Image d’illustration : Photo de Hassan Sylla Bakary (à droite) et d’Ahmat Moussa Abdoulaye (à gauche).

Dans le cadre de ma recherche pour l’obtention de Master, j’ai fait un entretien en présentiel avec Hassan Sylla Bakary, porte-parole du Mouvement Patriotique du Salut (parti au pouvoir.)  De passage à Paris le 11 février 2023, l’enquêté nous livre sans langue de bois l’histoire politique du Tchad des années 1990 à nos jours. Malgré le court temps accordé, j’ai pu lui poser les questions qui me paraissent essentielles et qui me permettront de faire mon analyse.  Voici les questions réponses. 

 

La démocratie tchadienne est elle venue d’ailleurs ? 

Hassan Sylla Bakary (HSB) : Je m’inscris en faux, car la démocratie tchadienne est l’œuvre des Tchadiens ont soif de la liberté et fatigués de la dictature du régime de l’ancien président Hissein Habré. Elle est la volonté de tout un peuple. C’est ainsi que le Président Idriss Deby, ancien compagnon du Président déchu, décide de s’emparer du pouvoir. 

 

La longévité du Président Idriss Deby est– elle due grâce à une grande branche de l’armée qui est plus proche de lui ? 

 HSB : Le président bénéficie d’une grande popularité auprès de la population. Il est réputé comme le père de la démocratie tchadienne. En ce qui concerne l’armée, elle était composée de plusieurs communautés du Tchad. D’ailleurs, elle est en dehors du débat politique et du pouvoir. La ténacité et la bravoure lui ont valu d’être une personnalité à part entière même au-delà de notre frontière. 

 

La Télévision Tchadienne a été réputée plus proche du régime au pouvoir, en plus, elle était considérée comme un média de propagande, quel commentaire faites-vous ? 

HSB : Pas du tout, la télé Tchad est aux ordres de la Haute Autorité des Médias et Audiovisuelles, c’est elle qui dirige toutes les institutions publiques et privées de l’Etat. Ce n’est plus le parti au pouvoir, qui est au contrôle des médias. Si l’opposition est incapable de revendiquer ses droits, ce n’est pas notre parti qui va défendre l’intérêt de celle-ci. 

 

Pourquoi à la disparition de Deby père, le Président de l’Assemblée nationale a désisté d’assumer la responsabilité et pourtant la constitution l’autorise ?  

HSB : Vue la situation qui prévalait après le décès de Deby père le climat n’était plus propice pour qu’il puisse assumer la présidence. C’est ainsi qu’après plusieurs concertations, les militaires ont décidé de désigner le fils de l’ancien Président défunt. 

 

Quels étaient les atouts du régime, pour gouverner le Tchad, pendant une trentaine d’années ?  

HSB :  Il faut reconnaître que le parti au pouvoir est un parti qui est représenté dans toutes les vingt- trois provinces du pays. Ces représentations lui ont permis de cimenter sa politique et d’unir les Tchadiens. C’est ainsi qu’il a mis fin la politique de l’opposition divisée et sans réel programme électoral. Notre force vient aussi des partis alliés. Nous comptons une centaine d’alliés à chaque période électorale, cela renforce davantage notre politique. A cela s’ajoutent les moyens financiers dont nous disposons et qui étaient notre atout. 

 

Le Président Deby a dirigé le Tchad depuis plus trois décennies au pouvoir sans partage, après son décès tragique en avril 2021, c’était son fils qu’il le remplace. Est ce que le président défunt   est- il pris en otage par ses proches, à défaut de l’alternance ?  

HSB : Jamais, il n’a aucune main invisible derrière lui. Il est seul responsable de ce qu’il fait. Il n’a aucune opposition extérieure qui le manipule pour diriger le Tchad. Si tel était le cas, pourrait- il être sollicité par les partenaires internationaux ?   

 

Pourquoi les diasporas tchadiennes de France ont été privé de voter en 2021 ? 

HSB : Les raisons principales étaient d’ordre administratif. D’abord, le recensement était programmé avec un grand retard. Pour recenser, il faut se déplacer d’une ville à une autre. A cela s’ajoutent les moyens, mais aussi connaître le nombre de nos ressortissants. Aujourd’hui, on en compte à peu près 600. 000 à 700. 000 de nos ressortissants en France.   

 

Merci beaucoup de m’avoir accordé cet entretien malgré vos multiples occupations. A BIENTÔT.

 

 

Ahmat Moussa Abdoulaye, Master 2

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