« Musée ouvert » ou « visite in situ », la démarche de l’Association pour un Musée du Logement populaire (AMuLoP) propose une exposition temporaire dans la cité Émile-Dubois, dite des “800”, qui interroge l’historien sur le sens de la mise en contexte. Au cœur d’un ensemble construit au cours des années 1950 dans la ville d’Aubervilliers, emblématique de la petite couronne du nord-est parisien de la second moitié du XXe siècle, cette immersion expérimentale restitue les itinéraires de trois familles dans plusieurs pièces d’un « appartement témoin » de 51 m².

Façade de la barre Grossperrin – Allée Charles Grosperrin à Aubervilliers
(photo : Théo Maugeais, décembre 2021)

L’association choisit de reconstituer le parcours de ces ménages qui ont partagé une même cage d’escalier, puisqu’ils incarnent chacun à leur manière différents profils d’habitants de la barre Grosperrin de cette cité. Ayant toutes résidé dans un appartement identique conformément à l’architecture standardisée de l’après-guerre, l’AMuLoP a décidé de regrouper leurs histoires dans l’un des logement mis à disposition par l’office HLM. Ainsi, le visiteur découvre une à une les familles présentées au fur et à mesure de l’avancement de la visite.

Un guide assure sur rendez-vous cette visite interactive de l’exposition et immerge le visiteur au sein de récits intimes. Cette précaution pour le respect des destins introduits est essentielle pour traiter sans trop de détachement une histoire de la vie privée, qui pourrait s’entendre au sens d’une « histoire de l’indiscrétion » telle qu’a pu le relever Gérard Vincent[1]. De fait, le projet de l’AMuLoP est l’aboutissement de recherches menées par des professeurs d’histoire du secondaire et du supérieur qui relève, mais aussi qui se démarque, d’une attention croissante portée à l’histoire des banlieues. On peut citer le musée d’art et d’histoire de Saint-Denis, mais aussi le musée de l’Histoire vivante de Montreuil ou le musée d’histoire urbaine et sociale de Suresnes qui ont initié cette démarche. Interviewée sur FranceInter, Muriel Cohen, maîtresse de conférence à l’université du Mans et responsable de la recherche de l’AMuLoP, affirme qu’il s’agit avant tout de rappeler que « l’histoire est quelque chose qui se pratique au quotidien, [ce qui] passe par montrer que tout le monde est un acteur historique ».

Le parcours investit une histoire « micro », déclinée autour de plusieurs thèmes qui la confrontent à la « macro-histoire ». Pour reprendre le programme disponible sur le site de l’exposition, la « diversité des trajectoires des habitant.e.s » s’articule autour des questions de conditions de logement et de travail, des mouvements sociaux et politiques, des migrations à plusieurs échelles (régionales, provinciales, coloniales et internationales), de l’accès aux droits sociaux, aux loisirs et à la consommation, mais aussi des problématiques de mobilités et de transformations du territoire, de santé des populations, de rapports de genre, de classe et de race.

Ce cadre invite à repenser l’histoire sociale, en racontant « l’histoire des gens ordinaires » qui selon Muriel Cohen, peut « parler à tout le monde ». C’est donc en premier lieu, dans la perspective de l’unité familiale que sont envisagés ces différents itinéraires individuels. Ici, le concept de foyer paraît pertinent, tant il préside à l’histoire de ces groupes sociaux qui évoluent ensemble et traversent les mêmes enjeux. Par exemple, un décès ou à l’inverse une promotion professionnelle se répercutent sur le destin de tout le ménage.

De plus, l’exposition souligne le rôle du lieu et des relations que les habitants entretiennent avec différents espaces du quotidien. Au-delà de la dichotomie privé-public, ce projet éclaire les rapports qui se dessinent à l’extérieur de l’appartement, sur les pelouses autour des bâtiments, à propos des parties communes, et dans ce prolongement avec le quartier, la ville et le lieu de travail. L’habitat et ce qui l’entoure sont des éléments déterminants tant de la vie des résidents que de leurs représentations. À ce titre, lorsque Marie-Hélène Bacqué, professeure à l’université de Nanterre et membre de l’AMuLoP, évoque sur FranceInter que de manière flagrante les questions de sécurité et d’entretien actuelles sont analogues à celles des années 1980, ce qui révèle une véritable préoccupation constante de l’habitant pour les problématiques d’aménagement à contre-courant des schémas déclinistes qui peuvent être formés sur les banlieues.

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La visite témoigne avant tout d’une ambition éducative affichée dans la continuité « d’une politique pédagogique diversifiée » priorisée par l’AMuLoP. La première étape consiste en une courte présentation vidéo qui revient sur l’histoire du territoire sur lequel a été bâtie la barre Grosperrin de la cité Émile-Dubois. Il s’agit de mettre en avant l’interconnexion ancienne entre cette périphérie directe et la capitale.

Dès l’époque médiévale, le village d’Aubervilliers situé entre la route des Flandres (N1) la route de Senlis (N2) est un enjeu du pouvoir. Il devient à l’époque moderne un territoire essentiel de culture maraîchère qui bénéficie alors largement du débouché parisien[2]. Au XIXe siècle, l’installation d’infrastructures de premiers plan, comme le canal Saint-Denis, différentes usines, le Fort d’Aubervilliers ou le tramway, encouragent l’urbanisation et l’industrialisation de la commune[3]. Progressivement l’espace habité prend le pas sur l’espace rural. De nouvelles populations issues de différentes migrations arrivent et la municipalité peine à absorber cette croissance démographique exponentielle (5 000 habitants vers 1840, 55 000 vers 1930, 70 000 vers 1960)[4].

Évolution de la population de la commune à partir des recensements
(Source : Aubervilliers – Notice Communale  – Ldh/EHESS/Cassini)

Pierre Laval, maire dans les années 1920, se consacre à enrayer l’extension des “taudis” par la planification des habitats bon marché (HBM) qui préfigurent les futures cités HLM. Bastion de la «ceinture rouge» d’après-guerre, les classes ouvrières et populaires constituent le noyau du peuplement local autour duquel se noue la « crise du logement ». En 1948, 142 logements sont d’abord bâtis dans le quartier du pont blanc.

Le 19 décembre 1954 est posée la première pierre de la cité des “800”. Les architectes Raymond Lopez, Michel Holley et Rolland Boudier adoptent un procédé de construction à partir d’éléments préfabriqués de « gros-œuvre » assemblés, de manière à avoir recours aux mêmes entreprises pour ces différentes étapes et de limiter les coûts[5]. En hommage au maire de la ville décédé la même année, la cité nommée Émile-Dubois accueille ses premiers habitants en 1957.

La visite du Premier ministre Jacques Chaban-Delmas dans les bidonvilles d’Aubervilliers montre que la précarité du logement reste une actualité encore vive dans les années 1970[6]. Parallèlement, des projets de rénovation sont à l’œuvre et la ligne 7 du métro est inaugurée en 1979. Aujourd’hui, la municipalité est au centre de projets d’ampleur comme le Grand Paris ou les Jeux Olympiques de 2024.

1957 – 1985 : la famille Marie, une histoire à partir des sources fournies par les institutions

En entrant dans l’appartement, le visiteur découvre un salon meublé qui est l’occasion de revenir sur les première années de la barre Grosperrin à travers la famille Marie, dont l’histoire est reconstituée uniquement à partir des sources archivistiques de l’Office HLM ou d’état civil.

Deux lettres successives adressées à l’Office du logement éclairent les motivations de cette famille d’origine normande et résidant en Seine-et-Marne, dont le père de famille, Bernard Marie, est ouvrier de la société Babcock & Wilcox à la Courneuve. Déboutés en 1950 de leur première demande de logement social, la procédure aboutit en 1955 alors qu’ils sont désormais domiciliés à Aubervilliers dans un habitat exigu et précaire. Ils emménagent en 1957 dans la cité des 800 où ils figurent parmi ses premiers habitants.

Ce changement de situation est à la fois un gain d’espace et de confort mais également le dénouement de tribulations liées au statut professionnel du chef de famille. On remarque que malgré les contraintes qui ont pu se poser au ménage, les Marie ont orienté leurs décisions dans l’intention de préserver l’emploi de Bernard Marie qui devait assurément entretenir tout le foyer. Cet enjeu du revenu trouve une résonance particulière dans les conditions d’éligibilité au logement à Grosperrin : pour un loyer annuel d’environ 7000 francs, était exigée la justification d’un salaire annuel d’au moins 50 000 francs. Cet écart est un moyen d’assurer une relative prospérité de ces cités ouvrières en arrêtant un certain standing.

Parallèlement, l’accroissement des surfaces habitables dans le sillage de l’affermissement de la société de consommation d’après-guerre, favorise l’acquisition de meubles, qui jusqu’alors étaient rares dans les ménages populaires. La sécurité du logement se traduit dans un style typique en mobilier massif qui devient une caractéristique des biens des foyers de cette époque. La lourdeur communique ici l’aisance nouvelle, témoignant d’un changement de statut dans lequel la possession d’équipements en devient la marque.

Mobilier massif des années 1950 dans le salon de l'”appartement témoin”
(photo : Théo Maugeais, décembre 2021)

Malheureusement, Bernard Marie meurt d’épuisement autour de 45 ans en 1967 et son fils, François Marie, reprend la charge du ménage. À terme, la famille déménage en 2010 et les historiens perdent leur trace. Les enquêtes de voisinage décrivent une famille très discrète. Ce départ tardif de la cité des 800 reflète une ascension sociale bloquée. En outre, la guide met en avant le processus d’enfermement qui s’opère avec la démocratisation des médias de masse et décrit un monde populaire auparavant très public et ouvert qui se rétracte sur la sphère privée.

La reconstitution repose ici uniquement sur les informations que peuvent détenir les archives écrites des institutions. Cela étant, il faut donc évoquer le rôle de la figure emblématique du gardien d’immeuble en charge de rédiger des rapports et d’assurer la surveillance des locataires. On parle alors d’un gardien pour cent familles. Paradoxalement, cette histoire tirée des documents institutionnels révèle parfois beaucoup plus d’informations intimes et accessoires que l’histoire reconstituée à partir d’entretiens oraux dans laquelle les chercheurs dépendent des informations que les témoins acceptent de livrer.

1967 – 1968 : la famille Di Meo, une histoire à partir de sources «pléthoriques»[7]

Le visiteur est ensuite invité à découvrir une pièce au fond de l’appartement qui correspond habituellement à une chambre d’enfants. Au moyen de ressources archivistiques institutionnelles mais également d’entretiens oraux réalisés avec les membres de ce foyer, cette démarche composite présente la trajectoire de la famille Di Meo qui a également investi l’immeuble en 1957.

Dans les années 1950, la situation précaire des parents Di Meo ne leur permet pas d’élever tous leurs enfants dans la chambre de bonne où ils subsistent. L’obtention de cet appartement HLM suite à la naissance de leur benjamin, permet de réunir cette fratrie dans son aspect matériel et symbolique puisque les trois enfants d’âges et de sexes différents sont installés dans la même pièce.

Dans les entretiens avec les descendants du ménage, diffusés dans cette pièce, on apprend d’une part que leur père était ouvrier dans une usine à Aubervilliers, mais d’autre part que les femmes ont également grandement contribué au foyer. Les deux filles, n’ayant pas poursuivi d’études supérieures, trouvent rapidement un emploi après leur majorité. De plus, leur mère travaille dans une laverie du quartier, charge qu’elle assume en plus des tâches domestiques qu’elle tient à épargner à ses enfants. Grace à ses quatre salaires, le foyer prospère et s’approvisionne en biens de consommation divers de l’époque. Chacune des filles possède sa propre automobile. Ainsi, lors des évènements de mai 1968, la famille Di Meo est assez étrangère aux tourmentes qui affectent la France. Ni ouvrières, ni étudiantes, il s’ensuit que les deux filles se souviennent seulement d’avoir manqué de gazole à cette période.

Ameublement de la chambre des enfants avec des biens de consommation divers (photo : Théo Maugeais, décembre 2021)

Dans un autre registre, l’attache à l’identité culturelle d’origine de la famille Di Meo est une composante structurante du foyer, plus que ne l’est leur attache linguistique ou religieuse. Troisième génération d’une migration italienne des années 1920, ils conservent un lien fort avec leurs ascendants à travers notamment des visites dominicales. Au-delà, les enfants Di Meo passent régulièrement une partie de leurs étés en Italie dans la région de Naples dont sont issus les grand-parents.

En 1973, ils déménagent pour accéder à la propriété dans un autre immeuble non loin de la barre Grosperrin. Ils acquièrent également une laverie dans le bâtiment où ils résident désormais. Cette divergence de trajectoire avec la famille Marie met en évidence que pour certain la vie dans la barre Grosperrin n’est que l’une des étapes d’une entreprise d’ascension sociale plus large. Elle montre également que l’accès à des ressources financières plus importantes permet d’appuyer ces ambitions.

1999 – 2005 : la famille Soukouna, histoire à partir de sources orales

À l’arrivée des premières familles et durant les deux décennies qui suivirent les années 1950, la cité Émile-Dubois est décrite comme prospère et soignée. Pourtant le départ des Di Meo coïncide avec celui d’une partie des habitants les plus aisés qui amorce un déclassement de l’ensemble des “800”. Les années 1980 se confondent avec la désindustrialisation, le chômage, et l’irruption de différentes drogues dont l’héroïne dans les quartiers. Des rénovations sont entreprises en 1985 sous l’égide de l’architecte Patrice Lutier, mais faute de budget elles ne porteront que sur une quarantaine d’appartements puis une trentaine d’autres.

Toutefois malgré l’accentuation de ces phénomènes, il n’en demeure pas moins que la cité Émile-Dubois dispose encore d’une attractivité tangible. C’est le point développé dans la dernière étape de l’exposition qui transporte le visiteur au début des années 2000, dans la partie intérieure du double salon qui correspond à la chambre des parents. On y rencontre la famille Soukouna à travers la figure tutélaire de la mère de famille.

L’histoire de ce ménage est reconstituée grâce aux témoignages livrés par Madame Soukouna lors d’entretiens oraux. Si d’une part l’investigation est restreinte par l’inaccessibilité des sources écrites qui ne sont pas encore versées aux archives, car elles constituent encore des dossiers ouverts des différentes administrations, l’historien est ici, également tributaire de la transmission du récit par le témoin, tant dans ses omissions que dans ses accentuations, en somme de sa subjectivité.

Cette dernière, d’origine malienne, arrive au début des années 1980 à l’âge de 3 ans en France, où elle vit avec ses parents dans un 100 m² du 19e arrondissement. À 16 ans, elle épouse un compatriote nouvellement installé en France. Elle emménage rapidement avec celui-ci dans un hôtel meublé d’Aubervilliers aux conditions déplorables accrues par l’extorsion systématisée des résidents par les gérants de l’établissement. On parle d’un loyer de 1800 francs mensuels qui est exagérément supérieur à celui des locataires de Grosperrin.

Au terme de la naissance de ses enfants mais surtout de l’obtention de la majorité, la demande de logement social de Madame Soukouna aboutit en 1999. Cette installation à Émile-Dubois est vécue comme un véritable soulagement qui contraste avec leur situation précédente. Outre les commodités matérielles, la mère de famille se souvient du modus vivendi collectif et solidaire de la cité[8].

Dans cette continuité, le parcours de Madame Soukouna est empreint d’un engagement associatif infatigable à de multiples échelles. Par exemple en 2003, son retour pour la première fois au Mali depuis vingt ans débouchera sur la constitution du association humanitaire franco-malienne dans son village de naissance. Cependant, malgré son implication dans les mouvements associatifs du sillage de la gauche des banlieues parisiennes, il est intéressant de noter que les émeutes de 2005 ne semblent pas avoir particulièrement affectées Madame Soukouna. Ce témoignage permet de contraster la narration médiatique de l’embrasement de la banlieue en 2005 avec l’exemple de la cité Émile-Dubois pour laquelle ces évènements ont eu peu de répercussions. À la fin des années 2000, la famille Soukouna quitte la barre Grosperrin pour s’installer dans un quartier voisin.

Plan de l’appartement témoin de l’exposition de l’AMuLoP
(source : Théo Maugeais, décembre 2021)

Théo Maugeais
Master 1 Histoire et sciences sociales du politique.
Mémoire sous la direction de François Chaubet.

[1] « Peut-être pourrait-on parler d’une « histoire de l’indiscrétion », non dans le sens premier de ce mot (incapacité à discerner), mais dans son acception dérivée et banale (communiquer à des non-initiés des informations jusqu’ici scellées dans des sphères individuelles, amicales ou familiales). » dans ARIES Philippe et DUBY Georges (dir.), PROST Antoine et VINCENT Gérard, Histoire de la vie privée. Tome 5. De la Première Guerre mondiale à nos jours [1987], Paris, Seuil, coll. « L’Univers historique », 1999, p. 10.

[2] LABORDE Marie-Françoise, FURIO Antoine, POUVREAU Benoît, HERON Claude et COURONNE Marc, Contribution au diagnostic du patrimoine de la commune d’Aubervilliers, Pantin, Bureau du Patrimoine – Direction de la Culture, de la Jeunesse et du Sport – Département de la Seine-Saint-Denis, 2004. https://patrimoine.seinesaintdenis.fr/Contribution-au-diagnostic-patrimonial-de-la-commune-d-Aubervilliers

[3] Aubervilliers en quelques dates – Archives de la Ville d’Aubervilliers, https://archives.aubervilliers.fr/Aubervilliers-en-quelques-dates

[4] Aubervilliers – Notice Communale – Ldh/EHESS/Cassini, http://cassini.ehess.fr/fr/html/fiche.php?select_resultat=1642

[5] POUVREAU Benoît, La cité Emile-Dubois. « Les 800 logements », Aubervilliers, Archives municipales d’Aubervilliers, 2015. https://archives.aubervilliers.fr/IMG/pdf/_cle0fcd21-59.pdf

[6] « M. Chaban-Delmas : il faut en finir en 1972 avec les bidonvilles », Le Monde, 13/02/1970, [en ligne]. https://www.lemonde.fr/archives/article/1970/02/13/m-chaban-delmas-il-faut-en-finir-en-1972-avec-les-bidonvilles_2670577_1819218.html

[7] Expression de Gérard Vincent, dans ARIES Philippe, DUBY Georges (dir.), PROST Antoine et VINCENT Gérard, Histoire de la vie privée. Tome 5. De la Première Guerre mondiale à nos jours, op. cit., p. 7.

[8] MONGAILLARD Vincent, « Aïd et Nouvel An à la cité », Le Parisien, 30/12/2006, [en ligne]. https://www.leparisien.fr/societe/aid-et-nouvel-an-a-la-cite-30-12-2006-2007638400.php

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