Claire Miot, qui étudie l’armée française dans son environnement impérial et colonial, a pu mobiliser de nombreuses sources en France et à l’étranger. Alors que nous avons commémoré les 77 ans du débarquement de Provence, ce livre apporte un nouveau regard et une approche pluridisciplinaire sur la Première armée française mené par le général de Lattre de Tassigny.

Photographie de Jean de Lattre de Tassigny (1946)
(photo : Willem de Poll, Nationaal Archief)

Les Américains et les Britanniques semblent dominer la mémoire de la Libération. Souvenons-nous que la Première armée française a contribué, dans une large mesure, à la libération de la France. Entre les Américains soucieux de leur doctrine “Germany first” (l’Allemagne d’abord) et l’Empire Britannique, géant à bout de souffle, l’Armée française reconstituée a une carte à jouer.

Alors que le livre de Jean de Lattre de Tassigny [1], publié juste après la guerre mettait l’accent sur l’aspect opérationnel et le point de vue des états-majors, Claire Miot nous présente, grâce à l’étude de sources internationales, un ouvrage détaillé sur l’armée de Lattre, qui est analysée avec finesse. On y découvre les origines sociologiques, la psychologie des soldats ou encore l’amalgame entre les soldats d’Afrique, les Français libres, les Forces Françaises de l’Intérieur et les autres volontaires.

Armée impériale, armée coloniale ou reflet de la nation en arme ? L’armée de Lattre ne cesse d’évoluer tout au long de son épopée. L’auteure nous montre une armée française qui gagne sa place aux côtés des Alliés, mais qui souffre de carences. Elle souligne le manque de spécialistes, l’appel aux femmes, ainsi que la participation des étrangers ex FFI. Pour tenir la ligne de front, se pose le problème des effectifs et des permissions pour des soldats qui se battent depuis l’Italie. Claire Miot analyse également les relations avec l’arrière, notamment à travers la question de la conscription, ainsi que le comportement des troupes en Allemagne, autour des violences de guerre.

La Première armée française a eu du mal à trouver sa place dans la mémoire nationale, jusqu’en 1964 où le général de Gaulle décide de rendre hommage aux hommes ayant débarqué en Provence. Claire Miot rend hommage à cette Première armée française, qui contribua largement à ce que la France retrouve une place parmi les grands même si celle-ci possède un goût amer. Une étude très intéressante.

Emblème de la première armée française
(photo : Wikipédia)

Olivier Sorlin
Master 2 EAD Histoire et Sciences sociales du politique.
Mémoire sous la direction de Julie Le Gac.

[1] De Lattre De Tassigny Jean, Histoire de la Première armée française, Rhin et Danube, Paris, Presses de la cité, 658 p, 1971

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