Ou comment, six mois seulement après son inauguration, sur la Promenade des Anglais, l’un des plus beaux hôtels du monde est saisi pour être vendu… par ceux-là même qui l’ont fait construire. Durant six ans, se croisent alors dans son grand hall moribond, faux aristocrates, vrais aventuriers, demi-mondaines et authentiques soldats mutilés.

À Nice, au matin du XX^e siècle, la fameuse Promenade des Anglais inaugure deux « hôtels- palaces ». Après la splendeur des premiers moments, ces établissements d’exception doivent affronter les crises, les faillites, les tracas judiciaires et les deux guerres mondiales. Le premier a pour signature architecturale une rotonde rosée qui emprunterait, dit-on, son galbe au sein de la maitresse du fondateur, Henri Negresco¹ . Le second porte également le nom de son fondateur, en l’espèce Henry Ruhl. Ici, pas de toiture rougissante mais des galbes et des courbes, fort exubérantes, qui semblent répondre à l’appel aux plaisirs hivernaux² lancé par la façade du Negresco.

Les pelleteuses ont réduit en poussières le Ruhl en 1970, pour faire place à un hôtel Méridien à l’architecture bien moins expressive. Le palace ayant disparu, la légende lumineuse a donc pu se déployer, que l’on peut résumer en quelques phrases. Toutefois, face à une histoire commode et mordorée, les fonds des Archives Départementales des Alpes-Maritimes (ADAM) opposent une réalité documentaire fort différente³ . On y trouve des preuves de manipulations, de trahisons, de pactes secrets, de prostitution mondaine et de scandale financier.

I   – Légende niçoise

Henry Ruhl, comme Henri Negresco, est un professionnel de l’hôtellerie internationale et, bien plus, un très fin observateur des attentes de la richissime clientèle mondialisée des années 1900. Il a compris combien ses clients commencent à se lasser des allers-retours entre la Promenade des Anglais et les superbes palaces que certains de ses prédécesseurs ont imprudemment bâti sur les collines de la ville, relativement loin de la mer. L’hôtel qu’il imagine se doit donc d’être érigé littéralement au bord de la baie des Anges. Mais son palace doit surtout proposer un luxe, des espaces, des prestations, des services, des raffinements technologiques incomparables. Le rêve prend vie sur la plus belle parcelle de la « Prom’ », après la démolition d’un établissement de renom, mais qui a mal vieilli, l’Hôtel des Anglais. Le succès est fulgurant.

Fulgurant mais bref. Le premier conflit mondial foudroie les palaces azuréens. Henry Ruhl doit passer la main. Apparait alors un duo qui va porter l’hôtellerie azuréenne à des altitudes nouvelles : Alfred Donadei et Emmanuel Martinez. Le premier est avocat de formation, reconverti dans l’immobilier. Le second est italien de naissance et a assumé temporairement la gestion du Ruhl durant la guerre. Ils sont tous deux habiles à lever des fonds et se constituent un petit empire hôtelier avec le Ruhl et le Savoy (à Nice), assortis du Martinez et du Majestic (à Cannes). Las ! La crise de 1929, si elle frappe moins en France qu’ailleurs, porte un nouveau coup à l’hôtellerie azuréenne. Le groupe Donadei-Martinez, développé à marche forcée au prix d’un lourd endettement, est emporté par la liquidation judiciaire de son bailleur de fonds principal, la Société Foncière du Nord de la France. Le syndic de faillite tente longtemps de valoriser au mieux les actifs et créances disponibles, si bien qu’en 1942 les établissements du groupe Donadei-Martinez, quoique moribonds, survivent doucement. Ils sont donc la proie rêvée pour un affairiste, Michel Szkolnikoff, qui parvient à prendre leur contrôle. Mais Szkolnikoff bascule complètement dans la collaboration. Dans les salons qui donnent sur la mer, l’or des galons nazis se mêle aux éclaboussures des jéroboams de champagne. A la Libération, Szkolnikoff voit son butin hôtelier placé sous séquestre, avant d’être lui-même assassiné dans des circonstances mal éclaircies. Dès 1957, les murs du Ruhl font l’objet d’une expropriation. Le bâtiment semble prêt à devenir, à l’instar de nombre de ses prédécesseurs niçois, une simple copropriété⁴ . En 1963, la municipalité, désireuse de conserver une offre hôtelière premium sur la Prom, à côté du Negresco, accorde un bail emphytéotique à un opérateur immobilier, à charge pour ce dernier de démolir, si besoin, le bâti existant. La destruction est effective 7 ans plus tard, un hôtel Méridien s’érigeant aujourd’hui à la place du rêve éveillé de Henry Ruhl.

Telle une étoile s’effondrant, peu à peu, sur elle-même, le palace a donc connu une longue agonie. Au surplus, à l’extrême magnitude de sa naissance a succédé immédiatement une éclipse presque fatale.

II  – Lumière brève

Le 2 octobre 1911, un groupe de riches commerçants fonde, à Genève, une société anonyme ayant pour dénomination la Société Générale des Entreprises d’Hôtels (SGEH). Il s’agit de Charles Altschuler, Emmanuel Polak, Henri Bonnet et Paul Peltier, la Banque Suisse pour le Commerce Etranger complétant le capital social. Une note de synthèse rédigée ultérieurement par l’un des administrateurs de la SGEH, Jules Maurice, décrypte le projet des associés comme suit :

 

« Monsieur Henry Ruhl qui avait soit sous son nom, soit sous le couvert de diverses sociétés, différents grands hôtels de luxe avec une riche clientèle, avait demandé à Monsieur Polak s’il ne pourrait pas lui ou un groupe qu’il formerait réunir les capitaux pour acheter l’hôtel des Anglais à Nice et le reconstruire (…) le groupe acquéreur ou société serait simplement propriétaire de l’immeuble et que (sic) Ruhl se chargerait de la partie mobilière et du fonds de commerce. Monsieur Polak s’abouchait avec plusieurs de ses confrères joailliers qui déclarèrent être prêts à placer des capitaux dans cette opération à la condition d’avoir cependant une autre garantie que celle de M. Ruhl qui ne leur paraissait pas offrir tous apaisements⁵ »

 

Les fonds Grinda et Donadei, conservés par les ADAM, établissent, documents légaux à l’appui, que Polak est bien joaillier tandis que Altschuler apparaît comme « commerçant en perles », les autres étant décrits comme « rentier » ou « employé de banque », ce qui confirme l’origine socio-professionnelle des porteurs initiaux du projet. Quant à l’hôtel, il s’agit bien de l’hôtel des Anglais. Construit au mitan du XIX^e siècle, idéalement situé au début de la Promenade du même nom, l’établissement développe alors une façade d’architecture coloniale longtemps fort attractive pour la clientèle britannique. Mais les lieux ont vieilli et leur style aussi. Le propriétaire des murs, Mediterrean Hotel Company Ltd, société anglaise immatriculée à Londres, souhaite s’en délester.

La suite de la note de Maurice précitée permet de comprendre les raisons relationnelles et juridiques du processus : « Monsieur Ruhl offrit alors comme caution Monsieur Jellinek Mercedes qui jouissait alors à Nice, à tort ou à a raison, d’une réputation très cotée et fermement appuyée dans les hautes sphères. Monsieur Jellinek offrait d’être la caution de M. Henry Ruhl ou de la société que celui-ci formerait et garantissait Monsieur Ruhl. » Jellinek-Mercedes, consul général d’Autriche-Hongrie, et donc a priori introduit « dans les hautes sphères », a-t-il véritablement joué un tel rôle ? Rien, aux archives départementales ne semble l’établir de façon catégorique. Néanmoins, d’autres pièces révèlent que nombre des associés fondateurs sont, comme le consul, des sujets des royaumes ou empires de l’Europe de l’Est ou du Nord. Altschueler est d’origine allemande, Polak est belge, Grunsweig est d’origine autrichienne, Kremer est austro-hongrois⁶ . Enfin, aux ADAM, une note de travail sans nom, ni date, enserrée dans des documents de 1914, indique que les trois-quarts des créanciers de l’hôtel sont austro- hongrois. L’hypothèse du diplomate Jellinek jouant à la fois les entremetteurs et les garants semble donc, sinon certaine, du moins hautement vraisemblable. D’ailleurs, quand l’hôtel est mis aux enchères quelques mois plus tard, Jellinek apparaît parmi les créanciers hypothécaires⁷ .

Une seconde note de travail anonyme, cette fois-ci dans le fonds Grinda, et visiblement émise par la SGEH, détaille les espoirs des investisseurs. En jouant sur les intérêts des prêts initiaux pour l’acquisition de l’immeuble et l’équivalent des intérêts produits par la mise en location du dit immeuble, le rendement attendu s’annonce spectaculaire : « aussitôt cette combinaison réalisée, les intéressés auront les fonds nécessaires pour couvrir tous les effets en ayant en main les actions de la société pour 1 million qui rapporteront du 13%⁸ . »

Cet environnement, prometteur et rassurant, semble faire taire toutes les alarmes que les nombreux retards apportés au projet initial auraient pu faire naître. Les premiers plans dressés par Dalmas l’architecte de Ruhl, font encore apparaître l’ancien hôtel des Anglais, à peine pourvu de deux coupoles, nouvelle signature architecturale. Finalement, il est choisi un bâtiment totalement nouveau, dont un autre plan, conservé aux archives municipales de Nice, révèle qu’il a bien failli être baptisé « Carlton ». À l’évidence, on hésite donc beaucoup dans le projet.

C’est un palace spectaculaire qui se dresse à l’automne 1913 au début de la promenade des Anglais ; le nom de Ruhl, finalement retenu, y apparait en grand⁹ . Le lobby est d’une taille tout simplement prodigieuse¹⁰ . En cette période où le tourisme est uniquement hivernal, l’inauguration attire un nombre considérable de clients, lesquels bénéficient d’un luxe déjà éprouvé à Paris et à Londres, à la différence notable qu’il se déploie, cette fois-ci, à quelques mètres à peine de la mer. Cette contemplation marine ravit l’œil du visiteur, lequel peut, au surplus, profiter de la cuisine de palace servi dans un restaurant courant sur toute la longueur du bâtiment. Henry Ruhl est à son firmament. Les 417.000 francs de loyer annuel que sa société s’est finalement engagée à régler à la SGEH, semblent être peu de choses.

III  – Ombres

Contre toute attente et avant même la fin de sa première saison, l’hôtel s’avère incapable de régler le loyer d’avril 1914. La Première Guerre mondiale n’a pourtant pas encore éclaté. Si le registre client semble ne plus exister pour ce premier exercice, nous savons que le carnaval de Nice s’est achevé deux mois plus tôt : les établissements niçois sont alors au maximum de leur fréquentation¹¹ . Nous ne trouvons aucune lettre, aucune note, annonçant ou dénonçant par avance un tel blocage financier. Enfin, les pièces comptables sont introuvables¹² .

Les effets de commerce tirés pour les mois de mai, juin, juillet et août sont également rejetés¹³ . Ce n’est donc pas un trou provisoire mais une incapacité majeure et prolongée du fonds de roulement de l’hôtel à faire face à un engagement des plus prévisibles : le loyer. Au regard des critères juridiques et comptables du XXI^e siècle, l’établissement serait considéré comme en cessation de paiements et devrait sans attendre déposer le bilan. Dans divers courriers, Henry Ruhl semble vouloir rejeter la faute principalement sur les bailleurs, comme dans une lettre circulaire qu’il fait adresser officiellement par le conseil d’administration de sa société Hôtel des Anglais le 25 juin 1914 :

 

« Vous connaissez, ne serait-ce que par l’étrange publicité qui aura été donnée, les difficultés actuelles de notre société. Son nouveau conseil d’administration s’est trouvé aux prises avec cette situation critique qu’il n’a pas créé et bien que dépourvu de toute disponibilité immédiate, il s’est délibérément consacré à la sauvegarde des droits des intéressés (…) son soin le plus urgent a été d’éviter la mainmise sur le patrimoine de la société par les créanciers privilégiés et surtout par les propriétaires de l’hôtel de Nice. (…) le loyer est énorme, les preneurs éventuels découragés une première fois par une opposition irréfléchie hésite (sic) et cependant il y a urgence. La société propriétaire qui se prétend tour-à-tour française ou suisse nous poursuit avec une vigueur peu commune et tente visiblement de s’approprier sans bourse délier le fonds de commerce et le mobilier de Nice. »

 

Cette lettre révèle plusieurs choses. En premier lieu, les difficultés sont apparues quelques mois avant l’impayé. En second lieu, Ruhl a tenté de trouver des repreneurs. En troisième lieu, non seulement le bailleur est hostile mais, pire, il essaye de s’approprier le fonds et le mobilier¹⁴ . Et ces trois révélations interpellent.

On lit, très souvent, que le Ruhl a été foudroyé par la Première Guerre mondiale¹⁵. Il ne fait pas de doute que le conflit a atteint en plein vol les palaces, insérés dans une mono-économie hôtelière¹⁶ . Mais, dans le cas du Ruhl, documentation primaire à l’appui, les difficultés sont plus anciennes, voire déjà en germe à l’ouverture même de l’hôtel. Car comment un palace flambant neuf, rempli de clients, peut-il, après quelques mois d’exploitation, se retrouver en défaut de trésorerie ? Sans archives sur ce point, c’est le règne des hypothèses. Ruhl maitrise-t-il mal les notions de besoin en fonds de roulement et de fonds de roulement ? L’homme ayant opéré dans de nombreux hôtels de grande taille depuis de longues années, cela semble peu probable. Ruhl a-t-il été emporté par son projet, embauchant de manière inconsidérée¹⁷ ou passant des commandes trop onéreuses, asséchant rapidement sa trésorerie ? C’est une éventualité. Enfin, Ruhl a-t-il été victime des deux phénomènes conjugués, sous-estimant ses charges en amont (en raison de besoins en capital hors norme) et alourdissant les mêmes charges en aval, en dépensant, dès l’ouverture, de façon inconsidérée ? C’est une forte possibilité. Sans accord avec ses créanciers, son fonds est condamné. En outre, il se heurte, apparemment, à l’intransigeance des associés de la SGEH, lesquels font montre d’une « opposition irréfléchie ». Reste à essayer de comprendre comment les propriétaires des murs pourraient voir un intérêt à la perte d’un locataire dont le professionnalisme est établi, le réseau insurpassable… et dont le nom apparaît en grandes lettres lumineuses sur la façade du palace.

IV  – Cuisines

Quatre éléments semblent apporter une réponse à l’attitude de la SGEH.

Le premier est factuel. Dès juillet 1914, Henry Ruhl est contraint de quitter la société de l’hôtel des Anglais, abandonnant ses droits contre la promesse d’absence de poursuites contre lui. Ruhl n’est donc plus en mesure de lutter, de l’intérieur, contrer les desseins qui vont tenter de s’approprier le rêve de sa vie.

Le deuxième élément est juridique. En 1914, la législation sur les entreprises en difficulté¹⁸ n’est guère favorable à ces dernières¹⁹ . Le regard posé sur les « faillis » reste encore marqué par une opprobre très dix-neuvièmiste. Les créanciers ont alors la possibilité de poursuivre la saisie des actifs du débiteur… pour en devenir propriétaires pour le seul prix du montant de la créance initiale. En l’espèce, la SGEH, déjà propriétaire des murs de l’hôtel, a donc les outils qui peuvent lui permettre de devenir, à vil prix, propriétaire de l’hôtel lui-même.

Le troisième élément est psychologique. La SGEH est persuadée que Ruhl s’est volontairement abstenu de régler son bailleur. Son procès-verbal d’assemblée générale ordinaire du 30 juin 1915 précise que « l’exploitation par (les) locataires avait donné de très belles recettes réalisant les perspectives entretenues par eux, mais au lieu de payer ses loyers, la société locataire a affecté les capitaux à un autre emploi²⁰ . »

Le dernier élément est financier. La lecture attentive des procès-verbaux des assemblées générales tenues de 1912 à 1920 révèle que, dès le début, les associés de la SGEH considèrent leur aventure hôtelière niçoise comme un investissement classique ; on suppose qu’il suffit de placer des chiffres à l’entrée d’un cycle productif pour les faire ressortir un peu plus loin, agrémentés de confortables intérêts. La dimension particulière de l’activité n’est jamais évoquée. On parle davantage dans les correspondances et les procès-verbaux du « fonds de commerce » que de « l’hôtel ». La dimension managériale et relationnelle de la profession d’hôtelier semble exclue de la réflexion des associés. Logiquement, la SGEH est donc tentée de profiter de la déconfiture de Ruhl pour lui arracher l’hôtel, comme elle le ferait d’un actif classique.

Dès le mois d’avril 1914, le bailleur fait saisir les meubles et l’argenterie de l’hôtel. Au mois de mai, le tribunal de commerce de Nice ordonne la mise en vente du fonds de commerce. Celle- ci est fixée au 30 juin, puis, sur report ordonné par la Cour d’appel d’Aix en Provence, au 20 août. Peu regardante sur les retombées réputationnelles d’un tel geste pour le palace, la SGEH enclenche immédiatement la procédure, avec des placards sur les murs et des publications dans la presse²¹ . Il faut vendre à tout prix. Dans une lettre du 30 juillet 1914, l’un des associés de la SGEH expose ainsi à l’administrateur principal le plan ourdi, avec les autres associés, pour « mettre une enchère sans bourse délier » (sic), via une société tierce contrôlée en sous-main. Cette dernière exciperait d’une créance préexistante sur la SGEH pour, grâce à un mécanisme de compensation, devenir la nouvelle propriétaire²² .

Mais, comme le relate un procès-verbal du Conseil d’administration de la SGEH, Ruhl se bat âprement, secondé d’ailleurs par les financeurs de sa propre société : une ordonnance de référé du 6 octobre décide que « la mise en vente (sera) remise après la cessation des hostilités²³ . » Adieu la prise de possession sans bourse délier du palace flambant neuf. Au demeurant, les bailleurs ont, entretemps, modifié leur position.

En octobre 1914, la guerre est entrée dans une phase paroxystique. La clientèle de luxe des hôtels niçois a presque complètement disparu. Au surplus, le gouvernement a réquisitionné en tout ou en partie les établissements possédant la plus grande capacité de lits, afin de les transformer en hôpitaux secondaires ou en maisons de rétablissement. La commission d’évaluation des indemnités de réquisition est prévue pour se réunir seulement après la fin de la guerre²⁴ . À quoi servirait-il donc de s’approprier un fonds de commerce d’hôtellerie dans une telle situation, d’autant plus que les murs conservent une valeur intacte²⁵  ?

À partir de ce moment-là, la SGEH, sans renoncer à son objectif ultime d’appropriation de l’hôtel, adopte une stratégie d’attente, convaincue qu’il est préférable de se faire un allié de l’administrateur judiciaire nommé pour l’hôtel, Maître Bermond. Sur le temps court, ce choix semble être le bon. Entre les hôtels mis sous séquestre, car appartenant directement ou indirectement à des ressortissants de puissances ennemies et le maintien des réquisitions militaires dans les établissements, les chiffres d’affaires hôteliers s’effondrent entre 1914 et 1916. L’économiste du littoral du 27 avril 1916 s’exclame ainsi « pauvre Côte d’Azur ! la voilà déserte et à moitié ruinée²⁶  ! ». Sur le temps long les choses s’améliorent quelque peu. Les militaires lèvent les réquisitions progressivement, ouvrant la voie au paiement des indemnités subséquentes. Spécialiste de l’histoire de Nice, Eliane Schor estime qu’à partir de 1917 les hôtels niçois parviennent à renouer avec quelques bénéfices grâce, entre autres, à l’arrivée de nombreux permissionnaires américains²⁷ . En attendant, et en ce qui concerne les luttes autour la propriété de l’hôtel, les choses ne se passent pas tout à fait comme prévu.

En avril 1916, l’administrateur judiciaire Bermond établit un projet d’acte sous seing-privé par lequel un certain Emmanuel Martinez se verrait confier, à titre provisoire la gestion opérationnelle de l’hôtel Ruhl²⁸ . Il s’agit bien du Martinez qui, en 1927, va faire construire un palace cannois auquel il donnera son nom. Sa légende l’associe également aux premières ouvertures estivales des établissements de la Croisette. Avec son associé Donadei, avocat niçois reconverti dans l’immobilier, il va construire un empire hôtelier local. En 1939, il est même décoré de la Légion d’honneur, le dossier administratif de la préfecture précisant « qu’il n’a pas hésité à investir des capitaux importants qu’il avait accumulés pendant de nombreuses années de labeur en France pour mener à bien cette affaire qui représente aujourd’hui un des éléments les plus importants pour la prospérité de Cannes et pour l’intérêt général²⁹ . » Mais, pour l’instant, en ce mois d’avril 1916, Martinez est seulement un sujet italien de 33 ans, d’origine palermitaine, qui a commencé à se faire un nom en s’occupant des destinées du Cercle de la Méditerranée, établissement voisin du Ruhl. On peut donc s’étonner de cette nomination que rien, dans les archives pourtant fournies des fonds Donadei et Grinda, ne laisse augurer. Bien plus, il n’existe aucune protestation de la SGEH, laquelle aurait pourtant vocation à protester devant l’arrivée d’un trentenaire… dont dépend finalement le paiement effectif des loyers. Comment cela peut-il s’expliquer ?

V  – Obscurité

Le 3 mars 1921, Maurice Franck, administrateur de la Société Nouvelle des Entreprises d’Hôtels (nouvelle forme juridique de la SGEH) envoie à Emmanuel Martinez la lettre suivante : « aux termes de conventions intervenues entre vous et Messieurs Altschuler, Franck, Polak, Kramer, Grunsweig les 9 novembre 1915 et 14 septembre 1916, vous êtes devenu gérant de l’association en participation qui a été formée pour l’exploitation de l’hôtel Ruhl pour les saisons de 1915-1916 et 1916-1917. Or, à ce titre vous devez rendre vos comptes de gérant à l’association, comptes qui devront comprendre notamment les créances recouvrées ou à recouvrer et jusqu’ici ces comptes n’ont jamais été fournis je viens donc au nom de la participation vous prier de me remettre ces comptes qui sont légitimement dus vous en conviendrez ».

Martinez répond deux jours plus tard : « Je tiens à vous informer que dès que je serai en mesure de le faire, je rechercherai les comptes de la gérance des saisons 1916-1917. Aucune créance n’a été recouvrée depuis, je me souviens même que lors du dernier règlement provisoire des 5000 francs pour chaque participant, ce règlement a été fait un peu à la hâte. De ce fait chaque participant doit se trouver débiteur à mon égard de quelques centaines de francs³⁰ . » Cette réponse lapidaire ne semble pas avoir connu la moindre suite. En tout cas, les deux correspondances exposent les circonstances dans lesquelles Emmanuel Martinez a été nommé en 1916 à la tête du palace.

Une société en participation possède plusieurs caractéristiques très spécifiques. Ainsi, elle ne possède pas de personnalité morale. Vis-à-vis de l’extérieur, chacun de ses membres s’engage en son seul nom personnel mais, à l’intérieur de la société, les associés se comportent comme dans une société classique, s’engageant par avance à partager les bénéfices et les pertes éventuelles. Traditionnellement, elle n’est pas immatriculée et reste donc inconnue des tiers. Cette société a souvent été utilisée par des investisseurs ne désirant pas faire connaître qu’ils agissaient de concert dans une opération commune. En l’espèce, la révélation d’une société secrète entre certains des associés de la SGEH et Emmanuel Martinez est très éclairante quant aux buts poursuivis par ces différents acteurs et leur état d’esprit de l’époque. Pour les premiers, quitte à supporter durant toute la guerre un gérant nommé par l’administrateur judiciaire, était- il préférable de le contrôler par le biais d’un pacte financier secret ? On observera, d’ailleurs, au passage, l’éthique douteuse de ces associés vis-à-vis de leur propre société. Quant à Martinez, a-t-il trouvé là un marchepied idéal pour pénétrer dans le Ruhl, seul palace susceptible de concurrencer le Negresco à l’époque ? Pour étayer cette dernière thèse, Emmanuel Martinez aurait-il montré, antérieurement et ultérieurement, des comportements similaires ? La réponse est clairement affirmative : Martinez se soucie peu de ses engagements contractuels (V. lettre précitée)… des règlements et de la loi…

Le 10 février 1918, le commissaire central de Nice adresse au préfet du département une lettre commençant ainsi³¹ :

 

« Depuis quelque temps déjà, il m’avait été signalé qu’en dépit de l’état de guerre et de la correction qui s’imposent à tous dans les circonstances actuelles, on dansait dans certains établissements de la ville, notamment dans les grands hôte1s, et en particulier au « Savoy- Palace », dont le directeur, un sujet italien, nommé Martinez, a fait l’objet au cours des années 1916 et 1917, de nombreux rapports au sujet de la façon tout à fait suspecte dont il dirigeait à cette époque 1’hôtel Ruhl, y favorisant le jeu clandestin, le commerce avec les femmes de mœurs légères, le trafic et 1’usage de stupéfiants.

Jusqu’alors, il n ‘avait pas été possible de constater les graves infractions signalées, le nommé MARTINEZ s’entourant de précautions minutieuses et d’un personnel des mieux stylés, agissant en somme au « Savoy Palace » comme au « Ruhl » et de telle sorte au qu’en 1917, on pensa devoir faire appel à un service spécial dont les agents ne seraient pas connus.

Or, la nuit dernière, M. Méténier, Chef de la Sûreté, a réussi à pénétrer dans 1’hôtel et à constater qu’on y buvait, qu’on y dansait et qu’en somme, Martinez se moquait autant de 1’’état de guerre que des règlements. (…) Il est un sujet des moins recommandables (…) je propose formellement l’expulsion du territoire français de cet individu et d’urgence, la fermeture (…) ou la consigne de l’hôtel à tous les officiers et soldats français ou alliés. »

 

Deux jours plus tard, le maire de Nice, le général Goiran, appuie la requête aux fins d’expulsion du commissaire central³². Dans la foulée, ledit commissaire adresse au préfet un bref article de L’éclaireur, intitulé « A la frontière le métèque ! » :

 

« Parce qu’il est l’hôte du petit Chah (sic), M.rt.nz (sic) s’imagine qu’il peut donner aux aventuriers l’investiture mondaine. Il a lancé, dernièrement, un comte Obolonski de pacotille, qui a été placé, irrespectueusement sous les verrous après avoir exploité divers commerçants. M.rt.nz s’enorgueillit aussi de la présence au R.hl (sic) du suisse-allemand Spreng, qui s’est titré duc de la Châtre pour mieux empiler les prêteurs. Cet étranger fort louche, dont nous avons apporté la preuve de l’imposture, a multiplié les victimes et refuse de payer ses dettes malgré le mariage récent à l’aide duquel il a redoré son faux blason³³ ».

 

Précisons que, contre toute attente, le préfet suggérera au ministre de l’Intérieur de ne point expulser Martinez. On sait que, depuis sa création, la Riviera française a attiré bon nombre de rastaquouères³⁴  à la recherche de proies faciles. Mais l’article, certes au ton pamphlétaire et venimeux, laisse à penser que Martinez ferme les yeux sur ce qui se passe dans le beau palace de Henry Ruhl. Plus probant encore, le rapport du commissaire central paraît établir qu’Emmanuel Martinez accueille sciemment en son établissement des activités illégales par temps de guerre. Mais c’est peut-être la seule solution pour maintenir une activité hôtelière satisfaisante.

Les associés de la SGEH y voient-ils un inconvénient ? Sans doute pas. À la fin de la saison 1918-1919, l’expert-comptable Sauvi transmet à l’administrateur judiciaire Bremond une déclaration de bénéfice de plus de 530.000 francs. Avec Martinez à sa tête, le Ruhl semble avoir surmonté la tempête du conflit. Au demeurant, il est fort possible que certains associés aient bien compris qu’ils pouvaient retirer quelque profit, à titre personnel, de la situation. Une « note blanche », visiblement transmise au préfet en février ou mars 1918, affirme que « l’hôtel Ruhl, qui avant la guerre recevait une clientèle riche, était considéré dans la colonie étrangère comme un hôtel de premier ordre. Sous la direction de Martinez, il devint le refuge d’une clientèle spéciale, s’adonnant au jeu et aux stupéfiants. » Plus intéressant encore, la note s’intéresse à un associé majeur et historique de la SGEH, Emmanuel Polak, dont on se souvient qu’il est joaillier :

 

« Il passe généralement ses hivers à Nice. On évalue sa situation de fortune à plusieurs millions (…) Polak a installé dans le hall de l’hôtel Ruhl une vitrine dans laquelle il expose chaque année de riches bijoux qu’il vendait le plus souvent aux demi-mondaines qui formaient à cette époque la principale clientèle de cet établissement. Ce genre de commerce était une grosse source de revenus pour lui, car nombre de ces femmes, préférant l’argent aux joyaux, lui restituaient ceux vendus, dès que leurs amants qui les avaient achetés, avaient disparu. Polak leur rachetait alors les bijoux un prix absolument insignifiant³⁵ . »

 

Finalement, il semble bien que chacun des acteurs essaie de retirer de la situation chaotique de l’époque le plus de profit possible, dans un raisonnement court-termiste. De façon singulière, ce ne sont pas les financiers les plus expérimentés et les plus madrés qui vont sortir vainqueurs de ce théâtre d’ombres.

Le 17 mai 1920 est constituée une SA, la Société des Grands Hôtels de Nice. L’on trouve parmi ses associés et administrateurs un certain Alfred Donadei, Emmanuel Martinez… et Pierre Bermond. Son objet social est, entre autres, « l’acquisition, la mise en valeur et l’exploitation d’un hôtel restaurant de grand luxe, sis à Nice, promenade des Anglais, et connu sous le nom d’Hôtel Ruhl et des Anglais³⁶ . Le 3 juin suivant, le même Bermond, cette fois-ci en qualité d’administrateur judiciaire, envoie une courte lettre aux dirigeants de la Société Nouvelle des Entreprises d’Hôtels³⁷ :

 

« J’ai l’honneur de vous faire connaître que par acte sous seing privé, en date à Paris du 27 mai 1920 et enregistré à Nice le 2 juin, la Société des Grands Hôtels de Nice, société anonyme au capital de 2.000.000 de francs, a acquis le fonds de commerce de l’Hôtel Ruhl et des Anglais, c’est donc lui (sic) qui sera le locataire de la Société Nouvelle des Entreprises d’Hôtels pour le restant de la durée du bail. »

 

Informé à son tour, Henry Ruhl, qui n’avait jamais renoncé à son palace, proteste un mois plus tard : « Je suis très surpris de la façon dont la cession du fonds de l’hôtel des Anglais était faite par Messieurs Reynaud et Bermond à la société de Monsieur Martinez, attendu que j’avais personnellement fait des démarches pour un groupe en vue d’une cession amiable (…) je n’y comprends plus rien et mon procès est toujours en cours pour le titre du Ruhl que je veux à tout prix qu’on enlève des deux hôtels, soit à Nice et à Vichy³⁸ . » Le dernier espoir du fondateur du palace est déjà enterré.

De leur côté, les bailleurs, prisonniers d’une grille de lecture qui délaissait trop l’opérationnel au profit des coups de billard à trois bandes, sont pris de court. Après avoir lancé quelques procédures judiciaires, ils renoncent, eux aussi, aux termes d’un acte notarié du 27 janvier 1923, à leurs derniers espoirs de prise de contrôle du palace³⁹ . Un nouveau règne commence sur la promenade des Anglais et, bientôt, sur la Croisette de Cannes : celui du groupe Donadei- Martinez.

Archives Nice Côte d’Azur – 2 T 277-604/3 – version probablement initiale du projet Ruhl et conservant le bâti de style colonial de l’ancien hôtel des Anglais

 

Archives Nice Côte d’Azur – 2 T 277-604/2 – évolution du projet initial ; on remarque une façade encore très classique dont les coupoles sont exclues. Le nom « Carlton Palace » semble pressenti.

 

ADAM 31 J 56 – affiche du 26 août 1914 annonçant la mise en vente forcée du Ruhl

 

 

Archives municipales de Nice – 3 Fi 223 – Titre de la description : Départ en excursion devant la terrasse de l’hôtel Ruhl. On remarque le nom de Henry Ruhl, la mention « american bar » (où les femmes peuvent se rendre sans crainte pour leur réputation), la voiture est vraisemblablement une Barré (construite entièrement selon les désirs de son acheteur). Les tenues, la lumière quasi-aveuglante sur les murs, les ombres portées, attestent d’une journée d’hiver.

 

Allard Xavier

M1 EAD

Mémoire sous la direction de Patrice Baubeau

1. Cette affirmation, souvent reprise dans jamais avoir vraiment été établie, est néanmoins adoptée par l’ancienne propriétaire iconique de l’établissement, Jeanne Augier, dans son autobiographie. Augier Jeanne et Ferré Christophe, La dame du Negresco, Éd. du Rocher, Monaco] [Paris, 2012. [↩]
2. Sur la Côte d’Azur, le tourisme, qui apparait au mitan du 19e siècle, demeure jusqu’aux années 30 strictement hivernal. Les hôtels de luxe sont tous fermés de mai à octobre. [↩]
3. Le placement sous séquestre du groupe Ruhl-Martinez, en 1944, a entrainé la remise aux autorités d’un fonds d’archives exceptionnel, s’étendant de 1909 (avant même la construction de l’hôtel) jusqu’à 1970. Connu comme « fonds Donadei-Martinez » il a permis, en le confrontant au « fonds Grinda » (ancien homme d’affaires niçois, très actif dans l’immobilier), la rédaction du présent article. [↩]
4. À titre d’exemple, pour le seul quartier de Cimiez, le très victorien Regina, le très néo-orientaliste Alhambra ou le très hollywoodien Majestic. [↩]
5. ADAM 31 J 17 [↩]
6. ADAM 31 J 35 note sn, sd.  [↩]
7. ADAM 31 J 56 – affiche du 26 août 1914 annonçant la mise en vente du Ruhl.  [↩]
8. ADAM 31 J 30  [↩]
9. assez étonnamment, il semble que Henry Ruhl n’ait jamais fait déposer son nom comme marque, ainsi qu’en témoigne le site de l’INPI.  [↩]
10. Un relevé, établi par nos soins, des cotes apparaissant sur le plan correspondant, fait ressortir sa superficie à près de 1200 m² Archives de Nice 2 T 277-604/7 [↩]
11. Si nous n’avons pas pu retrouver le registre client du Ruhl sur la période donnée, les journaux de l’époque confirment qu’il s’agit bien là du pic de la saison pour le tourisme niçois. Il s’agit du sommet de la high life si courue par la haute bourgeoisie et l’aristocratie européenne. [↩]
12. il s’agit là d’une problématique de recherche générale pour tous les historiens s’intéressant aux hôtels azuréens de cette époque. Sans pièces comptables, sans procès-verbaux d’assemblée générale, le chercheur en est souvent réduit à des suppositions. Les règles de comptabilité de l’époque sont minimales, chaque entreprise restant maîtresse de se méthode de tenue et de présentation de comptes. Voir notamment sur ce point DEVUN M., « Le colloque scientifique de Nice 8/10 mai 1962 », Département des Alpes-Maritimes, no 3, 1962, coll. « Recherches régionales Côte d’Azur et contrées limitrophes », p. 1‑13.  [↩]
13. ADAM 31 J 59, cette mention figure dans un tableau dressé ultérieurement par la société venue aux droits de la SGEH  [↩]
14. Dans la tradition classique du droit commercial, un fonds de commerce est composé de la clientèle, des stocks et des biens indispensables à l’exploitation. [↩]
15. Voir notamment le remarquable ouvrage collectif de CALLAIS Alain, BOTTARO Alain, THUIN-CHAUDRON Véronique, HÉLÈNE Pierre-André, SCHOR Eliane, PANICACCI Jean-Louis, TSCHANN Michel, JOUVET François et BLANC Landy, Hôtels & Palaces, Nice : une histoire du tourisme de 1780 à nos jours, Éditions Gilletta, Nice, 2019. [↩]
16. NASH Dennison, « The rise and fall of an aristocratic tourist culture », Annals of Tourism Research, no 1, vol. 6, 1979, p. 61‑75, [https//doi.org/10.1016/0160-7383(79)90095-1].  [↩]
17. il ne semble pas que le registre du personnel de 1913-1914 a été conservé. Néanmoins, une liste, vraisemblablement établie en 1915 par l’administrateur judiciaire Bermond, fait encore apparaître 127 salariés, alors même que le palace a été à moitié transformé en hôpital, diminuant ipso facto les besoins en personnel. – ADAM Fonds Donadei 31 J 36  [↩]
18. NOËL Tangi, « La notion de « commerçant » d’après les procédures de faillite devant les tribunaux de commerce au XIXe siècle », Histoire de la justice, no 1, 2007, p. 153‑164, [https//doi.org/10.3917/rhj.017.0153].  [↩]
19. En 2024, une entreprise en difficulté ressort de la loi de 1985 sur les difficultés des entreprises. Cette dernière a pour but de protéger temporairement la structure en danger, en suspendant les poursuites antérieures et en imposant des délais de paiement aux créanciers. En 1914, l’approche est donc complètement inversée  [↩]
20. certains éléments, qu’il serait trop long à développer ici, nous laisse à penser que Ruhl a pu réaffecter une partie du produit de la première saison sur son second établissement, situé à Vichy [↩]
21. ADAM Fonds Donadei 31 J 56  [↩]
22. ADAM 31 J 30 lettre du 30 juillet 1914 de J. Maurice à M. Franck [↩]
23. ADAM Fonds Donadei 31 J 21 procès-verbal du Conseil d’administration de la SGEH du 30 juin 1916 [↩]
24. Lettre de Me Bermond à la SGEH du 26 octobre 1914 – ADAM 31 J 26 [↩]
25. Évaluation à 7.221.718 Francs dans un PV d’AGO du 30 juin 1916 – ADAM 31 J 21 [↩]
26. Cité dans CALLAIS Alain, BOTTARO Alain, THUIN-CHAUDRON Véronique, HÉLÈNE Pierre-André, SCHOR Eliane, PANICACCI Jean-Louis, TSCHANN Michel, JOUVET François et BLANC Landy, Hôtels & Palaces, Nice, op. cit., 2019. p.105 [↩]
27. Ibid. p. 106 et 107 [↩]
28. ADAM 31 J 27 [↩]
29. ADAM 1 M 591 lettre du 10 janvier 1939 du sous-préfet de Grasse [↩]
30. Pour les 2 courriers : ADAM Fonds Donadei 31 J 59 [↩]
31. ADAM 1 M 591 doss Légion d’honneur Martinez élaboré en 1939 [↩]
32. ADAM 1 M 551 Dossier Légion d’honneur de Martinez [↩]
33. ibid [↩]
34. Sur ces « jeunes hommes dépourvus de fortune et dotés d’un physique avantageux » voir SCHOR Ralph, « Des marginaux de luxe : les rastaquouères sur la Côte d’Azur au début du XXe siècle », Cahiers de la Méditerranée, no 69, 2004, p. 199‑212, [https//doi.org/10.4000/cdlm.809]. [↩]
35.   ADAM 1 M 551 Dossier Légion d’honneur de Martinez  [↩]
36. ADAM publication légale parue dans Le petit niçois du 23 juin 1920, consulté le 1er mai 2024 sur 23/06/1920 – Archives départementales des Alpes-Maritimes (archives06.fr [↩]
37. venue aux droits, on le rappelle, de la SGEH [↩]
38. ADAM 31 J 26 lettre du 03 juillet 1920 [↩]
39. ADAM 31 J 37 [↩]

---

---