Cette exposition présentée du 22 octobre 2023 au 25 mars 2024 nous donne l’occasion de nous intéresser à l’histoire très riche du château de Fontainebleau et particulièrement aux modifications architecturales qui se sont succédées au rythme des souverains qui l’ont habité. L’exposition s’articule autour des représentations du château, mais également à travers celles des jardins et des différentes cours qui le composent.  

Elle présente cette riche collection de peintures, gravures et dessins, au cœur même du château, dans la salle de la Belle cheminée. Les visiteurs apprendront à connaitre et à découvrir le monument actuel à travers son passé florissant et les yeux des artistes qui s’en sont inspirés ou qui ont œuvré à sa grandeur. Elle se veut être un miroir de son histoire mais la représentation par le dessin est également un outil de séduction. A travers chaque estampe et gravure on trouve un témoignage de la grandeur de l’édifice et de l’aura qu’il possédait et possède toujours actuellement. Le visiteur en apprend davantage et par son passé il est apte à mieux comprendre le château contemporain.  

L’exposition est développée principalement autour des œuvres mettant en valeur le château en représentant d’une part le bâtiment et d’autre part les cours ainsi que les jardins. Chaque partie du château et de son parc est appréciée séparément à travers les diverses représentations exposées. On peut par exemple découvrir l’étendue de l’évolution subie par ce qui est de nos jours le jardin de Diane mais qui auparavant était « le jardin de la Reine » cloisonné jusqu’au XIXème siècle par d’épais murs disparus aujourd’hui. Ces murs qui l’entouraient sont tombés et ce sont ce genre de modifications du paysage et de l’architecture qui nous sont contés et expliqués à travers les œuvres de cette exposition.  

Les visiteurs ont la chance de pouvoir admirer 250 œuvres provenant des collections du château. L’exposition est pensée comme étant une balade entre espace et temps rythmée par les modifications et représentation du palais royal.  Sont présents des aquarelles, des gouaches mais également des estampes, des dessins de Jacques Androuet du Cerceau ou encore de Primatice.  

Au fil des œuvres exposées on comprend l’importance du dessin aussi bien pour illustrer les projets de transformations architecturales ou pour les plus classiques gestion du palais ou encore pour la délimitation cadastrale. Il apparait en outre que ces représentations ont aussi pour objectif de mettre en avant le faste du bâtiment, de ses jardins et des fontaines. Le château est devenu une référence en matière d’art dès le XVIème siècle mais on comprend qu’il est tout autant utile au pouvoir monarchique qui se sert de son image pour mettre en lumière ses grands moments. On pense par exemple au Baptême de Louis XIII qui a eu lieu au sein de la cour ovale.  

La visite de l’exposition se termine par les deux maquettes du château, aux époques de François Ier et d’Henri IV et prend fin avec une mise en scène de la réalité de la diffusion de l’image du château à l’occasion notamment de l’évolution du marché touristique.  

 

Maquette du château durant le règne de François Ier réalisée par Aristéa 

 

Au sein de l’exposition est notamment présente une superbe gravure réalisée au burin par Michel Lasne datant de 1614 d’après une œuvre d’Alessandro Francini. Cette gravure, de part sa précision et sa qualité, nous offre la possibilité d’apprécier les agrandissements et les transformations des différents bâtiments, jardins et cours en les comparant avec l’architecture actuelle. Ces modifications ont principalement été effectuées sous le règne du roi Henri IV de 1589 à 1610. Les deux maquettes exposées nous présentent de façon détaillée les principales évolutions de la construction du château du XIIème siècle à nos jours. Il est assez ludique de comparer les deux représentations du palais à un siècle d’intervalle produites par Aristea et de se rendre compte des ajouts et constructions réalisées entre le règne de François Ier et celui d’Henri IV.  

Le château de Fontainebleau est effectivement une demeure royale depuis le XIIème siècle. Le donjon de la cour ovale est d’ailleurs le seul vestige de cette époque médiévale.  Il est conservé par les héritiers de Louis VII, premier roi dont on retrouve une trace à Fontainebleau.  Louis IX installe en 1254 le couvent des trinitaires proche du domaine royal et c’est sous le règne de François Ier que, de la fusion entre les bâtiments royaux et religieux, naît le château au centre de cette exposition¹ .  

De nombreux aménagements sont aussi dus à Henri IV durant ses années de règne. En effet la gravure qui prend le parti de représenter le château vu du ciel, en vue d’oiseau, permet d’insister sur l’étendue du domaine royal, l’opulence des jardins et la richesse de la couronne de France. C’est également ce qui transparait de l’exposition de façon globale. Le château ainsi que ses multiples reproductions sont une représentation du pouvoir royal. Chaque dessin et gravure le met en valeur et réalise la promotion de toute la monarchie par la même occasion.  

 

 Plan du château – Source Justanewtrip.com 

 

La Cour du cheval blanc par exemple est située dans le coin inférieur gauche de la gravure . Elle est nommée « Cour d’honneur » ou encore « Cour des adieux » depuis le départ de Napoléon en 1814 pour l’ile d’Elbe. Cette « basse cour » est créée à l’initiative de François Ier après qu’il ait fait détruire le couvent des trinitaires dans le premier tiers du XVIème siècle. Durant ce même siècle, la cour prend le nom de la statue en plâtre érigée en son centre par Marie de Médicis pendant sa régence entre 1560 et 1563. Elle est représentée sur la gravure entre les deux parterres les plus proches du château. Le père Pierre Dan dans son ouvrage parut en 1642 « Le trésor des merveilles de la maison royale de Fontainebleau » indique que, moulée d’après le cheval de Marc Aurèle, cette statue est retirée en 1626 parce qu’elle incommode le passage des soldats de part son emplacement au milieu de la cour² . L’auteur de la gravure a aussi représenté fidèlement l’escalier en fer à cheval que l’on doit à Philibert Delorme. Il est édifié vers 1558 et est remplacé en 1632 par l’actuel escalier en fer à cheval qui inspire de nombreux architectes. Construit à la demande de Louis XIII à partir de 1632 et attribué à l’architecte Jean Androuet du Cerceau, l’escalier en Fer-à-Cheval met en scène de nos jours l’accès à la galerie François Ier et aux Grands Appartements.  

On peut aussi apercevoir, sur un dessin de Francini, ce qui était auparavant la grande galerie. Elle participe à la clôture de la cour du cheval blanc. Appelée aussi galerie d’Ulysse, elle retraçait à travers cinquante huit œuvres de Primatice et de Niccolo dell’Abbate réalisées entre 1537 et 1570, le mythe de l’Odyssée d’Homère³⁴ . Elle est détruite en 1739 et c’est l’aile Louis XV construite par la suite qui prend sa place aujourd’hui. A travers cette exposition on perçoit alors l’importance des mutations architecturales et celle des souverains constructeurs qui ont laissé leur marque sur l’édifice.  

Sur différentes œuvres présentes au sein de cette exposition, on peut par ailleurs observer le donjon du XIIème siècle dans l’angle contigu au jardin de la reine. La « cour ovale » dont il fait partie subit de nombreux travaux sous le règne d’Henri IV, dont l’édification de la majestueuse porte du baptistère en 1601. Elle est nommée ainsi car Louis XIII est baptisé dans la cour en 1606. En face de la porte du baptistère se trouve la cour des offices dont les bâtiments sont édifiés à la fin de la décennie 1610. Henri IV en est également l’initiateur et ces bâtiments concentrent notamment les cuisines du château. Les douves que nous pouvons observer dans la cour du cheval blanc sur la gravure de Michel Lasne sont mises en place en 1565 pour protéger le château des guerres entre protestants et catholiques. Elles passent devant l’escalier en fer à cheval puis longent la volière dans le jardin de la reine et passent entre la cour des offices et la porte du baptistère. On peut observer leur parcours grâce notamment à la représentation de Jacques Androuet du Cerceau en 1579.  

Mais c’est cependant grâce à la maquette qui représente le château tel qu’il était à la fin du règne d’Henri IV qu’il nous est possible de réellement bien distinguer ces douves et leur emplacement. La présence de ces maquettes en trois dimensions offre une magnifique occasion au visiteur de saisir l’ampleur des modification entreprises par François Ier et par Henri IV.  

L’exposition met en valeur les représentations plurielles, aussi bien de l’intérieur comme de l’extérieur du château. C’est par ailleurs depuis cet extérieur que la puissance de la couronne de France est particulièrement mise en avant en prêtant une attention particulière aux jardins, points d’eau et parterres où se développe une luxuriante végétation. Le château de Fontainebleau a inspiré de nombreux artistes et architectes durant huit siècles et sa pluralité architecturale fait aujourd’hui sa richesse et lui offre une réelle singularité. Les artistes se ne sont jamais lassés de le représenter lui et ses nombreux jardins cours et statues et cette exposition nous offre l’opportunité de retracer toute son histoire a travers les œuvres des plus grands peintres et dessinateurs.  

Lucie Juillard

M1 EAD Sociétés modernes et contemporaines dans la mondialisation

sous la direction de Laurence Croq

1. Site du château de Fontainebleau – le château médiéval [↩]
2. Pierre Dan, De la cour du cheval blanc dite anciennement la basse cour ou la grande cour, Chapitre VI du Trésor des merveilles de la maison royale de Fontainebleau. Paris, 1642 [↩]
3. Claude Mignot, Fontainebleau revisité: la galerie d’Ulysse, Persée, 1988 [↩]
4. Sylvia Pressouyre, Niccolo dell’Abbate et la galerie d’Ulysse à Fontainebleau, Persée, 1967 [↩]

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