Il n’est pas évident de retracer le parcours et la carrière d’Hans Mayer, tant celle-ci fut remplie de travaux et de recherche considérable. Notons qu’il est l’expert international sur les l’histoire des Croisade, ce qui lui a permis d’enseigner dans de grandes universités, et d’être élu et honoré à la prestigieuse American Philosophical Society en 1978. Il nous faut ici nous contenter de brièvement mentionner les aspects les plus importants à la compréhension de cet ouvrage qui fut le produit d’un long travail au cours d’une carrière émérite. Grand historien des Croisade et du Royaume latin de Jérusalem, Mayer a été à l’origine de plusieurs des grands travaux sur le sujet, travaux qui sont souvent des références en la matière, mentionnons son ouvrage Die Kanzlei der lateinischen Könige von Jerusalem publiée en 1996 et qui fait office de Bible sur l’étude de la chancelerie du Royaume latin. Au sujet des actes eux-mêmes, Mayer a travaillé sur ces derniers dès les années 1960, et leur consacre une place importante parmi les sources utilisables pour l’étude du Royaume de Jérusalem.

C’est donc en 2010 qu’il édite une œuvre monumentale en 4 volumes, nommé Die Urkunden der lateinischen Könige von Jerusalem, qui rassemble chronologiquement l’ensemble des actes royaux des souverains de Jérusalem. Ce travail colossal trouve sa place dans les Monumenta Germanie Historica, plus précisément il est le dernier ajout de la série Diplomata qui comme son nom l’indique est dédié aux actes, chartes et diplômes. Malgré l’existence de plusieurs travaux regroupant ces sources, c’est seulement récemment qu’une édition complète, qui regroupe ainsi tous les actes réalisés par les souverains. Le travail de Mayer est d’autant plus impressionnant et intéressant que ce ne sont pas seulement les actes royaux que nous retrouvons dans l’édition, mais aussi des actes formulés avant l’investiture des souverains, comme ce fut le cas par exemple pour les souverains sans couronne ou pour les comtes et comtesses de Jaffa-Ascalon.  Ainsi, il propose 836 actes recensé -qui constitue la séquence principale étudiée-, précisions que parmi ces derniers il note 266 textes complets, 31 co-expositions, 322 documents perdus, 267 consensus et à cela il faudrait enlever les 50 consensus perdus, ce qui nous donne le chiffre de 836. Pour le côté pratique et la compréhension, il nous faut revenir rapidement sur la disposition des actes dans l’édition. Mayer attribue un numéro à chaque acte -suit un schéma classique de numérotation suivant l’ordre des souverains et un ordre chronologique-. Nous observons par ailleurs, qu’après certains d’entre eux Mayer met à disposition des éditions/transcriptions après la mention et les notices. Malheureusement l’ajout non systématique de transcription des actes est la faiblesse de ce travail. Bien que les notices soient détaillées et les notes de l’historien plus qu’intéressantes, avisées et enrichissantes, leur absence ne nous permet pas d’analyser et critiquer la source pour nous-mêmes, surtout dans les cas où ses dernières se trouvent dans des fonds d’archives (non numérisés) à l’étranger.

Malgré tout, son travail nous permet de faire l’état archivistique   des actes royaux du Royaume latin, et de dessiner les grandes lignes afin de faire un constat général de l’ensemble des actes. Pour les originaux, nous constatons une faible portion d’actes conservés jusqu’à nos jours. Une majeure partie d’entre eux nous sont parvenus via d’anciens fonds d’archives d’institutions religieuses. La plupart d’entre eux semble se trouver aujourd’hui dans différents centres d’archives – principalement méridionaux – dont une partie des actes par exemple pour la reine Sibylle à là de Bibliothèque nationale de Malte à La Valette. D’autre part, des copies des originaux sur la forme de transcription ont pu nous parvenir ici aussi souvent grâce aux institutions religieuses, notamment avec des actes conservés par des ordres religieux ou encore des cartulaires comme celui du Saint-Sépulcre -qui fut l’objet d’une édition en 1984 par Geneviève Bresc-Bautier. Nous avons également reçu des actes qui été l’objet de copies jusqu’à l’époque Moderne (allant jusqu’au XVIIe siècle). Tout de même, nous sommes forcés de constater qu’une grande quantité d’actes sont perdus, que ce soit par destruction – de toutes périodes- ou par problèmes de conservation archivistique. Cela ne nous empêche pas d’étudier les actes qui nous sont parvenus, et non seulement de tenter un renouvellement des études sur le Royaume -tout au long de son existence- mais aussi de traiter des aspects qui ont pu être jusqu’alors négligés.

Ainsi par ce travail, qui est vu comme celui d’une carrière, Mayer a fourni à l’ensemble de la communauté des historiens – en particulier ceux travaillant sur le Royaume de Jérusalem- un travail qui ouvre de nouvelles possibilités de recherche. Et cela dans différentes thématiques historiques, telles que l’histoire ecclésiastique et des ordres militaires qui constituent la majorité́ des destinataires d’actes, mais aussi l’histoire économique, avec les relations entre les villes de la Méditerranée et le royaume latin de Jérusalem. C’est aussi l’occasion de se poser de nouvelles questions, que ce soit sur ces documents en tant qu’archives (par exemple l’histoire du document et de sa conservation) ou encore sur l’utilisation de ce document normatif dans le Royaume de Jérusalem. Tant de nouveaux sujets de recherche sur un sujet qui n’a cessé d’être l’objet de travaux.

 

 

Janna BELMAHDI, Master1 Histoire et civilisations anciennes et médiévales. Mémoire d’histoire Médiévale sous la direction de Matthieu Rajohnson

 

 

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