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Mère Geneviève Gallois, artiste au talent exceptionnel, nous offre une porte d’entrée dans l’art religieux du XX^e siècle. Artiste inclassable, au tempérament entier et sincère, elle s’exprime par l’intermédiaire de la peinture, du dessin, de la gravure, la broderie et le vitrail. 

Après une crise spirituelle, elle entre au couvent des bénédictines et poursuit son activité artistique. C’est à travers son art que Mère Geneviève exprimera toute l’intensité de sa spiritualité. Son œuvre est sans doute l’une des aventures mystiques les plus passionnantes du XXe siècle.

Mère Geneviève Gallois, née Marcelle, Victorine Gallois, est une personnalité assez singulière, voire déroutante, tout à fait unique dans le milieu des religieuses bénédictines du XX^e siècle.

Le contexte familial jusqu’à ses 21 ans

Marcelle est née le 23 septembre 1888 à Montbéliard dans une famille de notables. Son père, Jean-Baptiste, Raoul, Edouard Gallois est sous-préfet et anticlérical. Quant à sa mère, Jeanne Delavelle, elle est très pieuse, fille de notable et ne travaille pas.

Deux ans après la naissance de Marcelle, la famille s’agrandit d’un garçon, Georges, qui sera diplômé d’HEC [3]. Nous n’avons que peu d’éléments sur les vingt premières années de la vie de Marcelle. Nous savons cependant qu’elle réalisa dès son plus jeune âge les portraits de sa famille et principalement celui de sa grand-mère paternelle, femme réservée et pieuse ainsi que celui de son petit frère.

À l’adolescence, Marcelle fait preuve de dons littéraires et artistiques ; elle acquiert et conservera toute sa vie sa touche personnelle : un style spontané, vivant, coloré, allant d’un seul jet à l’essentiel ; un style qui ressemble à son tempérament. Elle est douée en tout et émerveille ses parents par son caractère entier et résolu qu’elle tient de son père, par son non-conformisme, par sa tendresse vis-à-vis des siens. Cependant, elle hérite des migraines de sa mère qui vont la faire souffrir jusqu’à la fin de sa vie et auront des répercussions sur ses œuvres futures.

Il semblerait que Marcelle se soit formée en grande partie en autodidacte. Son Paysage avec un viaduc de 1899 témoigne déjà d’une maturité, d’un savoir-faire et d’une sensibilité surprenantes chez une enfant de onze ans. Dès cette époque la jeune artiste avait le don de dévoiler le caractère profond de ses modèles.

La famille déménage au fur et à mesure des mutations du père et, en 1905, ils s’installent à Montpellier. Ses parents se rendent compte que la vocation artistique de leur fille est évidente et ils décident de l’inscrire à l’École des Beaux-Arts de Montpellier où elle reste plusieurs années.

Le témoignage d’une de ses amies, Emma Vollant, nous fait toucher du doigt le tempérament entier et anticonformiste de Marcelle Gallois : « Marcelle Gallois était élève à l’École de Beaux-Arts de Montpellier à l’époque où Monsieur Courtines donnait des cours de dessins. C’était un professeur consciencieux qui formait ses élèves d’après les méthodes traditionnelles. Or, Marcelle Gallois était très loin d’être une traditionnaliste. Elle travaillait avec ses méthodes à elle, quelque peu révolutionnaires pour l’époque (vers 1905). Il s’ensuivit que le cours de Monsieur Courtines fut perturbé. Un certain nombre d’élèves étaient pour la « charbonnière » les autres contre… Celle qu’on avait surnommée la « charbonnière » avait comme principe de noircir au fusain sa feuille de papier. Puis, sans prendre aucune mesure, simplement avec sa gomme, elle reproduisait le modèle, elle le sculptait pour ainsi dire. Son dessin avait une vigueur et un relief qui faisait pressentir la grande artiste qu’elle serait un jour. Monsieur Courtines ne pouvait admettre une telle élève qui, d’ailleurs, lui tenait tête quand il lui faisait certaines remarques. Il la pria de se retirer de son cours… » [5]

Dans son esprit, il ne s’agissait nullement d’une plaisanterie, ni d’une provocation, mais d’une recherche plastique qui lui tenait à cœur. N’était-il pas légitime qu’elle ait voulu avoir un avis objectif et impartial de son professeur sur la valeur de son travail ?

Elle rencontra là sa première expérience d’une longue série d’incompréhensions et de rejets provoqués par sa passion de la vérité et par son intransigeance qui la mettaient en quelque sorte à part des autres.

Son père, croit au talent de sa fille et veut l’encourager dans cette voie. Pour cela il décide de la faire monter à Paris en 1909 afin qu’elle suive des cours aux Beaux-Arts de Paris.

De la caricature au monastère

À 21 ans, elle arrive donc seule à Paris pour poursuivre ses études aux Beaux-Arts. Son père veille sur elle de loin par l’intermédiaire d’un de ses amis, le caricaturiste Adolphe Léon Willette. Malgré son fort tempérament, elle se retrouve seule et totalement dépaysée. C’est à cette période qu’elle va rencontrer Emma Vollant et cette amitié durera jusqu’au décès de Marcelle. Une nouvelle fois elle va se retrouver confrontée à l’incompréhension de son professeur et, en 1910, elle abandonne les cours.

Cependant elle n’est pas oisive et profite de cette liberté pour peindre des paysages et portraits inspirés du mouvement expressionniste et pointilliste. Et, avec les encouragements de Léon Wilette, Marcelle commence à croquer les passants dans les rues de Paris. Là aussi elle montre très rapidement un réel talent et ses dessins paraîtront dans des journaux comme Le Rire ou le Courrier Français. C’est dans ce contexte qu’elle exposera des dessins satiriques, tous les ans, lors de différentes expositions entre 1911 et 1915, à Paris, Bruxelles et en Suisse. Et, à seulement vingt-quatre ans, elle sera élue membre associée de la Société Nationale des Beaux-Arts, au Grand Palais, entre 1912 et 1914.

Avec la guerre, Marcelle se rend compte de l’indécence du dessin satirique : le grotesque de ses caricatures est incompatible avec l’héroïsme dont les soldats doivent faire preuve dans cette tragédie. Son trait se transforme et passe de l’ironie à la commisération et à un certain ordre moral ; ce qui était dérisoire et grotesque devient tragique. 

Malgré ses succès, Marcelle n’est pas heureuse, ne s’épanouit pas dans son art et, peu à peu, elle entre dans une crise existentielle qui durera jusqu’en 1917. Au sein même de son art, elle se pose la question du sens : sens de son succès et tout simplement sens de la vie.

Jusqu’à présent elle partageait les idées agnostiques de son père, mais dorénavant elle ne s’y retrouve plus. Elle aspire à l’intériorité et se sent attirée par la religion simple, mais fervente de sa mère et surtout de sa grand-mère. À partir de 1909 elle fréquente la chapelle des Bénédictines de la Rue Monsieur où les différentes célébrations la bouleversent profondément. C’est là qu’elle découvre une autre forme d’art : le chant grégorien qui venait d’être remis à l’honneur par les bénédictins de Solesmes par l’entremise de Dom Guéranger au XIX^e siècle.

Marcelle fréquente de plus en plus cette chapelle et suit même les conférences que le y donne. Ce dernier l’accompagnera dans son chemin spirituel pendant trois ans et, au terme de celui-ci, le 17 septembre 1917, Marcelle entre comme postulante dans cette communauté de bénédictines. L’année suivante elle devient novice, porte l’habit religieux et prend le nom de Sœur Geneviève. à partir de cette date, elle abandonne totalement le dessin caricaturiste et une rupture se crée entre la fille et le père qui ne comprend pas son sacrifice artistique. Qu’elle se convertisse au christianisme passe encore (sa femme et sa mère sont de ferventes pratiquantes), mais qu’elle renonce à sa vocation d’artiste, il ne peut l’accepter et vit cela comme une trahison. Ils ne se reparleront jamais et Marcelle en souffrira toute sa vie.

Dès qu’elle entre au monastère, Marcelle va renoncer à toute activité de caricaturiste, mais pas au dessin, puisqu’elle ne dessinera plus que des scènes religieuses (la messe, les processions, la vie de saints… ) ou la vie conventuelle (repas, ménage, jardinage, réunions…).

Compte-tenu de ses compétences artistiques, elle est rapidement affectée à l’atelier de confection des ornements liturgiques, où perce inéluctablement son style si personnel et si caractéristique, perceptible notamment dans les visages de ses personnages, aux traits bien marqués, très expressifs, souvent à la limite de la caricature. Elle peine à réaliser les copies commandées au monastère.

Mère Emmanuelle, qui a la responsabilité de cet atelier, va se heurter au style très personnel de Sœur Geneviève, comme autrefois les professeurs des Beaux-Arts. Car, Mère Emmanuelle ne veut, quant à elle, en aucun cas déroger à la Tradition. En parallèle de son travail à l’atelier des ornements, Sœur Geneviève, prépare un ouvrage en deux volumes qui paraîtra en 1923 : Guide pratique pour la confection des ornements gothiques et Guide pratique pour la confection des ornements sacrés [6] ; le texte étant l’œuvre de Mère Emmanuelle et les illustrations de Sœur Geneviève, sous la directive impérative de la première. Cette situation est très inconfortable pour Sœur Geneviève car jamais encore elle ne s’était trouvée soumise à une autorité quelconque dans l’élaboration de son art. Par nature l’art authentique a besoin de liberté, il est l’expression même de la liberté ! De plus, la sensibilité artistique de Mère Emmanuelle est aux antipodes de celle de Sœur Geneviève. Celle-là est éprise de minutie, de propreté, et l’art sulpicien est son idéal. Or, Sœur Geneviève, loin d’être une débutante, a acquis un métier, un style qui lui est personnel, une originalité qui n’a que faire des conventions et des niaiseries, allant droit à l’essentiel sans souci des contraintes.

Comment ces deux tempéraments ne pouvaient-ils pas se heurter ? Dès lors, la mésentente sera permanente entre les deux religieuses.

Le caractère entier et intransigeant de Sœur Geneviève va lui rendre la vie communautaire difficile, mais cela ne va en aucun cas atteindre sa vie spirituelle qui sera jusqu’à la fin de sa vie intense, profonde et sincère.

Mais, lorsqu’en 1921 elle demande à prononcer ses vœux, la supérieure lui oppose un refus. Il lui faudra patienter et renouveler sa demande pendant quinze ans avant qu’elle soit enfin admise à sa profession perpétuelle !

Le docteur Paul Alexandre et les années 1931-1938

L’année 1931, le monastère organise une vente de charité exceptionnelle. Paul Alexandre, collectionneur d’art et mécène du peintre Amedeo Modigliani, s’y rend. Il est vivement intéressé par six scènes de la vie de Jeanne d’Arc dessinées par une artiste anonyme et qui ne sont pas à vendre… Il en commande une reproduction et c’est alors qu’on lui parle pour la première fois de Sœur Geneviève.

Il ne lui sera pas permis de la rencontrer.

Avec l’autorisation de la mère supérieure, Paul Alexandre passe une première commande artistique à Sœur Geneviève : des faire-part de naissance, des images de communion pour sa famille. Et, au-delà de ces commandes événementielles, c’est un ensemble de 157 gouaches ayant pour thématique la vie monastique que le docteur Alexandre va faire réaliser par Mère Geneviève (Exemple ci-contre avec une scène au jardin [7]).

Ces gouaches, cernées de noir, oscillent entre narration et intériorité : au-delà de la gestuelle, l’essentiel de l’activité de la moniale est invisible. À travers ces dessins, Sœur Geneviève nous livre un témoignage rare de la vie quotidienne des religieuses. Vie rythmée par la prière et le travail quotidien comme le veut la Règle de saint Benoît [8] sous laquelle la communauté s’est engagée. C’est ainsi qu’elle dessine chaque moment de la journée, de l’année avec à la fois une illustration et un texte.

Avec cette première commande, une longue et forte amitié va naître entre le docteur Alexandre et Sœur Geneviève.

Enfin, à l’âge de cinquante et un ans, le 14 mai 1939, Sœur Geneviève est enfin admise à prononcer ses vœux définitifs [9] ; elle aura patienté plus de vingt ans. Aucun membre de sa famille ne se déplace pour cet évènement. Seuls son amie Emma Vollant et le docteur Paul Alexandre seront présents. Ce dernier a conscience que Mère Geneviève ne peut plus s’exprimer à travers son art sans enfreindre la Règle de saint Benoît [10]. Alors, il a recours à un subterfuge qui fera passer son travail d’artiste comme un travail manuel, promu par la Règle, en lui offrant une presse à graver.

La période des gravures 1939-1951

Au retour de l’Exode, Mère Geneviève va s’attacher à la réalisation de nombreuses gravures, principalement le Via Crucis [11](chemin de croix ; voir scène II ci-contre où le Christ porte sa croix). Cette œuvre, totalement originale et d’une très grande puissance suggestive, va regrouper toute son expérience d’artiste, ses souffrances ainsi que les atrocités de la guerre.

Grâce au soutien et à l’appui du milieu artistique de l’époque, notamment celui de Marie Laurencin, les commandes afflueront de toute l’Europe et même des États-Unis. Mère Geneviève renoue avec le succès qu’elle a connu lors de ses débuts de caricaturistes. De nombreux articles paraîtront dans la presse française et étrangère grâce à Marie Laurencin et ses amis : dans la revue Arts etle journal Le Figaro Littéraire. Parmi la presse étrangère, des journalistes américains écririont des articles sur Mère Geneviève et c’est ainsi que des commandes provenant des États-Unis arriveront au monastère [12].

Mère Geneviève Gallois se familiarise avec cette technique de la gravure et publie en 1951 La vie du petit saint Placide [13] qui la fera connaître d’un large public. Ce livre, préfacé par Marcelle Auclair, est un traité d’oraison par l’image. Mère Geneviève accompagne chacun de ses cent quatre dessins de brèves légendes aussi savoureuses que substantielles. Nous pouvons avancer que ce travail est la première bande dessinée religieuse qui retrace avec sincérité et spiritualité l’essence de la vie religieuse et communautaire. C’est également un plaidoyer pour l’art figuratif contre l’art abstrait.

Depuis que les différentes œuvres de Mère Geneviève rapportent un peu d’argent, la communauté commence à regarder son art d’un autre œil et peu à peu, on va lui permettre de consacrer plus de temps à ses peintures, jusqu’en 1942 où elle sera totalement dégagée des tâches quotidiennes pour lui laisser tout le loisir de créer. C’est également durant l’année 1942 que le docteur Alexandre et Mère Geneviève se rencontreront pour la première fois au parloir. Jusqu’à présent, leur relation était fondée sur des échanges épistolaires ou via des commandes, mais jamais en face à face.

Le dernier grand chantier de Mère Geneviève 1951-1962

À partir de 1951, Mère Geneviève trouve de moins en moins de temps pour continuer son œuvre gravée et en particulier son Évangile selon saint Luc, dont elle ne fera que l’Enfance du Christ, non pas par manque d’inspiration, mais parce qu’un nouveau projet l’accapare totalement.

Devant la reconnaissance de plus en plus importante du talent de Mère Geneviève, la supérieure se rallie à l’idée soulevée par Paul Alexandre : lui confier la réalisation des vitraux du nouveau monastère situé à Vauhallan, dans l’Essonne au lieu-dit Limon.

Mère Geneviève, dans une obéissance toute monastique, accepte ce projet comme étant la manifestation de la volonté de Dieu et abandonne la gravure. Ainsi, le 22 avril 1951, Marie Laurencin accompagne Mère Geneviève sur le chantier de la nouvelle chapelle pour qu’elle puisse voir les fenêtres qui contiendront les futurs vitraux.

Mère Geneviève ignore tout de ce nouveau métier, et se met immédiatement au travail pour en acquérir rapidement les premiers rudiments.Elle voit immédiatement les grandes verrières qui se trouvent en face de la nef des moniales et elle va en faire une sorte de résumé de la foi chrétienne, du catéchisme, de ce qu’il faut croire pour être sauvé. Il y a vraiment l’essentiel : la foi depuis la Création jusqu’à la Rédemption.

Les projets de maquettes se bousculent dans la tête de l’artiste, d’autant plus qu’elle est entièrement libre du programme, personne ne lui impose de sujets précis.

Le docteur Paul Alexandre suit de près les avancées de l’artiste et est très satisfait de ce que Mère Geneviève lui propose. Elle réalisera, au total, 16 verrières pour une surface de 62 m² !

La conception et la réalisation des vitraux occuperont Mère Geneviève pendant les dix dernières années de sa vie. Dans cette œuvre ultime, elle exprime toute sa force, sa liberté intérieure et sa profonde originalité créatrice.

Lors d’une correspondance avec Noël Alexandre, Mère Geneviève lui explique ce qu’est pour elle un vitrail : « Je veux non pas une peinture immobile, mais un frétillement, un pépiement continuel. Le vitrail parle plus par la lumière qu’il capte que par le sujet même qu’il représente. Dans cette architecture aux lignes nues, il est un trou immatériel comme l’œil dans le visage, aussi mobile, changeant, que l’œil est immobile. Voilà ce que je voudrais ! [14] »

Mais, durant cette époque artistique intense et épuisante (elle possède un atelier de verrerie au sein du monastère et fait tout elle-même : la découpe, la composition, la peinture, la cuisson ; seule la pose est faite par des ouvriers professionnels), Mère Geneviève vieillit et les maux commencent à arriver.

Dès 1955, en effet, elle est confrontée à la maladie, notamment une anémie qui nécessite des transfusions de plus en plus fréquentes qui la laissent épuisée. Mais, elle est comme transcendée par l’exécution de ces vitraux et elle parvient, à chaque fois, à reprendre son travail. Pour elle, le seul but de ce travail est de « transposer en langage sensible le monde surnaturel. [15] »

Le docteur Alexandre, enthousiasmé par les maquettes des vitraux du nouveau monastère, a obtenu de la Mère Geneviève qu’elle laisse ces travaux de côté pendant un temps afin de réaliser les vitraux d’une petite église près de Dieppe : le Petit-Appeville, où il passe ses vacances. Après moult difficultés, Mère Geneviève se met au travail et, en quatre jours, l’ensemble de l’œuvre (6 grandes verrières et 3 petites) est conçu.

Ici, elle n’a pas la liberté créatrice et le curé de la paroisse lui impose les sujets.

La transfiguration

En septembre 1955, soit deux ans après la demande du docteur Alexandre, son œuvre est achevée et elle peut se remettre aux vitraux de Limon. Au fil des années, Mère Geneviève est de plus en plus malade et son état nécessite de nombreuses semaines d’alitement.

Elle désespère de pouvoir terminer le travail commencé et s’en ouvre dans sa correspondance avec son ami le docteur Alexandre.

Avec beaucoup d’abnégation et de persévérance, elle arrive au bout de cette œuvre titanesque. Le 6 octobre 1962, les ouvriers posent le dernier vitrail, La sonnerie des cloches. Quelques jours après, le 19 octobre, Mère Geneviève s’éteint.

Ainsi se conclut une vie entièrement dédiée à la recherche et à l’expression de la vérité intérieure. Mère Geneviève a atteint le but qu’elle recherchait sans jamais dévier ni renoncer, et ce à travers un combat de tous les instants contre les obstacles de son tempérament impétueux, ses conflits avec ses professeurs puis ses sœurs de la communauté, les contraintes opposées à son talent. Sans l’intervention bienheureuse et le secours du docteur Alexandre elle n’y serait peut-être pas parvenue et, n’aurait sans doute pas déployé toutes les facettes de sa personnalité : féminité et vigueur, tendresse et causticité, aspiration mystique et enracinement dans la réalité, s’allient avec une force peu commune. Il reste encore beaucoup à apprendre de cette artiste aussi bien à travers ses écrits que par son art.

Florence Louis
M2 Histoire médiévale
Matthieu Rajohnson

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[1] Noël Alexandre, Mère Geneviève Gallois. Bénédictine, peintre, graveur, verrier, Bruxelles, Marot, 1999, p. 410.

[2] Gallois Mère Geneviève, Réalité unique et éternelle, Jouques, Éditions du Cloître, 1980, couverture recto.

[3] Catherine Marès, « Paul Alexandre et Geneviève Gallois, le mécène et la religieuse. Une amitié artistique et spirituelle. », 18 mai 2012, in Mémoires, IX^e série, t. LXXXVI “Année 2012”, p. 209, Académie de Nîmes, Nîmes, 2013.

[4] Noël Alexandre, Mère Geneviève Gallois, op. cit., p. 410.

[5] Gallois Mère Geneviève, Réalité unique et éternelle, op. cit. 52.

[6] Noël Alexandre, Mère Geneviève Gallois, op. cit., p. 129.

[7] Mère Geneviève Gallois, 1888-1962. Vision du cloître au XXe siècle, Paris, Réunion des musées nationaux, 2008. 50.

[8] Grand Grégoire le, Borias André et Vogüé Adalbert de, Vie et Règle de saint Benoît, 3^e édition, Paris Montréal, Médiaspaul, 1994.

[9] À cette époque, les vœux définitifs se prononçaient environ cinq ou six ans après l’entrée au couvent. Et, à partir de ces vœux, la Sœur prenait le nom de Mère.

[10] Ibid., chapitre 48.

[11] Gallois Geneviève, Via Crucis, 1968.

[12] Noël Alexandre, Mère Geneviève Gallois, op. cit. p. 230-231.

[13] Gallois Geneviève, La vie du petit Saint Placide, Paris, Desclée, de Brouwer (Bruges, Impr. Saint-Augustin), Paris, Desclée, de Brouwer : Bruges, Impr. Saint-Augustin, 1953.

[14]Voir lettre 61 de Mère Geneviève à Noël Alexandre, in Noël Alexandre, Mère Geneviève Gallois, op. cit. p. 316.

[15] Voir lettre 110 de Mère Geneviève à Rose Adler, in  Ibid., p. 332.

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