Proposition I

Certains conflits circonscrits comme annonciateurs de conflits internationaux : une analyse prospective

Massacre de Wassy (1562) Musée virtuel  du protestantisme

· Objectif : Analyser la guerre comme un phénomène social et politique complexe.

· Approche : Étude des causes profondes, des phases et des impacts des conflits sur les sociétés et les relations internationales.

Résumé :

Les conflits longs sont caractérisés par une temporalité longue, une escalade de la violence et une radicalisation des positions.

· La Guerre de Guyenne a révélé des tensions persistantes et des revendications territoriales non résolues qui ont contribué à la Deuxième Guerre de Cent Ans.

· Les Guerres de Religion en France ont préfiguré la Guerre de Trente Ans en raison des tensions politiques et sociales profondes et de l’implication de puissances étrangères.

· La Guerre d’Espagne a servi de prélude à la Seconde Guerre Mondiale par l’intervention de puissances étrangères et les tensions internationales qui en ont résulté.

· La Seconde Intifada a intensifié la violence et la radicalisation dans le conflit israélo-palestinien, contribuant à la guerre de 2023.

L’analyse des quatre cas historiques montre que certains conflits circonscrits peuvent être des annonciateurs de conflits internationaux plus vastes. Il est important de ne pas sous-estimer l’importance de ces conflits dans l’analyse des dynamiques mondiales.

Cette étude vise à démontrer que certains conflits circonscrits dans l’histoire peuvent être considérés comme des annonciateurs de conflits internationaux plus vastes. Quatre axiomes sont présentés pour illustrer cette idée : la Guerre de Guyenne (1294-1297) annonçant la Deuxième Guerre de Cent Ans (1337-1453), les Guerres de Religion en France (1562-1598) précédant la Guerre de Trente Ans (1618-1648), la Guerre d’Espagne (1936-1939) préfigurant la Seconde Guerre Mondiale (1939-1945). L’intifada 2000-2005 comme source du conflit israélo-palestinien de 2023. À travers l’examen de ces cas, l’étude offre une perspective qui me parait éclairante sur la manière dont les conflits circonscrits peuvent être des indicateurs d’importants conflits internationaux.

Mots-clés : Conflits circonscrits, Conflits internationaux, Guerre de Guyenne, Guerres de Religion en France, Guerre d’Espagne, Guerre israélo- palestinienne.

Axiomes historiques.

Introduction : L’histoire est riche en conflits, certains d’entre eux ayant eu des conséquences internationales majeures. Souvent, on se concentre sur le lien direct entre deux conflits d’ampleur historique, tels que la Guerre d’Espagne (1936-1939) et la Seconde Guerre Mondiale (1939-1945), pour établir une connexion évidente. Cependant, cette étude propose de prendre du recul et de considérer que certains conflits circonscrits peuvent être perçus comme des annonciateurs de conflits internationaux plus vastes.

L’histoire comparée est une méthode qui consiste à comparer des événements historiques différents. Cette méthode peut être utilisée pour mettre en évidence les similitudes et les différences entre différents conflits longs.

La méthode proposée s’inspire du style du philosophe Wittgenstein, qui se caractérise par sa concision, sa précision et sa clarté. Les propositions et les axiomes sont formulés de manière concise et précise, afin de faciliter la compréhension. Les explications et les exemples sont également clairs et concis.

Cette méthode vise à produire une analyse des conflits longs qui soit à la fois rigoureuse et accessible.

Proposition I

Les conflits longs sont des phénomènes complexes qui peuvent être analysés de différentes manières.

Cette proposition reconnaît que les conflits longs sont des phénomènes complexes qui ne peuvent pas être réduits à une seule cause ou à une seule dynamique. Ils sont le résultat de l’interaction de nombreux facteurs, tels que les facteurs historiques, politiques, économiques, sociaux et culturels.

Axiome 1

Les conflits longs sont caractérisés par une temporalité longue, une escalade de la violence et une radicalisation des positions des parties impliquées.

Cette axiome définit les trois caractéristiques principales des conflits longs.

· La temporalité longue est un facteur important qui distingue les conflits longs des conflits plus courts. Les conflits longs ont souvent une durée de plusieurs années, voire plusieurs décennies. Cette temporalité longue permet à la violence de s’installer et de s’enraciner, ce qui rend plus difficile sa résolution.

· L’escalade de la violence est un autre facteur caractéristique des conflits longs. Au fil du temps, la violence a tendance à s’intensifier, ce qui peut conduire à des atrocités et des massacres. L’escalade de la violence est souvent due à la radicalisation des positions des parties impliquées.

· La radicalisation des positions est un processus par lequel les parties impliquées dans un conflit adoptent des positions de plus en plus extrêmes. Cette radicalisation peut être due à de nombreux facteurs, tels que la frustration, la perte de confiance ou la peur. La radicalisation des positions rend plus difficile la recherche d’une solution pacifique au conflit.

Quatre axiomes historiques sont présentés ici pour illustrer cette idée.

Premier Axiome : La Guerre de Guyenne (1294-1297) comme annonciatrice de la Deuxième Guerre de Cent Ans (1337-1453). En effet, la première Guerre de Cent Ans, qui a opposé la dynastie capétienne de France à la dynastie plantagenêt d’Angleterre, s’est achevée en 1259 par le Traité de Paris. Cependant, ce traité n’a pas mis fin aux hostilités entre les deux puissances européennes. En effet, la Guerre de Guyenne, qui a eu lieu entre 1294 et 1297, a révélé des tensions persistantes et des revendications territoriales non résolues. Bien que cette guerre soit souvent reléguée dans l’ombre de la Guerre de Cent Ans (1337-1453), une période de conflit prolongé et complexe entre la France et l’Angleterre, avec des répercussions internationales majeures.

Deuxième Axiome : Les Guerres de Religion en France (1562-1598) comme prélude à la Guerre de Trente Ans (1618-1648)

Les Guerres de Religion en France constituent un prélude important à la Guerre de Trente Ans. Elles contribuent à créer un contexte de tensions religieuses et politiques en Europe, qui favorise l’éclatement d’un conflit de grande ampleur. Les deux guerres partagent des similitudes en termes de dimension religieuse, d’implication internationale et de violence, mais se distinguent par leur durée, leur échelle géographique et leur implication des États.

Les Guerres de Religion en France, qui ont débuté en 1562 et se sont terminées en 1598 avec l’Édit de Nantes, ont opposé les catholiques et les protestants dans un conflit brutal et religieux. Cependant, ces guerres ont également été le reflet de tensions politiques et sociales profondes. Lorsque l’on considère que la Guerre de Trente Ans (1618-1648) a éclaté dans un contexte international, avec le catholicisme tridentin face aux puissances protestantes, il devient évident que les Guerres de Religion en France ont préfiguré ce conflit international plus vaste. La Guerre de Trente Ans, qui s’est étendue bien au-delà des frontières françaises, a été l’un des conflits les plus destructeurs de l’histoire européenne.

Troisième Axiome : La Guerre d’Espagne (1936-1939) comme prélude à la Seconde Guerre mondiale (1939-1945). La Guerre d’Espagne, qui a éclaté en 1936 entre les forces nationalistes dirigées par Francisco Franco et les républicains, est souvent considérée comme un précurseur de la Seconde Guerre mondiale. Bien que la Guerre d’Espagne ait été circonscrite géographiquement, elle a été marquée par l’intervention de puissances étrangères, notamment l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste en soutien aux nationalistes, et l’Union Soviétique en soutien aux républicains. Cette implication étrangère et les tensions internationales qui en ont résulté ont jeté les bases de la Seconde Guerre mondiale, qui a éclaté quelques années plus tard.

Quatrième axiome : La Seconde Intifada, qui a eu lieu de septembre 2000 à février 2005, a été un événement majeur dans le conflit israélo-palestinien. Elle a entraîné une intensification de la violence et de la radicalisation des positions des deux parties, ce qui a rendu plus difficile la recherche d’une solution politique au conflit. La guerre de 2023 est une conséquence directe de la Seconde Intifada. En effet, le retrait israélien de Gaza en 2005 a été perçu par les Palestiniens comme une victoire et a renforcé leur détermination à obtenir l’indépendance. Ce retrait a également permis à des groupes radicaux tels que le Hamas de s’implanter à Gaza et de renforcer leur influence.

Conclusion : En prenant en perspective ces quatre axiomes historiques, il devient évident que certains conflits circonscrits peuvent être perçus comme des annonciateurs de conflits internationaux d’envergure. Ces exemples montrent que les tensions et les rivalités qui se manifestent dans des conflits locaux peuvent avoir des conséquences profondes sur la scène internationale. Par conséquent, il est essentiel de ne pas sous-estimer l’importance des conflits circonscrits dans l’analyse des dynamiques mondiales.

Gabryel Nasser

sous la direction de Emmanuelle Tixier du Mesnil

Master 2 EAD –

Bibliographie

Küng, Hans. “Religion, violence and “holy wars”.” International Review of the Red Cross 87, no. 858 (June 2005): 253–68.

Van, Tol Jonas. “Germany and the coming of the French Wars of Religion : confession, identity, and transnational relations.” Thesis, University of York, 2016.

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