étant plus représentatif dans les secteurs à forte présence d’étranger, la CGT organise toujours des commissions par nationalité, en niant une condition générale de l’immigration (Pitti, 2004). De ce point de vue, une ouverture est à chercher du côté CFDT, qui crée en 1978 une commission immigration. Celle-ci est un signal de la rupture de l’accord pour une action commune avec la CGT, signé en 1972, suivant le projet politique de la gauche unie.
Les « soutiens » et les « opportunistes »
Depuis 1972, la gauche s’était unie avec le Programme Commun de la Gauche (PCG), qui prévoyait une candidature unique aux élections, comme ce fut le cas pour celles de 1974. Signé par le PCF et le PS, cet accord s’est dégradé au fil des années, jusqu’à la rupture de 1978. Nous pouvons donc replacer dans ce contexte le positionnement des socialistes par rapport à la mobilisation chez Sonacotra. Aligné au PCF pendant les années du PCG, le PS change d’attitude au moment des élections législatives de 1978. En effet, Mitterrand reconnait le CCFS et s’engage à préserver son autonomie ; l’année suivante il se rend sur le campement des résidents expulsés à Garges-lès-Gonesse. À la suite de ces évènements le PCF accusera le PS d’opportunisme.
Au-delà du soutien politique, marqué par les intérêts électoralistes, c’est d’abord dans le milieu associatif que les résidents Sonacotra trouvent un appui matériel et logistique. Nous retrouvons notamment le Gisti et la Cimade 20 , qui impulserons et rendront possibles les recours au droit et la mise en place de contre-expertise (Hmed, 2007).
Enfin nous retrouvons les groupes d’extrême-gauche, que le PCF accusera de piloter la mobilisation à travers le CCFS. Les tendances idéologiques les plus représentées sont les trotskistes et les maoïstes, avec d’un côté la Ligue Communiste Révolutionnaire et Lutte Ouvrière, et de l’autre l’Union des Communistes de France Marxiste-Léniniste, frange scissionniste du PSU (Fields, 1982). Ces groupes, avec d’autres moins connus et plus informels, vont socialiser les « sonacos » à des modes d’action qu’ils ont pu expérimenter et consolider depuis 1968, en complétant le capital militant anticolonial préexistant des travailleurs immigrés (Hmed, 2007). Ils situent la lutte dans un projet plus large de lutte anti-impérialiste et tiers-mondiste.
La revue Camarades
Parmi les groupuscules mineurs qui s’intéressent à la mobilisation, nous retrouvons le groupe éditant la revue Camarades de 1974 à 1977. Il trouve ses racines dans différentes expérience de Mai 68, comme les Cahiers de Mai ; il est héritier direct du groupe Matériaux pour l’intervention qui produisait la revue Stratégie du refus de 1971 à 1973.
Le regard du groupe est tourné au-delà des Alpes, en Italie, où le mouvement autonome organisé prend de l’ampleur à partir de 1973 (Balestrini et al., 2011). Les théories inspirants cette tendance d’extrême-gauche sont celles des opéraistes, tels que Toni Negri, Mario Tronti e Romano Alquati ; Camarades adhère à leurs grilles d’analyse de la société capitaliste.
La revue parait de façon irrégulière, une fois par an au début puis trimestriellement, pour un total de neuf numéros, divisés en deux séries. Les thèmes traités sont assez variés : du local à l’international, de l’analyse théorique au récit de luttes quotidiennes.
Camarades et l’ouvrier-masse immigré
Aventures de l’ouvrier-masse entre Italie et France
L’opéraisme, à ne pas confondre avec l’ouvriérisme, est un courant théorique, inspiré du marxisme, qui se développe en Italie à partir des années 1950, autour de la revue Quaderni Rossi. L’objectif de départ est celui de revitaliser l’analyse marxiste en partant de « l’étude réel de l’usine réelle » (Wright, 2022) ; l’un des outils utilisés pour accomplir cette tâche est l’enquête ouvrière.
Cette étude permet aux opéraistes d’esquisser les transformations à l’œuvre à l’intérieur de l’usine, et ce d’un point de vue privilégié qui est l’Italie de la Reconstruction et du Miracle économique. Un lent processus est en train de changer le mode de production, à partir des théories de Frederick Taylor et son organisation scientifique du travail : morcellement des taches et rationalisation des temps de production. L’avènement du modèle tayloriste en France est bien décrit dans le livre de Robert Linhart 21 , notamment dans le dernier chapitre, qui raconte l’effacement des derniers vestiges de l’ancien mode de production (Linhart, 1978).
Ces changements ont un impact sur la population ouvrière qui évolue, ainsi que ses aspirations, représentations et valeurs. Les opéraïstes vont donc théoriser la figure de l’ouvrier-masse, venue remplacer celle de l’ouvrier de métier, plus qualifié et proche de l’artisan. C’est la théorie de la composition de classe (Wright, 2022) : tout projet de dépassement du système capitaliste doit partir de l’analyse des comportements ouvriers. La composition de classe se décline en composition technique, c’est-à-dire la position dans le système productif, et en composition politique, c’est-à-dire les comportements, attitudes, désirs des ouvriers.
Dans l’Italie du deuxième après-guerre, l’ouvrier-masse est surtout présent dans le « triangle industriel » Turin-Milan-Gênes et il est souvent arrivé ici par un parcours migratoire, que ce soit bref, de la campagne aux alentours de la ville, ou d’un parcours plus long, du Midi italien non industrialisé.
De la même manière, en France, l’ouvrier-masse est symbolisé par les travailleurs immigrés, d’abord européens, puis, avec les processus de décolonisation, maghrébins et d’Afrique sub-sahariennes. La revue Camarades, dès l’éditorial de son premier numéro 22 , revendique une filiation du courant opéraiste et présente un extrait tiré de Ouvriers et capital 23 , écrit par Mario Tronti, chef de file opéraiste.
Restructuration capitaliste et mobilité : chômage et immigration
C’est bien à partir de cet extrait de Tronti, intitulé « Sur la crise » 24 , que les participants à la revue commencent à réfléchir à la question de la crise et de la restructuration capitaliste qui en découle. Pour le groupe rédacteur, la restructuration consiste dans un « passage d’un mode de croissance à un autre » 25 et la crise n’est rien d’autre que l’« organisation capitaliste de la mobilité de l’emploi » 26 , qui se déploie par le chômage et l’immigration. Elle est nécessaire à maintenir la pression sur les salaires et garantir « le cloisonnement en zones de salaires » 27 , c’est-à-dire à assurer une mise en concurrence entre travailleurs. La question du chômage est donc un thème central de la réflexion produite par le collectif ; le deuxième numéro lui est majoritairement dédié 28 .
Mais l’analyse de la crise et son déploiement ne suffit pas pour les éditeurs, car il s’agit du « point de vue du capital » 29 . Il faut enquêter le « point de vue ouvrier » 30 , pour comprendre quels sont les comportements, chez la classe ouvrière, qui vont dans la direction d’un dépassement du capitalisme. Les comportements identifiés sont ceux qui poussent la mobilisation à sortir de l’usine, en voulant « s’approprier d’un maximum de richesse sociale 31 , c’est-à-dire en refusant de payer le cout de la vie (loyer, courses, factures), par la voie de l’auto-réduction.
À partir de cela, pour le groupe « il faut privilégier une figure ouvrière bien déterminée » 32 , et elle est trouvée chez les OS immigrés, qui ont montré, notamment par les luttes menées contre les classifications salariales en 19733 33 , une volonté d’unification de la classe ouvrière. La revue porte en effet un intérêt particulier pour l’immigration en y dédiant de nombreux articles.
Camarades et la lutte chez Sonacotra
Concernant la lutte des résidents des foyers, la revue y dédie trois articles : d’abord une interview à des membres du CCFS, menée avec la Ligue Révolutionnaire Communiste 34 ; la retranscription de l’intervention des résidents du foyer Roman Rolland, lors d’un meeting, et de leur tract, daté de fin 1975 35 ; enfin la plateforme de la commission de soutien du CCFS, du 17 septembre 1976, accompagnée d’une chronologie de la lutte 36 . Également, l’éditorial du premier numéro de la deuxième série est dédié à la mobilisation et à ses significations 37 .
La mobilisation est qualifiée ici de « lutte ouvrière engagée sur le terrain social » 38 , c’est-à-dire en dehors de l’usine. Cela s’explique par le fait que les protagonistes soient des immigrés, pour lesquels « l’exploitation ne s’arrête pas à la sortie du boulot » et que « le loyer c’est du vol sur le salaire » 39 .
L’autre question pointée par la revue est celle de l’autonomie de cette lutte : l’indépendance de la CCFS vis-à-vis des organisations traditionnelles du mouvement ouvrier et immigré (PCF ; CGT et Amicale) mais aussi vis-à-vis des organisations d’extrême-gauche. En effet, les institutions ne veulent pas céder sur ce point en particulier 40 , c’est-à-dire la reconnaissance du CCFS comme interlocuteur officiel.
Conclusion
Nous avons vu comment l’immigration émerge comme question publique dans les années 1970. Celle-ci est liée au, tout récent, passé colonial de la France mais aussi au développement industriel, nécessitant une grande quantité de main d’œuvre. Les immigrés sont alors au centre de processus sociaux générant beaucoup de tension. La lutte des résidents Sonacotra s’insère dans ce cadre, en se plaçant au croisement des luttes salariales dans les usines, de celles contre le racisme et la nostalgie coloniale et de celles pour la liberté de circulation de la main d’œuvre immigrée. Cette mobilisation, pourtant largement méconnue, participe à façonner les luttes liées à l’immigration des décennies suivantes jusqu’à nos jours. La volonté d’autonomie, le recours au droit et la distinction entre les personnes « concernées » et les « soutiens » sont des catégories toujours caractéristiques des mouvements de sans-papiers d’aujourd’hui.
Nous avons remarqué comment la grève des loyers chez Sonacotra contribue aussi à façonner l’ultra-gauche en voie de développement. Avec un faible pouvoir d’intervention dans les mobilisations au sein grandes concentrations ouvrières, une mobilisation, qui refuse d’elle-même les présences syndicales et partisanes, est l’occasion parfaite pour plusieurs groupes pour s’expérimenter sur le terrain.
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Sources
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- Camarades, n°2/3 (avril-mai 1975).
- « De la grève des loyers dans les foyers Sonacotra à la lutte des femmes immigrées pour le salaire ménager », Camarades, nouvelle série, no 1 (mai 1976).
- « Sur la violence », Camarades, nouvelle série, n°3 (automne 1976).
Alan Galbraith,
M1 Parcours Histoire et Sciences Sociales du Politique
Sous la direction de Ingrid Hayes
- Ouvrier Spécialisé [↩]
- https://archon.library.illinois.edu/archives/?p=creators/creator&id=2147 (consulté le 05/04/2025) [↩]
- http://www.copaf.ouvaton.org/hismenu.html (consulté le 27/03/2025) [↩]
- https://www.infolibertaire.net/1973-1981-la-greve-des-loyers-dans-les-foyers-sonacotra/ (consulté le 19/03/2025) [↩]
- Pag. 37, Hajjat, Abdellali. « Le MTA et la « grève générale » contre le racisme de 1973 »: Plein droit n° 67, no 4 (1 décembre 2005): 3540. https://doi.org/10.3917/pld.067.0035. [↩]
- Pour un histoire des grèves de loyers, voir la brochure éditée par la CNT-AIT, publiée sur leur site : https://cnt-ait.info/2020/04/25/greve-loyers/ (consulté le 21/02/2025). [↩]
- Le « projet de plate-forme du CCFS présenté par les délégués du foyer Romain-Rolland de Saint-Denis » est reproduit intégralement dans Fievet,1999, à la page 96. [↩]
- À partir de maintenant CCFS [↩]
- Société Nationale de Construction de logements pour les Travailleurs Algériens. À l’indépendance algérienne, la société est rebaptisée SONACOTRA, puis ADOMA en 2007. [↩]
- Pag.15, Hmed, Choukri. « “Tenir ses hommes”. La gestion des étrangers “isolés” dans les foyers Sonacotra après la guerre d’Algérie ». Politix 19, no 76 (2006). [↩]
- Ancien Ministre de la Reconstruction et de l’Urbanisme, il s’est rendu en Algérie pendant la Resistance en tant que délégué, où il a pu acquérir des « savoirs-faires architecturaux » (Hmed, 2014). [↩]
- Ancien Directeur de la Sécurité Générale en Algérie, il a coordonné les opérations de police et des renseignements de l’administration coloniale, il est donc un expert des pratiques contre-insurrectionnelles mises au point afin de contrer l’action du FLN [↩]
- Pag.24, ibid. [↩]
- Pag. 27, ibid. [↩]
- Pag.15, ibid. [↩]
- Pag. 472, Pitti, Laure. « Grèves ouvrières versus luttes de l’immigration : une controverse entre historiens: » Ethnologie française Vol. 31, no 3 (1 septembre 2001): 46576. https://doi.org/10.3917/ethn.013.0465. [↩]
- Pag. 24, Linhart, Robert. L’établi. Documents. Paris: Éditions de Minuit, 1978. [↩]
- En anglais “self-fulfilling prophesies”. Pag. 109. Fields, Belden. « The Battle of SONACOTRA: A Study of an Immigrant Worker Struggle in France∗ ». New Political Science 3, no 12 (juin 1982): 93112. [↩]
- Bulletin d’information n°1, Foyers Sonacotra en lutte. [↩]
- Groupe d’information et de soutien des immigrés ; Comité inter-mouvements auprès des évacués. [↩]
- Dans son livre L’établi, Linhart raconte son expérience dans l’usine Citroën de Choisy. Membre de la Gauche Prolétarienne, il participe au mouvement de l’ «établissement », propre au mouvement maoïste, qui amène des jeunes étudiants à travailler dans les usines ou à s’installer à la campagne pour être au plus proche de la classe ouvrière et paysanne Pour une histoire du mouvement d’établissement, voir Dressen, Marnix. De l’amphi à l’établi: les étudiants maoïstes à l’usine (1967-1989). Histoire et société, Temps présents. Paris: Belin, 1999. [↩]
- Camarades, no 1 (mai 1974). [↩]
- Tronti, Mario. Ouvriers et capital. Rupture. Paris: Entremonde, 2016. [↩]
- Mario Tronti, « Sur la crise», Camarades, n°1 (mai 1974), p. 10-16. [↩]
- « Luttes, conjoncture et organisation », Camarades, n°1 (mai 1974), p. 1-8. [↩]
- « Mobilité de l’emploi », Camarades, n°2/3 (avril-mai 1975), p. 29-39. [↩]
- Ibid., p. 33 [↩]
- « Chômage. Lutte sur le chômage », Camarades, n°2/3 (avril-mai 1975), p. 17-25 ; Ferruccio Gambino, « U-S-A. Contrôler les prolétaires, les transformer en pauvres», Camarades, n°2/3 (avril-mai 1975), p. 11-17 ; « G.B. Interview à un camarade des Claimant’s Unions », Camarades, n°2/3 (avril-mai 1975), p. 52-62, « Syndicat. Syndicats, partis, extrême-gauche et chômage », ; Camarades, n°2/3 (avril-mai 1975), p. 64-69 [↩]
- « Luttes, conjoncture et organisation », Camarades, n°1 (mai 1974), p. 1-8 [↩]
- Ibid. [↩]
- Ibid [↩]
- Ibid . [↩]
- Voir infra p.3. [↩]
- « De la grève des loyers dans les foyers Sonacotra à la lutte des femmes immigrées pour le salaire ménager » Camarades, nouvelle série, no 1 (mai 1976). [↩]
- Ibid . [↩]
- « Sur la violence » Camarades, nouvelle série, n°3 (automne 1976). [↩]
- « Éditorial » Camarades, nouvelle série, no 1 (mai 1976). [↩]
- Ibid., p.1. [↩]
- Ibid . [↩]
- Ibid . [↩]
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
mariesacareau (26 juin 2025). Alan Galbraith. La grève des loyers dans les foyers SONACOTRA (1973-1979), Une mobilisation d’immigrés dans les années 68. Master Histoire de Nanterre. Consulté le 15 juillet 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/1483y
Cher carnetier,
Nous avons particulièrement apprécié votre billet. Pour que la communauté puisse plus aisément le découvrir, nous avons décidé de le mettre en Une du portail fr.hypotheses.org.
Bien cordialement,
L’équipe d’Hypothèses