« Il était une fois un homme qui avait de belles maisons à la ville et à la Campagne, de la vaisselle d’or et d’argent, des meubles en broderie, et des carrosses tout dorés ; mais par malheur cet homme avait la Barbe Bleue : cela le rendait si laid et si terrible, qu’il n’était ni femme ni fille qui ne s’enfuît de devant lui ». – Charles Perrault, Les Contes de Perrault, édition Féron, Casterman, Tournai, 1902.

Attention : Certains passages peuvent choquer les petits et les grands… de plus, certains commentaires teintés d’humour noir vous seront adressés intimement ; vous n’êtes pas obligés d’y porter attention s’ils vous en déplaisent. Bonne Lecture !

Image d’illustration : La Barbe-Bleue illustrée dans les Contes de Perrault

La Barbe Bleue est un conte populaire qui a plusieurs versions dont la plus célèbre est celle des contes de Perrault, parue en 1697. Charles Perrault n’a pas inventé La Barbe Bleue à partir de sa seule imagination, il s’est largement inspiré de personnages historiques ayant bel et bien existé.  Le conte de Perrault raconte donc l’histoire d’un homme riche mais doté d’une « Barbe Bleue qui lui donne un aspect laid et terrible », c’est pourquoi aucune femme ne veut l’épouser à cause de sa Barbe Bleue . Cependant , un jour, il se marie avec l’une des filles de sa voisine ;  la Barbe Bleue part en voyage et confie toutes les clefs de sa demeure à sa femme. Néanmoins,  il lui interdit intimement d’ouvrir une porte (mais pourquoi donner toutes les clefs à une personne pour lui interdire d’ouvrir certaines portes ?) ! Fort malheureusement, cette dernière, très curieuse, décide de lui désobéir… Au moment où elle l’ouvre, elle se rend compte que toutes les anciennes femmes de son mari ont été égorgées ! Sous le choc (ce que nous pouvons comprendre), elle laisse tomber la clef de la porte qui se retrouve recouverte du sang des cadavres de femmes pendues au plafond (c’est ainsi que la scène est représentée/illustrée dans les contes pour enfants, charmant n’est-ce pas ?). Plus tard, la Barbe Bleue rentre chez lui et demande à sa femme de lui rendre le trousseau de clefs ; il découvre alors la clef tachée de sang (eh oui, le sang caillé ce n’est pas si facile à enlever) et décide de tuer sa femme (un peu extrême la décision mais pourquoi pas ?).  « Grand Prince » (ou presque), la Barbe Bleue lui laisse un quart d’heure pour prier (pas le temps d’aller à la messe ou de convoquer le prêtre pour l’extrême-onction, la Barbe Bleue est un homme pressé). La femme de la Barbe Bleue utilise ce quart d’heure pour appeler sa sœur qui fait venir ses frères (attention pas de téléphone portable à l’époque, un gros coup de gueule bien fort et l’affaire est réglée). Ces derniers tuent tout simplement la Barbe Bleue (pas si terrible que ça le bougre, je m’attendais à mieux de la part d’un grand gaillard effrayant comme lui) !

Morale du conte : « La curiosité malgré tous ses attraits coûte souvent bien des regrets… ».

   « Si, comme moi, l’histoire de la Barbe Bleue a toujours attisé votre curiosité malgré la morale afférente à ce conte mythique… laissez-moi vous faire découvrir l’histoire française de la Barbe Bleue. Une histoire de guerre, de sang, de crimes et même de sorcellerie… »

 

Il était une fois un homme qui avait de belles maisons à la ville et à la Campagne, de la vaisselle d’or et d’argent, des meubles en broderie, et des carrosses tout dorés…Un homme riche, cultivé et raffiné qui vivait dans un château somptueux entouré de ses serviteurs. La chambre de ce seigneur était située dans la plus sombre et la plus haute tour.

L’histoire de ce seigneur commence dans l’Ouest de la France, dans le Pays de la Loire, où les châteaux dominaient le paysage, dans une région modelée autour d’une histoire tumultueuse marquée par des Guerres Rivales (comme la Guerre de Cent ans de 1337 à 1453 entre la France et l’Angleterre). Le Nord jusqu’à la Loire était le théâtre deconflits civils  entre les Armagnacs (fidèles à la couronne de France) et les Bourguignons (alliés des Anglais).  Entre eux, le Duché de Bretagne adhère tantôt à l’une  ou à l’autre partie (Le duché de Bretagne alterne continuellement entre soutien au premier camp et au second).  C’est dans la très vaste baronnie de Rais , sur la rive Sud de la Loire (actuelle Vendée), au Château de Champtocé-sur-Loire, en Septembre 1945 , que naît le Seigneur Gilles de Rais, un homme riche, fils de grands seigneurs féodaux parmi les plus puissants du pays  de la Loire : Guy de Rais et Marie de Craon.

Gilles de Rais a eu une enfance paisible partagée entre les différents domaines familiaux malgré les rares distractions qu’offrait la campagne. Il est initié très tôt aux affaires car c’est à lui qu’incombera  la tâche d’administrer l’héritage familial. Portant peu d’intérêts pour ses devoirs, préférant jouer dans le vaste Château de Champtocé-sur-Loire et les sombres caves (voire même les oubliettes), Gilles n’est cependant pas un enfant malheureux.

L’année 1415 marque  un véritable tournant dans sa vie, lorsque son père meurt des suites d’un accident de chasse et que sa mère disparaît (se remariant loin de Champtocé-sur-Loire selon certains historiens ). A 11 ans, Gilles de Rais est l’héritier d’une fortune colossale entre terres, domaines et richesses matérielles et pécuniaires . Mais il est surtout l’enfant abandonné d’un mariage d’intérêt arrangé et manigancé par l’homme qui deviendra son tuteur , son grand-père maternel, le vil Jean de Craon. Ce-dernier est un homme terrible, méprisable, dangereux et craint dans toute la Baronnie de Rais possédant   des châtellenies dans plusieurs provinces, des domaines obtenus de manière douteuse…

Pendant la Guerre de Cent Ans , le vieux Jean de Craon en a profité pour dicter sa terrible loi…  en devenant tuteur de son petit-fils, il semble avoir plus à cœur sa fortune (personnelle) que l’éducation de celui-ci. Enfant abandonné,  jeune héritier, livré à lui-même, Gilles de Rais n’a pas de limites, aucune attache, aucun sens de la moralité… Plein d’imagination , il se permet des libertés vicieuses  et se livre à des penchants bizarres, des excès inavouables sur lesquels son grand-père ferme les yeux et s’en lave les mains. Gilles s’avère très vite être un personnage cruel, terrible et effrayant (à l’instar de la Barbe Bleue).

Il est dit que dans son enfance, il lui est arrivé d’élever des molosses et de les soumettre à un jeûne  excessif avant de les jeter sur des moutons, afin de  se délecter du spectacle qu’offrait la violence des crocs des chiens de chasse perforant la chair  des victimes ovines tachées de sang… Plus que son plaisir prononcé pour l’ « appel du sang »,  Gilles de Rais est de plus en plus attiré par les plaisirs interdits, par la luxure, le sexe et les armes . Très jeune, il apprécie beaucoup les garçons de son âge (plus vieux, il les appréciera toujours autant).

Bien que sa solitude soit une sombre amie, en 1420, Gilles de Rais, 16 ans, épouse une très lointaine cousine, Catherine de Thouars. Derrière ce mariage (d’intérêt encore une fois), les viles manigances du terrible grand-père, Jean de Craon, permettent à Gilles de Rais de devenir encore plus puissant et plus riche. En effet le vicieux tuteur lorgnait depuis longtemps sur les importants domaines de Catherine de Thouars, héritière des puissantes baronnies de Tiffauges et de Pouzauges. En forçant cette union, il assure à la maison de Rais une fortune quasiment inépuisable , une des plus importantes  du Royaume de France (spoiler – enfin c’est ce qu’il croit car il n’est vraiment pas au bout de ses surprises). Il est dit que Catherine était une femme attentionnée et aimante ; même si cela était vrai, le Seigneur de Rais n’en aurait eu que faire d’elle et de sa présence marital e. Ce-dernier  préférait fréquenter des petits pages et des jeunes écuyers au service de ses seigneuries ; une attirance de plus en plus prononcée qui s’avère être addictive voire maladive (sauf pour Jean de Craon qui ne s’en soucie guère).

Pendant ce temps, la Guerre de 100 ans fait rage, en 1422, Charles VI (dit Charles Le Fol), Roi de France et Henry V (dit Roi d’Angleterre et Grand Seigneur d’Irlande), Roi d’Angleterre (ça impose quand même plus du côté British désolé…) meurent à quelques semaines d’intervalle rendant caduc  le Traité de Troyes (Traité signé le 21 mai 1420 à Troyes entre Henri V d’Angleterre et Charles VI de France, exhérédant Charles VI au profit de Henry V et assurant une paix relative entre les deux pays) . Bien que la Couronne anglaise tente de nommer le Duc de Bedford Régent de France  alors que le pays devrait échoir au « chétif » Charles VII (surnommé Roi des Bourgs), les hostilités reprennent plus violentes que jamais… Il ne peut y avoir deux souverains à la  France !

Gilles de Rais voit la guerre comme une occasion doublée d’une véritable  opportunité et de s’éloigner de Catherine de Thouars et d’abandonner le foyer  conjugal (attention, là encore, pas de divorce pour rupture du lien conjugal d’actualité) ! En s’enrôlant dans les armées de Charles VII, le Haut Rang du Baron le place quasi-automatiquement parmi les intimes du Roi de France (elle n’est pas belle la vie ? Participer financièrement à la Guerre et être riche permet de se rapprocher du Roi en personne !). Bien qu’étant avantagé financièrement, rien ne le destinait à une glorieuse carrière  sur les champs de bataille. Pourtant, c’est dans ce contexte militaire que l’ « appel du sang », son goût pour la violence et sa sauvagerie trouvent leur exutoire !  En effet, le Baron se distingue par ses exploits militaires hors du commun et son attrait pour le combat rapproché directement au front. C’est d’ailleurs dans la ferveur des combats que Gilles de Rais obtiendra les faveurs royales !

 

 

C’est dans cette période charnière de l’histoire de France que le Baron fait une rencontre inoubliable qui marquera sa vie de but en blanc  ! Ainsi, en 1428, après la capture des importantes villes d’Orléans et de Jargeau, apparaît l’un  des personnages les plus énigmatiques de l’histoire… Prétendant avoir reçu, par le biais de voix célestes, la mission divine de délivrer la France de l’envahisseur anglais et de légitimer la souveraineté de Charles VII, Jeanne d’Arc dite « la Pucelle », se présente au Roi (il faut être ouvert d’esprit là quand même).  Sensible à ces messages célestes (ouvert d’esprit, fou, dans un dernier espoir, ou un peu des trois), le Roi Charles VII décide d’octroyer une armée à Jeanne d’Arc de Domrémy. Dans cet improbable concours de circonstance, Gille de Rais, guerrier émérite, devient le plus fidèle, le plus brave (et certainement le plus violent) compagnon/capitaine de Jeanne d’Arc. A ses côtés, aidés de quelques centaines de mercenaires et d’un bon sens tactique, il participe à la grande libération d’ Orléans (bien que les initiatives guerrières de Jeanne d’Arc, jugées peu réalistes ou inappropriées, furent semble-t-il rejetées par des militaires à notre époque). Le jour du sacre de Charles VII, figurant à la gauche du Roi et Jeanne d’Arc à sa droite, le Baron est chargé par Charles VII en personne d’aller quérir la sainte ampoule  (La Sainte Ampoule est une relique de l’Église catholique romaine et de l’Église orthodoxe. Elle est un petit flacon contenant de l’huile sainte qui est utilisée lors des sacres de certains souverains, ainsi que pour la consécration des évêques et des prêtres. Selon la tradition catholique, la Sainte Ampoule aurait été apportée par un ange à Saint Remi, évêque de Reims, lors du baptême de Clovis, roi des Francs, en 496. Depuis lors, la Sainte Ampoule a été utilisée lors de chaque sacre des rois de France à Reims, ainsi que lors de sacres d’autres souverains, tels que les rois d’Espagne et d’Italie) ; il devient le même jour, le 17 Juillet 1429, en la cathédrale de Reims, Maréchal de France.

 

 

Mais les ténèbres guettent le Maréchal de France (âgé de 25 ans au moment de sa nomination en « Hauts Lieux et Hautes Instances de la Cour »)… En 1430, Jeanne d’Arc est faite prisonnières à Compiègne ; après avoir été remise aux Anglais, elle est brûlée pour « cause d’hérésie » l’année suivante à Rouen (elle n’a pas été crue mais elle a été cuite, n’est-ce pas ?). Avec elle, s’éteignent momentanément les dernières ferveurs et dévotions du Baron… Harassé, dégoûté  et quelque peu excédé par les intrigues de la Cour et les batailles incessantes qui caractérisent la période, Gilles de Rais décide de se retirer dans ses domaines de Bretagne et d’Anjou, où il entend jouir de ses richesses (spoiler : pendant qu’il le peut encore).

Une maison militaire intime, une armée personnelle, une magnifique collégiale, des manuscrits inestimables, de la vaisselle d’or et d’argent (vous vous en souvenez ?), de riches borderies, des écharpes richement ornées (il ne lui manque qu’une Barbe Bleu pour coller au sordide et folklorique personnage), Gilles de Rais dépense sans compter… S’improvisant metteur en scène, tantôt directeur tantôt réalisateur, le Baron fait jouer à Orléans : « un mystère du siège », un magnifique spectacle plus qu’onéreux  qui vient engloutir une large partie de son patrimoine…

Mais dans l’intimité de ses châteaux, de ses tours sombres et de ses interminables donjons et oubliettes, les prodigalités du Baron apparaissent comme étant beaucoup moins avouables…

Son épouse et sa fille (Marie de Rais ou de Retz ou de Laval , naît en 1429) ? Trop encombrantes, des parasites, que Gilles de Rais force à l’exil d ans son château de Pouzauges où Catherine de Thouars veille  seule à l’éducation de l’unique enfant ! Le Baron n’y fera d’ailleurs que de très brèves visites tant il s’empresse de retourner à ses luxures (pas de temps à perdre en effet).

Les véritables parasites ? Plutôt la bande de débauchés et le prêtre défroqué (Eustache Blanchet) qui entourent misérablement le Baron et qui l’accompagnent dans ses plaisirs interdits et censurés… Une véritable horde de rabatteurs qui se charge de lui procurer (de la chair fraiche) des jeunes proies (surtout de jeunes garçons) que le Baron torture, sodomise et assassine en réunion (à plusieurs, c’est toujours mieux). Peu à peu, le Baron plonge dans les ténèbres et la luxure, se désintéressant de sa situation financière qui va de mal en pis…  Ses vices, sa dépravation et sa perversité le conduisent dans un gouffre noir et sans fond… Les abîmes de ses penchants obscurcissent le peu d’esprit qu’il lui reste alors !

Fin 1435, Catherine de Thouars et René de la Suze, son épouse exilée et son propre frère (que se passe-t-il entre eux à ce moment-là ? Mystère et poudre de perlimpinpin) demandent directement au Roi de mettre le Maréchal sous tutelle avant qu’il n’ait dilapidé tout le patrimoine familial (il mieux vaut tard que jamais). En effet avec déjà plusieurs domaines, baronnies et châtellenies hypothéquées, rien ne laisse croire que le Baron va remédier à cette débâcle ! D’ailleurs le Roi Charles VII est aussi de cet avis, il enjoint donc le Parlement d’interdire et de défendre au Sir de Rais de vendre ses biens et de faire défense à toutes personnes de contracter avec lui ! Mais le Baron de Rais, « l’homme supérieur », l’éminent Maréchal, l’émérite héros de guerre n’ a que faire d es interdits d’un Roi de pacotille, honte de la France et de ses royaumes…

Contrairement à ce que pensent  ses héritiers, le Baron est persuadé de pouvoir rétablir ses richesses d’antan ! Il voit en la magie une opportunité, en la sorcellerie un moyen et en l’alchimie une fin (mais sa vision est trouble). C’est alors qu’appâtés par sa grandeur et son renom de générosité, une k yrielle de mages (plutôt d’escrocs) lui rendent visite. Tous lui assurent de pouvoir « transformer le plomb en or » (et non l’inverse, cela serait fâcheux) et de connaître les secrets défendus de la « Pierre Philosophale, la Conscience Absolue ». Aucun ne recule devant ses terribles crimes… pire, pour s’assurer les bonnes grâces de leur maître, il est dit que certains n’hésitaient pas à se livrer à la sodomie à ses côtés  ! En se taisant et en favorisant l’accomplissement des vices de leur maître moqueur, tous savent que leur fortune est faite (celle du Baron s’amenuisant contrairement à la leur). En peu de temps, cet ignominieux entourage devient un gang sanglant qui alimente en victimes les chambres sombres et lugubres du château du Maître…

Mais ses excès lui coûtent de plus en plus chers  ; pour éviter la faillite, Gilles doit trouver de nouveaux revenus… « L’or », lui disent ses druides,  « ne devrait plus tarder »… Pour la « Conscience Absolue et le Grand Œuvre », le Maréchal fait donc aménager, dans sa forteresse de Tiffauges, un laboratoire unique au monde ; mais, rien ne sort de la tanière démoniaque et les coffres du Baron demeurent désespérément vides…

 

 

A Champtocé-sur-Loire et à Tiffauges, le tableau est macabre et violent, le sinistre Baron ne semble trouver consolation que dans ses crimes… La légende raconte qu’à la nuit tombée, certains de ses acolytes parcourent les campagnes enlevant de jeunes pages et écuyers achetés à de pauvres parents désœuvrés en leur jetant sauvagement des écus… Puis, qu’au cœur de la nuit (ardeur de la vie), le sang ne cesse de couler dans les chambres de Champtocé-sur-Loire, de Tiffauges et de Machecoul… Le sinistre Baron viole, mutile et égorge les enfants arrachés à leurs familles… Il est dit qu’il prend plus  de plaisir à les voir se vider de leur sang que d’abuser sexuellement de leurs jeunes chairs  (chacun ses plaisirs après tout). Il est dit que, dans son esprit tordu, le Baron imagine que ses crimes plaisent à Dieu (lequel je ne sais pas) ; sacrifiant uniquement des enfants, il pense « libérer des âmes pures, non pas comme un assassin, mais comme un faiseur d’anges ». A ses fidèles rabatteurs (Eustache Blanchet, Gilles de Sillé, Roger de Bricqueville, Étienne Corillaud dit Poitou et Henriet Griard) se joint Perrine Martin dite la Meffraye, la pourvoyeuse ; elle rode toute  de noir  vêtue, entraînant les enfants dans l’antre de l’ogre, approvisionnant le Seigneur de Champtocé en petites mais nombreuses victimes… Par ailleurs,  ces disparitions passent de moins en moins inaperçues et les paysans commencent à s’interroger sur la culpabilité du Sire d e Rais !

Dans tout l’Anjou, les rumeurs se répandent comme une traînée de poudre… Que cachent les sombres tours des châteaux du sinistre baron ? En dépit des interdictions royales, Gilles n’hésite  pas à se départir de plus en plus de biens onéreux. D’ailleurs, il n’est pas le seul à ignorer l’édit du Roi ; Jean V, Duc de Bretagne, qui juge hors juridiction les édits du Roi, lui achète terres et propriétés et ne tarde pas à s’approprier le patrimoine colossal de Rais ! Le souci  odorant et visible est que les caves, tours et oubliettes cachent les vestiges des crimes du Baron ! Bien que le Maréchal tente de les faire nettoyer, par ses fidèles rabatteurs et serviteurs, des cadavres… il y en a trop (trop visibles, trop odorants, trop sanglants … les crimes tâchent  et s’accrochent aux pièces des châteaux comme ils auraient pu tacher et s’accrocher à une clef malencontreusement tombée dans une mare de sang). Malgré ces nettoyages à allure de désinfection macabre, les paysans retrouvent des morceaux de cadavres et de squelettes au pied d’une tour sombre du château de Champtocé-sur-Loire ; alimentant ainsi les rumeurs et les doutes à propos de l’infâme  propriétaire.

 

 

L’étau se resserre sur l’infâme  Seigneur de Rais ! Le silence de ses sbires fourbes et parasites lui coûtent  des fortunes (pécule qu’il  n’a plus). Ses alchimistes peinent à trouver la « Pierre Philosophale » promise, ce secret qui lui permettrait de reconstruire sa fortune, d’accroître  son patrimoine, d’assouvir ses plus sombres désirs et peut-être même de se venger du sort infligé à Jeanne d’Arc ! Le Baron semble prêt à tout, même l’usage de forces obscures et surnaturelles qui dépassent l’entendement ! Acculé par les dettes e t désespéré par l’incompétence de ses sbires, Gilles dépêche à Florence (en Italie) son fidèle Eustache Blanchet pour faire office d’escorte (jusqu’à Machecoul) à Francesco Prelatti, très renommé « mage, sorcier, nécromancien ». Agé  d’une vingtaine d’années, Prelatti est différent de tous et son personnage ne colle pas du tout à l’image du vieux mage médiéval de la littérature… Né  à Montecatini, Maître Francesco est issu du Haut Clergé après de prestigieuses études religieuses où il a reçu toute l’attention et l’admiration des célèbres Evêques du Diocèse d’Arezzo. Pourtant, en vieillissant il délaisse la religion pour s’adonner  aux sciences occultes, à l’alchimie et aux invocations douteuses. Il est dit qu’il serait capable « d’invoquer des démons » ; pire, Prelatti serait le propriétaire d’un « serviteur démoniaque », un familier appelé « Barron » ressemblant à un énorme reptile (dix points pour Serpentard) et qui « était toujours invoqué avec succès sauf en présence de Gilles de Rais ». Quoiqu’il en soit, Prelatti reste un esprit curieux voire malin, féru de sciences et de littérature qui ne laissera pas le Sir de Rais insensible ! C’est ainsi que Prelatti s’installe luxueusement à Machecoul, au gîte du Maréral et lorsque Gilles le presse d’invoquer les puissances infernales, le Florentin n’est guère pressé (au contraire même). Prelatti préfère jauger et se jouer de son hôte, un personnage qu’il considère comme étant aussi sadique que naïf, un pervers aux abois. Attention, les finances du Maréchal sont certes désastreuses mais celui-ci possède toujours ses châtellenies et baronnies de Machecoul, de Tiffauges et de Pouzauges (où vivent sa femme et leur fille) ainsi que son hôtel de la Suze à Nantes. Prelatti en a conscience et gagnant petit à petit la confiance du Baron, il compte bien extorquer  l’intégralité de ses fortunes et de son patrimoine !

 

 

Après plusieurs semaines de débauches et d’oisiveté, en 1439, Prelatti tente une ultime invocation mais les forces des  ténèbres refusent obstinément d’apparaître (Le maître des enfers est-il si capricieux ? Pourquoi se fait-il autant désirer ?). Gilles de Rais est déçu voir déprimé… en peu de temps, son état de santé se détériore ; il n’est bientôt plus que l’ombre de lui-même. Ses débauches, ses excès de table et de luxure  et l’alcool l’ont détruit ! Il est dit que dans ses rares moments de lucidité, Gilles de Rais est désormais rongé par les remords, qu’il réalise sa méprisable et monstrueuse condition et qu’il envisage son irrémédiable déchéance (certains historiens disent de lui qu’il aurait été capable, à ce moment-là, d’entreprendre un pèlerinage jusqu’au Saint Sépulcre à Jérusalem et qu’il se serait tourné vers son frère et sa femme, qui auraient alors refusé de l’aider).

Vers la fin de l’année 1439, le Maréchal fait l’objet d’une enquête sévère instituée par les hautes sphères du pouvoir ecclésiastique. lors de cette enquête paroissiale, intervient directement Jean de Metz qui parvient à établir une certaine corrélation entre les nombreux témoignages des parents éplorés et l’usage de l’art et des sciences de la nécromancie dans les différentes propriétés du Maréchal. Cependant, les rumeurs ne pouvant faire office de preuves, celles-ci sont insuffisantes pour arrêter le Baron. qui jouit toujours de son titre de Maréchal de France. Il faudrait un prétexte, à Jean de Metz, pour pouvoir le mettre aux arrêts ; Gilles de Rais ne tardera pas à lui en donner l’occasion.

Début 1440, Gilles de Rais se départit de ses derniers domaines dont sa Seigneurie de Saint-Étienne-de-Mer-Morte, qu’il vend à Guillaume le Ferron, un proche du Duc de Bretagne. Guillaume y installe son frère, un clerc tonsuré, mais le nouveau propriétaire tarde à honorer sa dette ; ce qui met son créancier, Gilles de Rais, en colère (ne jamais se disputer avec un ogre). Le 15 Mai 1440, le jour de la Pentecôte (hasard, je ne pense pas), le Maréchal et une bonne poignée d’hommes armés (et assoiffés de sang) envahissent la Chapelle de Saint-Etienne-de-Mer-Morte et s’en prennent violemment à Jean le Ferron ; ils l’humilient, le traînent au sol, le battent et l’emprisonnent au Château sous la garde des soldats de l’armée personnelle du Maréchal. L’affaire est trop grave pour être « classée sans suite ».  Gilles de Rais vient de s’aliéner le pouvoir ecclésiastique, il a violé un lieu saint et s’en est pris à un membre du clergé, double sacrilège qui entraîne l’excommunication ; de plus, Jean le Ferron emprisonné comme un brigand relève de l’autorité de Jean de Metz, l’Evêque de Nantes. Voilà l’occasion qu’attendait l’Eglise pour porter des accusations… Informé des maladresses impardonnables du Maréchal, Jean V le Duc de Bretagne, impose au Maréchal une amende de plusieurs dizaines de milliers d’écus d’or royal. La somme est une véritable fortune que le Baron ne peut honorer compte tenu de ses dettes et de sa situation financière plus que critique. Comprenant sa position et accablé, il fuit vers ses dernières propriétés de Tiffauges où, « incapable d’échapper à ses vieux démons », il tue encore des jeunes écuyers et de puérils pages…

Pendant ce temps, le Duc de Bretagne fait saisir les propriétés de Saint-Etienne-de-Mer-Morte et fait libérer Jean le Ferron. Désemparé, Gilles de Rais demande une réduction de l’amende  qui l’accable… l’inflexible Jean V refuse ! De surcroît, il a eu vent des agissements du Maréchal à la suite de l’enquête, des crimes inavouables compte tenu de leurs natures : atroces, sournoises et totalement abominables ! Les faits alors reprochés sont extrêmement sérieux, plus de place aux doutes, les preuves sont plus qu’accablantes !

A  Machecoul, Etienne dit Poitou et Roger de Bricqueville, deux de ses plus fidèles sbires profitent de son absence pour répandre le mal avant de tenter de s’enfuir définitivement ! La chute est imminente, l’étau ne cesse de se resserrer… Le Maréchal, espérant encore et toujours de l’alchimie et des voix démoniaques, entreprend de faire plusieurs navettes entre Tiffauges et Machecoul tout en répandant  une traînée  de cadavres derrière lui. Il décime des enfants, encore et encore, dans l’ultime espoir de pouvoir arranger les choses ! La culpabilité du Maréchal ne fait plus aucun doute, s’il subit l’arrestation de Jean V, son procès sera à la fois religieux et civil ; l’Eglise  jugera l’affaire de St-Etienne de Mer Morte et les ablutions diaboliques, et le Bras Séculier s’occupera des me urtres d’enfants.

Le 13 Septembre 1440, l’Evêque de Nantes lance un mandat d’arrêt contre le Sieur de Rais, dans le texte officiel (à en croire les sources et archives de la Loire-Atlantique à ce sujet), il est question des nombreux crimes d’enfants  et surtout d’hérésie, crime passible de la peine de mort.

Quelques jours plus tard, des soldats se présentent à Machecoul ; le Maréchal n’oppose aucune résistance à son arrestation.  Ses misérables cafards,  lui servant de rabatteurs, sont eux-aussi mis aux arrêts et incarcérés dans les cachots sombres et humides du Palais du Cale à Nantes ; quant au Maréchal, il est enfermé dans un appartement spacieux de la  Tour Neuve. Concernant les rabatteurs en cavale , les avis de recherche se multiplient et sont placardés d’un bout à l’autre de l’Anjou.

Le 19 Septembre 1440, s’ouvre le procès du Baron et de ses complices… Jean de Metz, à titre d’Evêque de Nantes, mène le procès d’Eglise ; Pierre de l’Hôpital, Président de Bretagne, assure le procès séculier. Les audiences se tiennent au Château de la Tour Neuve. Loin d’être à huit clos, les notables des environs et personnes d’influence se sont toutes réunies pour assister à ses aveux et révélations. D’abord les révélations des victimes, les parents viennent raconter les circonstances entourant la disparition de leurs enfants, suivent les aveux des criminels… Si Eustache Blanchet et Francesco Prelatti laissent planner un certain mystère sur les meurtres d’enfants, les propos des chambriers Henriet et Poitou, eux, sont sans équivoque… ils avouent tout : enlèvements, abus, meurtres (dont le mode opératoire pour disposer des corps). Rien n’est oublié, les révélations sont d’autant plus accablantes, qu’ils  relatent les faits sans chercher à se disculper. Quant à Gilles, il fait preuve d’une arrogance surprenante dans les circonstances ; pour lui, ce procès est un véritable cirque, il ne reconnaît  pas l’autorité de ses juges qu’il accuse au passage d’usurpateurs  et de débauchés !

 

 

Qui sont-ils, en effet, pour le juger lui, Gilles de Rais, Seigneur de la Vale, de Pouzauges et de Machecoul, Maréchal de France et Lieutenant Général de Bretagne ? Mais, en un éclair, Gilles de Rais ravale son orgueil, ses mensonges et ses ardeurs… Sanglotant et s’agenouillant, le Maréchal préfère avouer plutôt que de risquer la torture et damnation éternelle : tout a commencé selon lui, dans la solitude de Champtocé, peu de temps après la mort de son grand aïeul Jean de Craon en 1432… il reconnait ses luxures, ses vices, ses abus et ses crimes. Quant au nombre de ses petites victimes, il dit l’ignorer… des centaines, peut-être des milliers. Les détails sont si horribles que Jean de Metz décide de voiler le crucifix suspendu au mur du tribunal. A l’issue  des audiences, Eustache Blanchet est libéré, Prelatti et le Meffraye sont condamnés à la réclusion perpétuelle… Gilles et ses deux plus fidèles sbires Poitou et Henriet sont condamnés à la pendaison et au bûcher . Leur exécution est fixée au 26 Octobre  1440 !

Le 26 Octobre 1440, c’est une foule immense qui est rassemblée pour s’assurer « du châtiment de l’ogre » ! Il est dit que dans cette foule, « les cœurs étaient partagés ». À la suite des dernières paroles du Maréchal destitué, à la suite de ses premières et dernières excuses, ces gens qui, la veille encore pleuraient leurs enfants disparus, avaient fini par prier pour l’âme du Baron, ils lui avaient alors tout pardonné, miséricordieux ! A leur tour, ses acolytes Henriet et Poitou, qui n’ont rien manqué de l’exécution de leur maître, sont pendus et brûlés ; le tableau est complet. En cette heure solennelle, trois gibets se dressent dans la plaine : le Maréchal pendu au milieu de ses deux sbires… (Comment ne pas faire le rapprochement ? Et si… la passion du Baron était un signe du divin ?)

Pendant des siècles, des pèlerins vont venir se recueillir sur la tombe du Seigneur de Rais, symbole de rédemption ; puis, à la Révolution Française, des sans-culottes ravageront la crypte et répandront au vent et dans les eaux de la Loire les restes des Princes de Bretagne incluant ceux du Maréchal. Pendant un temps, subsistera encore un petit monument érigé par Marie de Rais sur les lieux du supplice de son père.

En passant devant ce petit édifice, les parents diront à leurs enfants : « c’est ici qu’a été brûlé La Barbe-Bleue ».

Marie de Rais n’a que dix ans lors de l’exécution de son père (1440). Elle aurait songé à entreprendre des démarches de réhabilitation mais y aurait rapidement renoncé, tellement la cause lui paraissait indéfendable. Dans une interminable saga juridique pour essayer de récupérer les domaines de son père, ceux-ci ayant  été confisqués illégalement ou vendus  en dépit de l’Edit Royal ; elle parviendra, avec l’aide de son beau-père, Jean II de Vendôme, Vidame de Chartres, à sauver les domaines de Pouzauges et de Tiffauges. Après une triste vie, elle mourra en 1457, seule et sans enfant…à 27 ans à peine .

Que pouvons-nous dire de la Barbe-Bleue à l’Epoque Contemporaine ?

Gilles de Rais est sans contredit  l’un des personnages les plus étonnants et énigmatiques de l’histoire de France… Faut-il s’étonner qu’au fil des siècles, le Baron ait été identifié au terrible Barbe-Bleue de Charles Perrault ?

De nos jours, les crimes de Gilles de Rais semblent si épouvantables qu’il est difficile de ne pas douter de leur réalité historique. A en croire ses biographes, l’infâme  Baron aurait assassiné ou fait assassiner plus de 500 enfants… ! L’affaire paraît si inconcevable que certains historiens ont crié à la supercherie. Pour eux, Gilles aurait été la victime d’une machination judiciaire hourdie par ses puissants adversaires pour s’approprier ses terres et seigneuries…

Au début des années 1990, les tenants de ce scénario ont tenter d’initier un procès en réhabilitation pour Gilles de Rais. L’idée était de questionner la crédibilité du tribunal de 1440. Jean de Metz III (Evêque de Nantes) et Jean V (Duc de Bretagne), des nobles qui convoitaient les propriétés du Maréchal, étaient-ils des juges impartiaux ? Les aveux les plus incriminants étaient-ils recevables ? Mis à part les aveux arrachés à ses serviteurs, quelles preuves les procureurs de l’époque ont-ils présentées contre Gilles ? En définitive, le Baron a-t-il eu droit à un procès juste et équitable ?

Certains écrits historiques comportant les aveux de ses rabatteurs/serviteurs affirment également « qu’on retrouva à Machecoul, après le recouvrement de ladite place qui avait été prise par le Sir de la Suze, près de 80 enfants morts qui furent également brûlés au dit-lieu de Machecoul ».

Même en extrapolant à partir de ces écrits, il serait très improbable que le nombre de ses victimes ait dépassé 200. En revanche, ces comptes-rendus, ces témoignages et ces aveux ne laissent aucun doute à la culpabilité du Maréchal… Considérant l’ignominie de ses crimes et la vulnérabilité de ses victimes, Gilles de Rais apparaît effectivement comme le plus grand criminel connu de l’histoire de France (de l’époque). Il faut rappeler qu’il ne s’agit pas ici de crimes de guerre comme ceux commis par les bourreaux des camps d’extermination nazis, des goulags russes ou des génocides politico/socio-idéologiques.  Il est question, en l’espèce, de meurtres d’enfants orchestrés et exécutés par un pédophile psychopathe . Si une personne mérite de figurer dans la galerie des monstres humains, c’est bien Gilles de Rais… Que les juges du tribunal ecclésiastique et séculier de 1440 n’aient pas été impartiaux comme l’ont soutenu ses défenseurs en procès en réhabilitation est une chose ; mais, faire passer Gilles de Rais d’assassin à victime en est une autre… S’il est vrai qu’aucun reste macabre n’a été présenté en preuve… Que dire des dizaines de parents qui sont venus témoigner  de la disparition de leurs enfants ? Ces gens n’avaient rien à gagner de l’exécution du Maréchal… Pire, certains d’entre eux vivaient à l’époque sur des terres qui, même après l’exécution du Baron, sont restées dans le Patrimoine de la Famille de Rais ! Si les meurtres d’enfants n’étaient qu’une fabulation, ces pauvres paysans auraient-ils risqué  de se mettre à dos les héritiers de leur seigneur féodal ? La concordance des témoignages est hélas trop morbide et surtout trop incriminante pour avoir été inventée…

Les Questions Malaisantes de l’Avocat du Diable, Prince de l’Humour Noir (But :Vidéo ou Podcast à initier) :

• Gilles de Rais était-il réellement le pire « sérial killer » de l’histoire du Moyen-Age ?
• Pourquoi un illustre Maréchal de France, un véritable Seigneur Vendéen, s’abaisserait à commettre des crimes passibles de peine de mort en commettant les pires atrocités sur des enfants ?
• Le viol, la torture et la magie noire sont-ils des crimes avérés ?
• Quelles sont les « frontières du Droit de Cuissage » ? Gilles de Rais en avait-il été informé ?
• Gilles de Rais ne serait pas un « Christian Grey » de l’époque médiévale ?
• Les crises de démence du Roi (Charles VI) à l’époque pourraient-elles expliquer la tendance de certains à la décadence et l’attrait pour certains penchants inavouables ? Si le Roi est pris de folie, pourquoi pas le peuple ?
• Les guerres civiles qui déchirent la France au début du XVème siècle ne seraient-elles pas à l’origine de faits de violence aussi bien publics que privés ?
• Le contexte familial (parents absents car décédés très tôt, tuteur cruel débauché sans scrupule violent) pourrait circonstancier (atténuer) la déchéance de Gilles de Rais ?
• L’absence d’amour pour Catherine de Thouars pourrait-il expliquer le manque d’attrait pour la gente féminine ?
• Les services de Gilles de Rais en tant que Maréchal de France (exploits stratégiques et guerriers) ne suffisent-ils pas à lui permettre quelques « libertés » peu communes ?
• La mise à mort de la sainte Jeanne d’Arc ne serait pas le point de départ de la chute de Gilles de Rais dans les sombres abysses sataniques ?
• La condamnation de Jeanne d’Arc n’aurait pas déclenché une dépression chez Gilles de Rais ? Après avoir prié Dieu pour une libération, il serait sûrement tenté de la faire revenir par l’alchimie et la quête de la pierre philosophale ?
• La fortune du Maréchal n’attirerait pas les mauvaises intentions et les convoitises de ses voisins ? Plus particulièrement le Duc de Bretagne ?
• L’ennui de la campagne, sans guerre, sans ville et sans stress ne pousserait pas le Maréchal à pratiquer des activités un peu plus « stimulantes » ? La « retraite » lui plaisait-elle ?
• Gilles de Rais ne serait-il pas simplement le premier homme le plus endetté de France, le poussant alors à trouver de l’argent par n’importe quel moyen ? Maréchal de France, est-ce une bonne situation (financière) ou incombe-t-il de devoir faire trop de dépenses pour lever une armée ? Gilles de Rais avait-il appris à gérer ses biens et ses finances ?
• L’alchimie n’était-il pas juste un moyen pour « rendre le monde meilleur » ? Gilles était-il trop naïf de par son entourage et les pratiques choisies ?
• Le Diable dormait peut-être lors des appels de Gilles de Rais, non ?
• Gilles de Rais comprenait-il les abus qu’il faisait subir aux enfants ? En recommençant, se rendait-il compte du mal infligé ? Ou, pensait-il faire preuve de bienveillance à l’égard de ses victimes ?
• Les accusations de meurtres d’enfants, viols, de sodomies, d’hérésie, d’invocations de démons, d’offenses à la majesté divine étaient-elles fondées ? Les instances séculières et ecclésiastiques ont-elles des preuves ?
• Les aveux de ses complices arrachés sous la torture sont-ils admissibles compte tenu des moyens mis en œuvre pour obtenir la vérité ?
• Les parents des centaines de victimes avaient-ils vraiment besoin de leurs enfants ? Ne peinaient-ils pas à les nourrir (comme dans un autre conte avec un ogre) ?
• La pendaison et le bûcher étaient-ils vraiment nécessaires au regard de ces crimes ? Les parents des enfants ne pouvaient réellement pas pardonner le Maréchal de France ?
• Les rumeurs infamantes de disparitions d’enfants sont-elles fondées ? Ou, ont-elles été vociférées sur fond de conflits d’intérêts stratégiques et fonciers ?
• Le nombre exact et la véritable nature des supplices infligés par le Baron n’étant pas vraiment connus… une peine peut-elle être prononcée ?
• La moralité de l’histoire de Charles Perrault ne fit-elle pas de Barbe Bleue un héros dans son genre ?
• Gilles de Rais, passionné par les princes païens n’essayait-il pas, tout simplement, d’imiter les us et coutumes de ces-derniers en « jouant avec les enfants et en les mettant en avant » ?
• Les historiens ne feraient-il pas mieux de nuancer les crimes de Gilles de Rais pour se concentrer sur ses exploits héroïques lors des sanglantes guerres franco-anglaises ?
• Le traité de Troyes (Le traité de Troyes est un traité signé le 21 mai 1420 à Troyes entre Henri V d’Angleterre et Charles VI de France, faisant du premier l’héritier légitime du second) n’est-il pas à l’origine de toute cette débâcle ? La faute ne reviendrait-elle pas à « Charles, le Fol/Fou » ?

 

Sources :

Vidéos et Podcasts :

• CAZACU : M. CAZACU, La conférence « Gilles de Rais Barbe-Bleue » (Archives départementales de la Loire Atlantique, 4 février 2020), 2020, URL : https://archives.loire-atlantique.fr/44/-audio-gilles-de-rais-barbe-bleue/c_35380
• DEUTSCH : L. DEUTSCH, “Barbe Bleue” : la face cachée de Gilles de Rais, 2021, RTL Culture Podcast, URL : https://www.rtl.fr/culture/culture-generale/barbe-bleue-comment-gilles-de-rais-est-devenu-l-un-des-plus-grands-tueurs-du-moyen-age-7900065299
• FERRAND : F. FERRAND, « Au cœur de l’histoire : Gilles de Rais », 2022, URL : https://youtu.be/05qF0rYkLkI
• PAGE : C. PAGE, « L’univers paranormal » , 2023, Deezer Podcast, URL : https://deezer.page.link/joAMfG8Na7XjY4ir6

Livres, Articles et Archives :

• BAYARD : J-P. BAYARD, Plaidoyer pour Gilles de Rais, maréchal de France, 1404-1440, 1992.
• CAZACU : M. CAZACU, « La Barbe Bleue, histoire d’un conte », dans la revue 303, n° 164, 2021 (Archives Départementales de la Loire Atlantique Per 345 / 21)
• JACOB : P.L. JACOB, « Le maréchal de Rays », Édition autorisée pour la Belgique et l’étranger, interdite pour la France.
• PERRAULT : C. PERRAULT, « La Barbe-Bleue », Cahiers jungiens de psychanalyse, 2017/1 (N° 145), p. 87-91. DOI : 10.3917/cjung.145.0087. URL : https://www.cairn.info/revue-cahiers-jungiens-de-psychanalyse-2017-1-page-87.htm
• PROUTEAU : G. PROUTEAU, Gilles de Rais ou la gueule du loup, 1992.
• TOUREILLE : V. TOUREILLE, Crime et Châtiment au Moyen Age. Le Seuil, « L’Univers historique », 2013, ISBN : 9782020944663. URL : https://www.cairn.info/crime-et-chatiment-au-moyen-age–9782020944663.htm

 

 

 

Etienne Cléryan HOAREAU, Master 1 Histoire et Sciences sociales du Politique. Mémoire sous la Direction de M. VIGNA Xavier

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