Résumé : L’écrit qui nous est exposé, propose une véritable prosopographie avec une étude poussée des membres qui composent la famille des derniers Valois soit Catherine de Médicis ainsi que ses enfants qu’ils aient régné ou non tels que François II, Élisabeth de Valois, Claude de Valois, Charles IX, Henri III, Marguerite de Valois ou bien encore François d’Alençon. Avec un intérêt pour leurs modes de vie (l’éducation néoplatonicienne et l’apprentissage des langues comme enjeux de pouvoir, le rôle des femmes avec les mariages politiques…) s’inscrivant également dans un cadre historique beaucoup plus large qui est celui de l’histoire de France durant la période de la seconde moitié du XVIème siècle. Il est important en tant que lecteur de se remémorer que ce fut une ère principalement animée par les guerres de religion, avec comme conséquence pour cet écrit, de donner de fait une histoire du fait religieux mais qui reste assez évènementielle.

Garrisson Jeanine, Les Derniers Valois, Paris, Editions Fayard,  2001, 350 p.

« Leur hostilité et leur parti-pris tendant à combattre sans cesse la légitimité des Valois ont certainement imprégné notre vision d’une époque que nous avons trop tendance à noircir, faute de pouvoir comprendre une philosophie et une pratique politique qui paraissaient déjà obsolètes aux hommes de la fin du XVIème siècle. » (1) Janine Garrisson concluait son livre Les derniers Valois aux éditions Fayard en 2001. On observe ici une vision en demi-teinte concernant la famille des Valois. Garrisson était une historienne et professeure d’université, née à Montauban le 24 Juin 1932 et décédée dans la même ville le 22 Janvier 2019 ; élevée dans une famille profondément calviniste dont elle hérite de la foi. C’est tout naturellement qu’elle orientera sa démarche historique vers ce domaine du protestantisme, des guerres de religions jusqu’à la révocation de l’édit de Nantes. Ses ouvrages sont donc centrés sur la martyrologie des réformés de France avec les différents évènements qui ont ponctué cette période (2). Ce qui lui procure beaucoup d’émotions notamment lors de l’évocation de la Saint Barthélémy, pour autant son attachement à sa conviction idéologique ne trouble nullement sa recherche historique.

En effet, ce qui directement nous interpelle en tant que lecteur est qu’elle insiste bien sur l’élément de légitimation du pouvoir royal. Pourtant dès le début de son livre, elle n’expose que peu la figure royale de François Ier et d’Henri II, préférant directement se concentrer sur Catherine de Médicis devenue reine en 1547 à la mort de son beau-père François Ier. Janine Garrisson expose la vie quotidienne de la famille Valois. Elle dresse une sorte de courte biographie sur chaque Valois et spécialement lors de l’évocation des femmes de la famille, Élisabeth alors reine d’Espagne, Claude qui fut duchesse de Lorraine et enfin Marguerite célèbre reine de Navarre. Elle démontre alors que les femmes vont constituer et surtout malgré elles des outils politiques de premier choix. Ainsi à la différence d’une simple biographie, l’historienne nous présente « la face sombre » des Valois présentés comme des êtres de pouvoirs et de manipulation politique qui résulte d’une profonde connaissance de ce « machinisme politique ». Pour autant comme elle l’affirme dans la citation faisant partie de sa conclusion que l’on retrouve en début de cet article (1). Elle va contrecarrer cette vision que peut avoir son lecteur en mettant en exergue leur côté rationnel comme la publication par le roi Charles IX d’écrits portant sur la nature et les animaux (3), tout en insistant sur des sensibilités autres telles que la construction de sublimes et majestueux palais comme les Tuileries ou le Nouveau Louvre (4), la poussant à mettre en exergue que « les derniers Valois ne sont pas tout à fait de simples mortels. » (5)

Notes

(1) C’est la dernière phrase à la page 334 de l’ouvrage Les Derniers Valois. Elle fait partie d’une conclusion dans laquelle l’historienne dresse un bilan bibliographique succinct des Valois et met en perspective leurs règnes avec le contexte politique de notre époque.

(2) Publication en 1984 aux éditions du Seuil d’une prosopographie sur Henri IV ainsi que d’une autre sur Catherine de Médicis en 2002 parue au sein des éditions Payot.

(3) Écriture de La Chasse royale, composée par le roi Charles IX de la main du roi de France Charles IX (1550-1574), nouvelle édition de 131 pages datant de 1857, cf Gallica, La chasse royale (Nouv. Éd.) / composée par le roy Charles IX et dédiée au roy très chrestien de France et de Navarre Louis XIII (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k61896h.texteImage#)

(4) Cf. chapitre 5 sur les constructions érigées par les Valois.

(5) C’est une phrase que l’on retrouve à la page 39 du livre soit dans l’introduction. Bien que pouvant être interprétée comme surréaliste, cette phrase n’a nullement la vocation de laisser penser que les Valois étaient des êtres fantastiques ou des « surhommes ». Janine Garrisson bouscule juste son lecteur avec une formule choc pour tenter de lui inculquer toute la complexité et la magnificence de cette famille.

Théo GIANNINI

M1 “Les sociétés modernes et contemporaines dans les mondialisations”

Mémoire d’histoire contemporaine sous la direction de Simon Sarlin

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