Le musée de l’Armée présente du 12 octobre 2022 au 29 janvier 2023 la première exposition consacrée aux forces spéciales françaises.
30ème ANNIVERSAIRE DE LA CREATION DU COMMANDEMENT DES OPERATIONS SPECIALES (COS)
Cette événement propose une immersion au cœur des unités d’exception de l’armée française. Une rencontre d’autant plus singulière que l’action de ces hommes est par définition discrète. Il s’agit, en effet, de mener des « opérations ciblées mais non clandestines, visant à atteindre des objectifs d’intérêt stratégiques par des modes d’action et des techniques spécifiques sur ordre des plus hautes autorités politiques »1 .
Assis sur un siège de C-160 Transall, j’observe ainsi la multiplicité des interventions : ici des moyens terrestres ou maritimes comme un zodiac des commandos marines, ou encore la jeep Willys SAS et la moto cagiva du 1er RPIMa et du 13e RDP.
Le musée propose de découvrir un héritage historique, humain et opérationnel même s’il s’agit principalement d’éléments post Seconde Guerre mondiale car c’est à cette période que nous devons la permanence des actions de recherche et de renseignement permettant une destruction ou un harcèlement de l’ennemi.
Au lendemain de la première guerre du Golfe (1992), le Commandement des opérations spéciales (COS), un commandement interarmées, opérationnel, placé directement sous les ordres du chef d’état-major des armées est créé. Il est chargé de concevoir, planifier et conduire les opérations menées par les unités des forces spéciales. Ces missions sont situées en dehors des cadres d’actions militaires conventionnelles notamment en termes d’actions d’environnement, d’ouverture de théâtres d’opération, d’intervention sur des objectifs à haute valeur ou de lutte contre le terrorisme. Exécutées en territoire hostile ou derrière les lignes ennemies, les missions peuvent durer quelques heures, jours ou semaines. Pour éviter la compromission ou la fuite d’informations, elles sont connues d’un nombre très limité de personnes. Employant des boucles décisionnelles très courtes, le COS travaille en synergie avec les services de renseignement français et alliés.
L’exposition commence par la reconstitution d’un poste de secours monté dans une aile de l’hôtel des invalides qui accueille le musée. Car il y a un « musée dans le musée ». Nous traversons les pièces d’un monument historique particulier établit par Louis XIV pour accueillir des invalides de ses armées, il y aurait aujourd’hui 200 personnes soignées dans cet établissement. Le musée de l’Armée fut lui, créé à la suite du succès remporté par le pavillon du ministère de la Guerre lors de l’Exposition universelle de 1889.
DES MOYENS ET DES HOMMES
Entre nouvelles technologies et permanence de la rusticité, le visiteur découvre des outils employés par les militaires dans le cadre de leurs missions. L’exposition s’intéresse aux femmes et aux hommes qui composent les unités des forces spéciales. Tout au long du parcours, le visiteur peut écouter une soixantaine d’interviews, réalisées spécifiquement pour l’événement. Toutes les spécialités et tous les niveaux de la chaîne de commandement (équipiers, officiers généraux, hommes politiques) sont représentés. Explorant les souvenirs de chacun d’entre eux, ces interviews offrent un face à face intime entre les équipiers et le visiteur.
La formation est exigeante et en moyenne moins de la moitié des volontaires intègrent les unités. Détermination, esprit d’équipe et un maintien en condition opérationnelle, individuel et collectif, doit être permanent. Afin de protéger leur anonymat, les équipiers des forces spéciales adoptent un pseudonyme qu’ils garderont toute leur carrière.
Les 32 mannequins présentant les tenues des forces spéciales, nous amenent à entrevoir la particularité des opérations. Comme celle du SEAL Britt K. Slabinski, récipiendaire de l’emblématique Medal of Honor, plus haute distinction militaire des États-Unis, pour ses faits d’armes lors de la bataille de Takur Ghar (Afghanistan) en mars 2002 ou celle de la Team 6 ayant participé à l’opération Neptune’s Spear de neutralisation de Ben Laden dans la nuit du 1er au 2 mai 2011.
L’exposition se poursuit en dehors sur la grille du boulevard des Invalides avec les photographies d’Edouard Elias qui en mars 2022 s’est rendu au sein de l’opération Barkhane dans le désert du Sahel. Ces clichés nous montrent le quotidien de femmes et d’hommes, une certaine banalité avec l’entretien et réparation du matériel, les repas, les temps de loisirs ou de cérémonies. Des photos qui montre aussi la rusticité des conditions d’opérations de militaires, une étrange oscillation entre modernité et archaïsme.
Un parcours Jeune Public, un cycle de conférences, des concerts et des projections enrichissent cet événement.
Olivier Demain, étudiant en Master Histoire sous la direction de Paul Lenormand
(photos : Olivier Demain)
- Selon la définition proposée par les commissaires de l’exposition [↩]
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Marine Azcon (21 janvier 2023). Olivier Demain. Exposition Forces Spéciales : Anatomie d’un combattant. Master Histoire de Nanterre. Consulté le 11 décembre 2024 à l’adresse https://doi.org/10.58079/mzh8