L’extraordinaire statuette en grès de cheval agenouillé, 26 cm de long, découverte en 1961, à l’abri Duruthy de Sorde-l’Abbaye dans les Landes 1 , représentée ci-dessus 2 constitue le plus grand objet d’art du mobilier paléolithique du Magdalénien connu 3 . Elle surclasse ces figurations d’équidés des stations magdaléniennes des pays de l’Adour. D’autres chevaux de l’art pariétal paléolithique ornent des grottes du Sud de la France et de l’Espagne pyrénéenne et atlantique. Ces importants chefs-d’œuvre sculptés ou peints s’offrent aux amateurs d’art. Les figurations équines restent en bonne place dans cet ensemble. Quel peut-être le sens de cette imagerie des temps préhistoriques? Cette petite revue de littérature ne pouvant qu’ébaucher des réponses, veut surtout illustrer des approches adaptées à ces temps reculés hors de l’Histoire. Une invitation à une découverte d’un patrimoine et de sites que les historiens, les amateurs d’art et de chevaux ne sauraient ignorer.
Jacques Omnes 4 a livré une synthèse des travaux sur l’iconographie des chevaux préhistoriques du Sud-Ouest de la France dans une communication à l’occasion de l’exposition « Les pays de l’Adour, royaume du cheval ». Il confirme au travers « des caractères morphologiques de détail des chevaux figurés, l’allure générale de ces équidés du Magdalénien moyen ».
Leur silhouette générale est celle d’un équidé robuste, parfois proche d’un poney, assez court sur pattes, à la tête et à l’encolure fortes, et à la croupe large. La crinière est toujours en cimier ; la queue peu abondante est longue. Sur certains dessins, les poils de fanon sont abondants et dessinés avec application ; la barbe est fournie. Le pelage clair et duveteux du ventre est rendu par des grattages ou un coloriage. […] La plupart des caractères anciens (allure de poney, cimier, zébrures, marques d’épaule,…) se retrouvent aujourd’hui dans des petits chevaux sauvages comme le Pottok, le Poney de mérens, le Tarpan des Forêts, le Tarpan des Steppes, ou le Cheval de Prezewalski. 5
La représentation de ce dernier dans l’art pariétal occidental peut être contestée en raison de son improbable côtoiement des hommes du paléolithique de nos régions. Ce qui n’enlève pas des traits de ressemblance morphologique communs aux poneys de l’époque soulignés par J.Omnes.
L’art pariétal paléolithique animalier, le plus souvent stylisé, s’inspirait des petits chevaux hirsutes et ronds, aux robes baies et brunes, parfois pommelées, représentés immobiles ou dans les allures vives du « cheval volant », antérieurs en avant et postérieurs en arrière, et non selon la réalité décomposée des mouvements de galop en trois temps. Ces galopeurs, représentés au fond des cavernes, offriront, des millénaires plus tard, les montures de rêve pour les raids des peuples cavaliers.
On les retrouve en grand nombre – sans doute le tiers des représentations – dans le bestiaire des parois des grottes ornées de Chauvet en Ardèche (autour de 35000 ans avant le présent), Lascaux ou Altamira (autour de 17000 ans avant le présent). Ces trois sites les plus célèbres s’inscrivent dans un ensemble bien plus vaste où ils croisent les bisons, les aurochs, les mammouths, les rennes, les cerfs, les bouquetins, quelquefois les rhinocéros laineux, les ours, les lions des cavernes parmi beaucoup d’autres espèces, les plus petites, oiseaux, lapins, lièvres, poissons étant peu représentées selon les études de Jean Clottes, conservateur honoraire du Patrimoine et expert international de l’art rupestre.
Les chevaux pommelés comme des appaloosas et aux petites têtes d’arabes de la grotte Chauvet
Pour John Fairley 6 dans son bel ouvrage « Chevaux » sur l’anthologie de l’art hippique de la préhistoire au XXe siècle, « la plus spectaculaire de ces galeries souterraines est sans doute la grotte Chauvet, découverte en 1994 à Vallon-Pont d’Arc près d’Avignon».
Elle contient des centaines de peintures rupestres […] Parmi les images les plus frappantes, on dénombre quantité de chevaux, quelques-uns pommelés comme des appaloosas, d’autres – des juments – avec le ventre levretté des animaux vieillissants ou trop nourris dans les pâturages d’été, et enfin certains dont les petites têtes rappellent les chevaux arabes. Mais tous ont été dessinés d’un trait ferme et souvent agrémentés de couleurs saisissantes. Quel que soit la motivation qui a poussé ces hommes, il y a vingt ou trente millénaires, à s’enfoncer dans ces grottes pour y célébrer le culte du cheval, il est clair que dès les temps les plus primitifs, l’homme a toujours ressenti un profond besoin de représenter ces animaux qui couraient alors sur la terre gelée.
Ces peintures et gravures ne se retrouvent jamais entourées d’une représentation de leur environnement naturel (végétal ou minéral) et sont réputées pour leurs qualités artistiques bien que réalisées dans les endroits souvent difficilement accessibles aux profanes. On ne connaitra sans doute jamais la véritable motivation de ces artistes inspirés et accomplis.
Pourquoi ces figures du cheval dans l’art préhistorique ?
Le cheval de Niaux (près de Tarascon sur Ariège) se trouve dans le grand salon noir à près de sept cents mètres sous terre, accessible dans d’étroits passages après s’être faufilé sous les stalactites et les lacs souterrains. Mais Jean Clottes, dans les années 1970, directeur des Antiquités préhistoriques de la région Midi-Pyrénées, découvrit en fait l’existence d’une autre entrée colmatée depuis. On peut ainsi relativiser les considérations trop rapides sur l’exercice de l’art en des lieux systématiquement inaccessibles quand par ailleurs on peut trouver des représentations, gravées ou sculptées en grand nombre, sur du mobilier et beaucoup plus exceptionnellement des œuvres pariétales à l’entrée de cavernes (du fait notamment de l’exposition à leur destruction par le temps). Avec peut-être, dans ces cas, une volonté pédagogique de transmission ou d’initiation des plus jeunes à cet art.
Les hypothèses de rites d’envoûtement ont fait long feu et les traits non décryptables qui peuvent accompagner les animaux ne sauraient s’identifier à des flèches. Le mobilier adopte aussi les figures du cheval dans l’ornementation des armes, des outils ou des objets d’art ou de décoration. Jean Clottes 7 dans son questionnement « Pourquoi l’art préhistorique ? », incline à une recherche de motivation de type chamanique 8 , laquelle n’est pas exclusive d’un culte totémique, avec la recherche certaine d’une qualité esthétique que l’on retrouve du début (grotte Chauvet) à la fin (Niaux), la magie de la chasse ayant, par ailleurs, sa place dans le chamanisme ! Quand on voudrait opposer les mythes – la liaison intime des représentations pariétales aux mythes pouvant rendre compte de la cohérence interne de l’art pariétal – à l’hypothèse chamanique, Jean Clottes conçoit bien cette appartenance des mythes aux croyances chamaniques mais ne veut pas réduire cet art à leurs simples représentations. Celles-ci restent il est vrai trop confidentielles (réalisées dans des recoins, en petits nombres avec une faible fréquentation des cavités) pour participer de la diffusion des mythes auprès des contemporains des artistes chamanes. Quant aux explications de type structuraliste – notamment chez André Leroi-Gourhan 9 , lui-même homme de cheval par ailleurs -, elles restent pertinentes pour expliquer le « comment » dans la répartition des animaux 10 et des signes et non le « pourquoi » sans être incompatibles, toujours selon Jean-Clottes, « avec une conception chamanique de l’univers et les mises en œuvre, forcément structurées, qu’elle implique ». Dans l’art paléolithique, les animaux « incarnaient les esprits régissant les forces de l’univers, c’était d’eux dont on dépendait non seulement physiquement, pour la nourriture et la survie, mais – et peut être-surtout – spirituellement, pour assurer la santé, l’équilibre et l’harmonie de la vie sous tous ses aspects ».
Nombre d’ouvrages sur les races de petits chevaux voient en ces chefs d’œuvre, avec quelques raccourcis peut être trop simplistes, leurs ascendants directs : il en est ainsi pour les chantres du mérens ou du pottock, ces chevaux montagnards, cousins germains du landais, aux pieds sûrs et bien accrochés aux sols rocheux des Pyrénées occidentales ou méridionales, territoires riches en patrimoine paléolithique !
L’illusion du reflet de nos races équines locales dans l’art paléolithique
Le Pays basque écrit Elie Durel dans son livre « Pottock l’Esprit basque 11 », est également riche en sites archéologiques.
L’un des plus fournis est celui des grottes d’Isturitz à Saint-Martin-d’Arberoue. Outre de multiples ossements de proies dépecées, de nombreuses œuvres d’art de la période magdalénienne sont inspirées de la vénération des artistes pour les animaux. Le sujet prédominant des gravures retrouvées sur des lamelles osseuses est la tête du cheval, la proie favorite des chasseurs. […] Dans ces représentations, on reconnait la physionomie d’un cheval de petite taille, à la tête plutôt volumineuse, à profil droit légèrement concave au niveau des yeux, aux naseaux ouverts et à la lèvre inférieure petite, aux longs poils abondants sous les ganaches et sur l’auge : le portrait du pottok 12 .
A l’entrée du berceau de la race chevaline ariègeoise mérens, dans les massifs calcaires qui entourent le bassin de Tarascon, on trouve une concentration de nombreuses grottes préhistoriques. Michel Vidal Saint-André les évoque dans son fabuleux livre « Le Mérens prince noir d’Ariège » réédité par les soins d’Anne Brenon.
Sur les parois de la plus connue d’entre elles, celle de Niaux, dans la vallée de Vicdessos, sont peints au trait noir des têtes, des avant-mains et des corps entiers de petits chevaux très près de terre, à la crinière rase, au profil droit ou concave et au fanon bien fourni. La place qu’ils occupent dans le bestiaire de la grotte donne à penser que les tribus magdaléniennes vivant dans la région, il y a quelques 15000 ans, avaient des raisons particulières de s’intéresser à eux, en même temps qu’aux bouquetins et aux bisons qui ont partagé leur longue nuit pariétale. […] On comprend que la tentation ait été grande, quelques millénaires plus tard, d’ériger le salon noir de Niaux, la salle où sont conservés la plupart des peintures, en galerie des ancêtres du petit cheval noir de l’Ariège.
Depuis les années 70, la thèse d’une origine endogène et préhistorique de la race est trop rapidement affirmée. « La présomption d’indigénat présente malheureusement un inconvénient : elle ne cadre pas avec les idées actuellement en cours sur la domestication de l’espèce chevaline. » conclue ainsi le fin lettré Michel Vidal Saint-André 13 .
Le docteur Soulé énonce prudemment dans sa brochure sur les poneys barthais 14 que « certains auteurs admettent qu’ils sont représentés sur la fresque des petits chevaux des grottes de Lascaux et d’Altamira ». Filiation pour le moins discutable selon nous !
« L’extraordinaire statuette en grès de cheval agenouillé » de l’abri Duruthy à Sorde-l’Abbaye :
Nous devons évoquer les recherches de Jacques Sargos 15 sur l’origine du landais qu’il fait remonter très haut dans le temps d’après les spécialistes :
Se basant sur des découvertes archéologiques, crânes de chevaux, dessins ou gravures sur des objets divers, Piètrement a émis l’opinion que cette race chevaline était arrivée en Europe occidentale à l’époque de la pierre polie et Sanson a estimé qu’à ce moment-là… elle était déjà parvenue sur le territoire qui constitue aujourd’hui la partie Sud-Ouest de la France.
Mais bien avant le néolithique, la dame de Brassempouy aurait-elle précédé notre poney indigène dans cette Chalosse préhistorique des magdaléniens de l’abri Duruthy ou de la grotte du Pape?
Pour les préhistoriens de l’art 16 , les classifications basées sur les figurations débouchent sur des désaccords et parfois des contradictions. Disons tout de suite qu’il peut être hasardeux de vouloir essayer de dégager des sous-espèces, des types d’équidés, parfois même des espèces, à la vue de toutes les œuvres mobilières ou pariétales. Si certaines sont des chefs-d’œuvre de naturalisme, d’autres, selon le talent et le style du dessinateur, la nature, la taille du support et d’autres conditions, ne doivent pas être toujours considérées comme des reproductions objectives d’animaux préhistoriques.
Dans cet article sur « Les chevaux préhistoriques à travers l’iconographie des Pyrénées-Occidentales », Jacques Omnes signale des figurations d’équidés dans l’art mobilier des stations magdaléniennes des pays de l’Adour, celle des Landes notamment : l’abri Duruthy à Sorde-l’Abbaye avec « l’extraordinaire statuette en grès de cheval agenouillé (26 cm de long) que Robert Arambourou a eu le bonheur de découvrir dans le magdalénien IV de Duruthy 17 ».
Jean-Claude Merlet qui fut plus tard le collaborateur de son assistante dans les fouilles de la falaise du Pastou confiait récemment, à titre anecdotique à notre petit groupe d’auditeurs, avoir questionné l’inventeur sur le vécu de ce grand moment de la découverte du cheval à genoux. Le gamin de la ferme d’à côté, arrivé en voisin, s’exclame en voyant un « chibau 18 » sous la pierre. Robert Arambourou, par nature peu enclin à extérioriser ses sentiments, goûte sans doute son plaisir intérieur. Impossible de sauter au plafond dans cet abri exigu relève avec humour Jean-Claude Merlet qui salue le professionnalisme du préhistorien, semblant maître de ses émotions, aidé par un naturel un peu introverti.
Pour revenir à l’essentiel, ce site contenait aussi deux petites têtes de cheval. Selon Laurent, il s’agit dans les trois cas du Cheval de Solutré, « Equus caballus gallicus, animal de petite taille – 1,35 à 1,45 m au garrot – à tête courte et volumineuse, à encolure large, aux membres massifs ». Paul G.Bahn 19 , à qui nous empruntons les descriptions suivantes des chevaux de l’abri Duruthy, est l’auteur de l’article « Homme et Cheval dans le quaternaire des Pays de l’Adour » qui fait suite à celui de J.Omnes.
« En 1961 la couche 4 (magdalénien IV) a livré à R.Arambourou trois sculptures en ronde bosse : d’abord une statuette en grès d’un cheval agenouillé, le plus grand objet d’art du mobilier paléolithique connu, 264mm de long. Il reposait tout contre deux crânes de chevaux et sur des « fragments de mâchoire de cheval, la partie antérieure avec les incisives, 6 en tout, serrés les uns contre les autres. Deux d’entre eux étaient superposés et formaient une sorte de coffret à l’intérieur duquel se trouvaient deux pré-molaires de loup perforées d’un trou de suspension» […] et un couteau “ façonné dans un morceau de cuirasse ferrallitique ” (Arambourou 1978). Au même endroit ont été trouvés deux magnifiques pendentifs sculptés en tête de cheval, l’un en marne calcaire, l’autre en ivoire.».
L’auteur évoque d’autres découvertes sensationnelles récentes dans la grotte magdalénienne d’Erberua (réseau inférieur d’Isturitz) dont celle de trois plaquages d’argile sculptés représentant des chevaux et des dents de cheval placées dans un foyer constitué de pierres disposées circulairement et plus loin une autre dent au centre d’un foyer.
Ces indices nous permettent donc de penser que les mâchoires et les dents de cheval ont pu avoir une signification rituelle qui nous échappe, mais qui les associait régulièrement aux foyers magdaléniens. Pour R. Arambourou, signale Bahn, la présence de ces trois sculptures dans un espace restreint, parmi des crânes et des mâchoires de cheval, font penser à une sorte de sanctuaire sur la terrasse supérieure du gisement. Arambourou se demande si le cheval n’a pas pu être à cette époque la « divinité éponyme » des occupants. Plus récemment, en 1979, il a trouvé tout près de l’emplacement des autres une autre tête de cheval, en hématite cette fois, et perforée de nombreux trous (Arambourou 1980). Ceci servirait à souligner le rassemblement extraordinaire d’objets chevalins dans cet espace restreint. Nous commençons donc à comprendre que le cheval a été encore plus important que nous le croyions, et cela non seulement sur le plan artistique et rituel mais aussi dans la vie économique des hommes paléolithiques 20 .
Un sanctuaire landais du cheval dans les temps préhistoriques ?
La grotte du pape à Brassempouy a pour sa part livré cinq figurations stylisées de chevaux sur mobilier décrites par Jacques Omnes,
Ces petits objets trouvés dans les sites des pays de l’Adour, semblent faire partie des effets personnels du chasseur leptolithique. […] Ces représentations de chevaux des Hautes-Pyrénées, Pyrénées-Atlantiques et Landes sont réalisées en gravure, en champlevé, en sculpture demi-bosse ou ronde bosse, sur des objets utilitaires en bois de renne ou en os, comme des bâtons percés, des propulseurs, des baguettes demi-rondes. Il peut s’agir également d’œuvres libres, non assujetties à un support utilitaire, sur des esquisses osseuses, des plaquettes de pierre, des galets ou des blocs 21 .
Le résumé de l’article « Les mandibules de cheval de l’abri Duruthy de Sorde-l’Abbaye dans les Landes : contexte archéologique et mise en perspective ontologique au sein du Magdalénien des Pyrénées » – écrit par Clément Birouste, François-Xavier Chauvière, Frédéric Plassard et Morgane Dachary 22 – incite à la lecture de l’ensemble:
Les fouilles menées en 1961 par R. Arambourou dans l’abri Duruthy (Sorde-l’Abbaye, Landes ont mis au jour trois sculptures de cheval (en grès, calcaire et ivoire) attribuées au Magdalénien moyen. […] L’analyse de ces vestiges nous a permis de confirmer un intérêt soutenu pour le cheval dans le Magdalénien des Pyrénées. […] Nous soulignons l’intérêt qui est montré, à l’abri Duruthy, pour certains individus parmi les chevaux. Il nous semble également qu’une préoccupation pour la condition écologique de l’animal, comme pour sa subjectivité, sont véhiculés par les vestiges. Différents indices laissent ainsi entrevoir la conception de cette espèce dans une perspective qui pourrait se rapporter à un animisme ontologique.
Une riche table ronde rassemblant notamment Clément Birouste et Morgan Dachary (chercheurs et co-rédacteurs de l’article précité) ainsi que Jean-Claude Merlet, autre archéologue, fouilleur du site landais, et l’artiste, Claire Artemyz, le 18 septembre 2021 à l’occasion des journées du patrimoine à l’abbaye d’Arthous est venu compléter et agrémenter cette présentation. Aurélien Simonet 23 , préhistorien et archéologue au conseil départemental des Landes, a proposé à cette occasion quelques axes de réflexions autour de cet art mobilier, questionnant sa dichotomie d’avec l’art pariétal, s’interrogeant sur l’art sacré et la notion de sanctuaire tout en refusant les théories globalisantes. Nous retiendrons qu’il n’y a peut-être pas d’incompatibilité dans les représentations mentales de l’époque entre le cheval, proie potentielle pour les chasseurs, et le culte de cet animal, symbole de vie. Nous ne saurions assez recommander la lecture de cet extrait des Actes des congrès des sociétés historiques et scientifiques, 2018 et la visite de ce « trésor préhistorique».
Dans « Le cheval : monture, nourriture et figure » sous la présentation et la direction de Carole Ferret 24 , « Véra Eisenmann 25 nous livre une présentation synthétique, claire et raisonnée de l’évolution des équidés, exempte de ce sensationnalisme qui, de Dereivka à Botaï, a parfois accompagné la présentation de certaines découvertes récentes sur la domestication du cheval.» Ces éléments constituent un riche apport de connaissances autour de l’évolution du cheval avec notamment cette conclusion d’une recherche approfondie :
Il est bien sûr possible que le Cheval de Przewalski ait été à l’origine de certaines races locales, mais nous n’en avons actuellement aucune preuve ostéologique ni biologique. Ainsi, le seul Cheval sauvage actuellement en survie est aussi le seul qui ne puisse être placé à l’origine des Chevaux domestiques.
Ces éléments rompent avec nombre de certitudes sur ces sujets, en particulier celles faisant du cheval de Prezewalski ou des races autochtones actuelles, les modèles de nos artistes du paléolithique. Affirmations péremptoires trop rapidement véhiculées dans les visites de grottes ou de leur fac-similé. Avis aux amateurs d’art pariétal 26 !
Xavier Dumoulin, Master2
Histoire en Sciences sociales du politique,
Sous la direction de Sabine Effosse et François Chaubet
- Simonet Aurélien, « Le trésor préhistorique de l’abbaye d’Arthous », Le festin N°113, avril 2020 (avril 2020). [↩]
- Sous la direction scientifique de Morgane Dachary, Docteur en Préhistoire, Les Magdaléniens à Duruthy, Centre départemental du Patrimoine, 2006., reproduction «sculpture en grès cheval agenouillé» p 186. [↩]
- Le Magdalénien est une tradition culturelle du paléolithique supérieur daté entre 21000 et 14000 avant le présent. [↩]
- Omnès Jacques, Bahn Paul G., et Tucoo-Chala Pierre, «Les pays de l’Adour Royaume du cheval», Exposition organisée par l’académie de Béarn et le musée pyrénéen de Lourdes sous le haut patronage des villes de Pau et Lourdes, de leurs Maires , de la Direction des musées nationaux et du Touring club de France, [s.d.]. [↩]
- Ibid., p 7-19. [↩]
- J. Fairley, S. Barets et G. Courtois, Chevaux: anthologie de l’art hippique de la préhistoire au XXe siècle, New York Paris Londres, 1995. [↩]
- J. Clottes, Pourquoi l’art préhistorique ?, Paris, 2011. [↩]
- Les Chamanes de la préhistoire: transe et magie dans les grottes ornées; suivi de Après Les Chamanes, polémique et réponse, J. Clottes, J.D. Lewis-Williams (éd.), Paris, Seuil, 2001. [↩]
- A. Leroi-Gourhan, Les religions de la préhistoire: paléolithique, 4e édition, Paris, 1995. [↩]
- A. Leroi-Gourhan, Les chasseurs de la préhistoire, Paris, 1994. [↩]
- É. Durel, Le pottok, La Crèche, 2019. [↩]
- Ibid., p 10. [↩]
- M. Vidal Saint-André et J.-L. Gasc, Le Mérens: prince noir d’Ariège, Portet-sur-Garonne, 2010., p 28-29. [↩]
- Henri Soulé, vétérinaire, président fondateur de l’Association Nationale du Poney Landais, Le poney barthais et les barthes de l’Adour, 64p, 2001. [↩]
- Dans sa thèse pour le doctorat vétérinaire très bien documentée sur « Le plan de sauvegarde du poney landais » présentée en 2006, Mme Leblond-Lucas fait référence aux recherches de Jacques Sargos (homonyme du Jacques Sargos, historien de la forêt landaise) sur « la race chevaline landaise », Cf. notre précédente publication sur le blog Master Histoire, «Une anthologie illustrée du petit cheval des Landes à travers les siècles», Xavier Dumoulin, 26/04/2023. [↩]
- Omnès Jacques et al., «Les pays de l’Adour Royaume du cheval», Exposition organisée par l’académie de Béarn et le musée pyrénéen de Lourdes sous le haut patronage des villes de Pau et Lourdes, de leurs Maires , de la Direction des musées nationaux et du Touring club de France, op. cit. [↩]
- Sous ladirection scientifique de Morgane Dachary, Docteur en Préhistoire, Les Magdaléniens à Duruthy, op. cit. [↩]
- Cheval en gascon. [↩]
- Omnès Jacques et al., «Les pays de l’Adour Royaume du cheval», Exposition organisée par l’académie de Béarn et le musée pyrénéen de Lourdes sous le haut patronage des villes de Pau et Lourdes, de leurs Maires , de la Direction des musées nationaux et du Touring club de France, op. cit., p 21-27. [↩]
- Ibid. [↩]
- Ibid . [↩]
- Sous la direction scientifique de Morgane Dachary (Docteur en Préhistoire), Les Magdaléniens à Duruthy, op. cit. [↩]
- Simonet Aurélien, « Le trésor préhistorique de l’abbaye d’Arthous », op. cit [↩]
- Carole Ferret est chargée de recherches au CNRS (CRHC). Elle a été directrice adjointe du Laboratoire d’anthropologie sociale. https://doi-org.faraway.parisnanterre.fr/10.4000/emscat.1722 [↩]
- Véra Eisenmann, « L’évolution des Équidés », Études mongoles et sibériennes, centrasiatiques et tibétaines [En ligne], 41 | 2010, mis en ligne le 15 avril 2010, consulté le 06 mai 2025. URL : http://journals.openedition.org.faraway.parisnanterre.fr/emscat/1542 ; DOI : https://doi-org.faraway.parisnanterre.fr/10.4000/emscat.1542 [↩]
- E. Peyrony , L. Casalis, Notions de Préhistoire, 7e édition Casalis, 1987 ; Roussot Alain, L’art préhistorique, Sud Ouest, 1994 ; Alain Testart, Art et religion de Chauvet à Lascaux, Gallimard, 2016. [↩]
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
mariesacareau (26 juin 2025). Xavier Dumoulin. Le cheval dans l’art paléolithique du Grand Sud-Ouest de la France . Master Histoire de Nanterre. Consulté le 15 juillet 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/1483z