La technique de labour dans l’ancien programme agricole est régie par une loi stricte et des règles importantes qui doivent être suivies pour le succès de ce processus. Après que l’agriculteur a pris connaissance du type de sol, il choisit la technique appropriée qui varie selon le labour profond ou superficiel, ainsi que la nature du sol et le type de culture qui détermine le nombre de temps de labour.

Le choix des animaux

Cette sélection de l’animal approprié pour le labour est soumise à des critères précis qui diffèrent selon la nature du sol. Il faut noter que la plupart des textes font référence à l’utilisation d’un attelage de bœufs au lieu d’ânes, car ils ont une plus grande force, tandis que les chevaux sont considérés comme des animaux de luxe. Concernant le nombre d’animaux utilisés nous signalons que d’après les textes des agronomes latins on trouve souvent la mention d’un attelage de deux ou trois bœufs ; Varron a déclaré qu’il utilisait trois bœufs pour labourer la terre pour les olives. Tout cela varie selon la nature du terrain. Quant aux ânes, ils servent à transporter le fumier et à faire tourner le moulin.¹

Cela explique que le choix de trois bœufs pour labourer une terre destinée à l’olivier est dû au fait que cette dernière a besoin d’un labour profond, contrairement aux terres destinées aux céréales qui ont besoin seulement d’un labour léger par rapport aux oliviers ou autres arbres qui ont des racines profondes. Quant aux ânes, il a été mentionné qu’ils sont davantage utilisés pour porter des poids,d’une manière générale, on conclut que les textes indiquent que les bœufs ont été largement utilisés dans les labours, et on ne trouve que peu d’indications sur l’utilisation d’ânes ou de chevaux, ces sources sont consacrées pour une grande partie à l’attelage de bœufs ; leurs caractéristiques, leurs critères de sélection, leur régime alimentaire, voire leur traitement des maladies. D’autre part, nous constatons que Varron ajoute un autre critère pour choisir l’animal approprié pour le labour, à savoir la disponibilité du fourrage, car il est facile de fournir du fourrage aux ânes, contrairement aux bœufs.²

Les sources de l’agriculture latine, sur lesquelles nous nous sommes appuyées, accordent une grande attention aux critères de sélection de ces bœufs, nous constatons que Varron a abordé les spécifications morphologiques qui doivent être disponibles chez les bœufs de labour, dont la première est que son âge ne soit pas plutôt  moins de trois ans ni plus de quatre ans, et qu’ils sont forts et de forme rapprochée, avec des cornes larges et noires, un front large, des narines arrondies, une poitrine large et des épaules épaisses.³

Entraînement à la charrue

Après avoir sélectionné les bœufs appropriés, ils doivent d’abord être entraînés au labour, car ce processus nécessite le respect de certaines règles. Ils sont progressivement apprivoisés au labour en mettant de l’eau et du fourrage dans le sol pour qu’ils se baissent pour manger, et sont entraînés d’abord sur un terrain plat sans charrue, puis avec une charrue légère sur un sol sablonneux ou léger.

Une fois que les bœufs ont passé cette étape, ils sont effectivement utilisés dans le processus de labour, selon une technique spéciale où les bœufs doivent être attachés de la manière la plus courte possible afin que leurs têtes soient relevées. Cela est confirmé par Columelle, car les bœufs seront étroitement unis, de sorte qu’ils marcheront le front haut, mieux installé sur leur tête, car ils ont plus de force dans leur tête, leur poitrine ou leur cou que dans leurs cornes.⁴

Labourer et tracer des sillons

Pour un bon labour, il faut tracer des sillons sous forme de lignes qui doivent être droites et verticales, et les parties du sol ne doivent pas être laissées en friche. Ils doivent également être creusés profondément⁵ . Le sillon est tracé complètement sans s’arrêter, et la mesure normale pour un labour est de neuf doigts de profondeur, soit un jugère par jour. Quant au deuxième labour, un jugère et demi si le sol est facile, mais si c’est le contraire, un demi-jugère au premier labour et un au second, et les sillons sont tracés verticalement sauf dans les collines quand le labour est fait. Parfois, dans les montagnes, le labour fait avec des haches, ou des hommes tirent la charrue au lieu de bœufs, et cela est le premier indice que certaines personnes, selon leur force physique, tirent la charrue à la place des bœufs.

 L’agriculteur laboure en position courbée et nettoie le rail de la charrue avec une perche avec un grattoir au bout, tout en ne laissant pas de mottes de terre entre les sillons, La terre bien labourée est celle dans laquelle il n’est pas possible de savoir où passent les rainures, c’est-à-dire l’absence de couches solides de sol.⁶

La longueur des rainures ne doit pas dépasser cent vingt pieds. Il faut également veiller à ne pas laisser de sol sain entre eux. Et tous les blocs sont cassés à la pelle. Les agronomes recommandent de ne pas labourer un champ boueux ou mouillé de pluie légère après de longues périodes de sécheresse ; parce que la terre boueuse est difficile à labourer, le degré d’humidité du sol doit être pris en compte et il ne doit être ni boueux ni stérile.⁷

Prendre soin des animaux de labour

Les sources nous ont permis de connaître le soin que l’agriculteur accorde aux animaux de labour afin qu’ils puissent mieux s’acquitter de leur tâche.

Caton fait référence au type et à la quantité de fourrage, car les bœufs reçoivent la moitié de la quantité de fourrage pour chaque bœuf par jour, la quantité d’un demi-modi de raisin et vingt-cinq livres de foin pour chaque bœuf.

Lorsque le fermier desserre ses bœufs après le travail, il frotte les parties comprimées en pressant leur dos avec sa main, ’elle ne colle au corps, et leur cou est également frotté. Lorsqu’il est temps de leur donner à manger, il ne leur donne pas une portion complète, mais il les distribue les distribue petit à petit. Et après avoir mangé, ils sont conduits à l’abreuvoir, où ils seront encouragés à boire en sifflant.⁸

Les textes nous ont aussi fourni des recettes préventives et curatives afin de protéger les bœufs contre les maladies ; parmi ces recettes qui sont données aux bœufs lorsqu’ils sont en bonne santé : trois grains de sel, deux feuilles de laurier, trois brins de poireaux, trois gousses d’ail, en plus d’autres herbes, et données à jeun. Cette dose est administrée à chaque bœuf pendant trois jours.⁹

Certaines des boissons données aux bœufs pour les maintenir en bonne santé ont également été décrites, comme le blé d’amidonnier et le thym sauvage mélangés au vin. Il faut également veiller à ce que les bœufs boivent une eau propre et bonne.¹⁰

Prendre soin de la santé des bœufs ne comprend pas seulement leur régime alimentaire, mais également faire des offrandes aux dieux pour les maintenir en bonne santé. Caton a décrit un exemple de ces sacrifices : ” offrir pour chaque bœuf trois livres d’amidonnier, quatre et une demi-livres de lard, quatre mesures et demie de viande et trois quarts de vin ; ces ingrédients sont placés dans un bol et ce sacrifice est offert par un esclave ou un homme libre”.¹¹

Salama Ouslimane

M1 histoire des mondes antiques et médiévaux EAD

Projet de recherche sous la direction de Monsieur Hervé Inglebert

1. Varron, Économie rurale, I, 19. [↩]
2. VARRON, Économie rurale, I, 19. [↩]
3. Ibid, I, 20. [↩]
4. Columelle, De l’agriculture, II, 2. [↩]
5. Ibid, II, 2. [↩]
6. Ibid, 179. [↩]
7. PALLADUIS, L’Économie rurale, III, 3. [↩]
8. Columelle, De l’agriculture, II, 3. [↩]
9. Caton, De l’agriculture, 70. [↩]
10. Ibid, 73. [↩]
11. Caton, De l’agriculture, 83 [↩]

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