Être reine au XVe siècle

La reine de la fin du Moyen Âge est un sujet qui interroge les historiens depuis quelques années. En effet, nombre de reines sont tombées dans l’oubli, délaissées par une historiographie qui se concentrait sur les rois plus que sur les reines. Les travaux récents de Murielle Gaude-Ferragu¹ et ceux de Fanny Cosandey² permettent d’étudier le rôle de ces reines soit oubliées soit décriées.

Ces auteures proposent une réflexion autour du choix de la future reine. La princesse doit venir d’un haut lignage. Il est impossible de prétendre à la couronne de France si le lignage n’est pas réputé et reconnu. Il est toujours question de diplomatie dans le choix de la future épouse. Deux des filles de Charles VI et Isabelle de Bavière épousent le roi d’Angleterre afin de conclure une trêve dans la guerre de Cent Ans. Isabelle, encore petite fille, épouse, en 1396, Richard II, mais ce dernier est assassiné par les Lancastre en 1399. Henri V épouse Catherine en 1420. Les deux jeunes filles sont donc deux partis intéressants autant pour les rois d’Angleterre que pour conclure une trêve voire une paix. Le mariage de la jeune Isabelle, qui n’a que six ans au moment des noces, conduit à la signature d’une trêve de 28 ans. Quant au mariage de Catherine, il intervient dans le cadre du traité de Troyes, en mai 1420. De plus, le mariage doit être fécond et donner un fils qui peut assurer la descendance. Une infertilité est fatale pour la reine qui peut être répudiée. La question de l’infertilité est toujours imputée aux femmes, les hommes ne semblent pas pouvoir en être atteints et si le couple ne parvient pas à avoir d’enfants la femme est obligatoirement responsable. La naissance d’un enfant est gage de stabilité politique : si c’est un garçon, il est appelé à régner et à perpétrer la dynastie, si c’est une fille elle pourra être utile pour un mariage diplomatique. La reine a donc une lourde responsabilité dans sa capacité à faire des enfants. La procréation est sa garantie pour conserver sa place. Isabelle donne douze enfants à Charles, mais seulement quatre atteignent vingt ans³.

L’intérêt pour la jeune fille est la plupart du temps politique. Froissart⁴ relate que Charles V avait des exigences concernant les futures épouses de ses fils : « li rois Charles de France, de bonne memoire, ou lit de la mort, avoit  ordonné que Charles, ses fils, fust assegnés et mariés, se on en pooit veoir lieu pour lui, en Alemaigne, par quoi des Alemans plus grans aliances se fesissent as François, car il veoit que li rois d’Engletière estoit mariés à le soeur dou roi d’Allemaigne, dont il valoit mieux »⁵. Charles V souhaitait s’allier à une famille puissante afin de contrer les alliances du roi d’Angleterre avec celles-ci. La diplomatie de la chambre à coucher est une pratique habituelle dans les familles princières et certains mariages sont organisés très longtemps à l’avance⁶. Le mariage d’Isabelle et de Charles est l’aboutissement de longues tractations politiques, car le père de la princesse craint pour sa fille le refus du roi. Si elle n’est pas au goût de Charles ou si l’examen médical imposé à toutes les jeunes filles n’est pas concluant, elle sera renvoyée chez son père avec une grande honte. Froissart prend soin de relater les échanges entre les oncles du roi et le père de la princesse, ce qui permet qu’ils soient connus aujourd’hui, mais les oncles de Charles ont vraiment insisté auprès du père d’Isabelle, Etienne III, car une alliance avec les Wittelsbach est très profitable pour le royaume de France et resterait dans la politique étrangère engagée par Charles V, qui se rapprochait de la Bavière avant sa mort. Philippe Delorme prend soin de relater la relation de la France avec la Bavière qui était devenue essentielle pour la France⁷. Face au refus du duc Etienne, les oncles du roi étaient partis à la recherche d’une autre jeune fille. Toutefois le duc Etienne finit par céder grâce à l’intervention de la duchesse de Brabant qui montre une fois de plus l’activité de conciliation des femmes.

Les chroniques relatent « un coup de foudre » de la part de Charles pour Isabelle. « Quant elle fu devant le roi, elle s’engenilla tout bas ; li rois vint vers li, et le prist par la main, et le fist lever et le regarda de grant manière. En che regart, plaisance et amour li entrèrent ou coer, car il le veï belle et jone, et si avoit grant desir dou veoir et de l’avoir. Adont dist li connestables de France au signeur de Couchi et au signeur de la Rivière : “Ceste dame nous demor[r]a; li rois n’en puet oster ses ioels “⁵. Charles ne souhaite pas rencontrer d’autre jeune fille et assure sa volonté de ne vouloir que la jeune Isabelle.  Charles tombe sous son charme et demande que le mariage soit célébré rapidement. Ils sont donc mariés sans faste et sans ambassadeur. Patrick Boucheron suppose une possible exagération lors de son cours sur l’amour au collège de France en janvier 2024⁸. Froissart semble avoir été témoin de la scène, mais édulcore certainement cette dernière. Il est difficile de savoir si les chroniques n’embellissent pas la rencontre des deux jeunes gens, mais il est certain que Charles porte une certaine affection pour son épouse, tout au long de sa vie, et qu’Isabelle la lui rend en retour. Elle lui manifeste de l’affection lors de ses crises de démence afin de le calmer. Après le mariage, Charles laisse très vite sa jeune épouse, trois jours après le mariage, pour partir détruire les derniers ilots de résistance flamandes. Isabelle est confiée à la duchesse d’Orléans, fille posthume de Charles IV, qui est très appréciée du roi. La jeune reine doit apprendre les coutumes de la Cour de France ainsi que le français qu’elle ignore totalement.

Le roi impose à la reine ses infidélités ainsi que ses absences longues et régulières. C’est l’adage de la plupart des couples royaux de France. Charles ne fait pas exception. Il est reconnu que le roi a des maitresses même si les liens du mariage doivent respecter la fidélité des deux époux. Philippe de Mézières rappelle gentiment à l’ordre Charles VI en le suppliant de se consacrer à son épouse, mais le roi n’en a cure⁹. La reine doit souvent concilier avec les différentes maitresses du roi. Isabelle laisse sa place à une jeune fille, mais il n’est pas encore question de maitresse officielle. Odette remplace la reine afin qu’Isabelle ne subisse plus les accès de colère de son époux violent quand il est en crise¹⁰. Leur fils, Charles VII est le premier à considérer Agnès Sorel comme sa maitresse officielle¹¹.

La place de la reine au XVe siècle reste très limitée. La reine de la fin du Moyen Âge ne dispose pas d’espace politique. Elle est traditionnellement exclue du conseil royal. La loi salique n’est pas la seule raison de cette exclusion. En prenant en compte le concept du corps politique, le roi perd toute relation privée, y compris celle avec son épouse. La tête a la politique et le corps, représentant du peuple, ne laisse aucune place à la personnalité privée du roi. Ses relations charnelles avec la reine n’ont pour but que la procréation. La coutume de Paris applique le  régime de la communauté (transfert de biens entre les deux familles) dans le cadre des mariages, mais le roi fait figure d’exception. Il est soumis au régime de séparation. Fanny Cosandey explique que la reine est exclue et que son statut reste très complexe¹². Elle est dans l’Etat par son mariage, mais exclue en même temps puisque le régime de séparation s’applique dans la coutume de Paris. Elle n’a donc aucune appartenance avec l’Etat, mais elle est tout de même la souveraine. Elle n’est pas associée à la “Couronne”. Toute cette ambiguïté politique remet en cause la compréhension de la place de la souveraine. Elle est en dehors et dans l’Etat, souveraine, mais aussi sujette du roi. La question du double corps de la reine est justifiée, car la souveraine se trouve dans une ambivalence permanente qui l’oblige à perpétuellement s’adapter à la place que l’on accepte de lui laisser.

Le passage au statut de reine lui octroie des droits, mais lui impose des devoirs. Reine est un « métier » qui dépasse le fait de procréer. La reine épouse la monarchie. Elle incarne la majesté au féminin et contribue au bon fonctionnement de la société de cour. La reine trouve une nouvelle place dans le cérémoniel. Les fonctions « genrées » sont affirmées : le sacre de la reine est différent de celui du roi. Elle n’est pas sacrée à Reims, n’est pas ointe avec le Saint- Chrême, ce qui a un sens très symbolique. Elle n’a pas le pouvoir du roi dans sa capacité thaumaturgique. Sa puissance est donc inférieure à celle du roi. L’onction donnée à la reine est une aide à la fécondité et lui permet de communier sous les deux espèces. La reine et le roi ont des rôles bien déterminés : le roi à la politique et la reine au cérémoniel et au soin des enfants royaux. Une évolution au cours du XVe siècle permet de mieux comprendre comment le pouvoir réginal est modifié : le corps de la reine trouve place auprès de son  époux à Saint-Denis dans la nécropole des rois de France alors qu’auparavant son corps était voué à une itinérance entre les différents sanctuaires de Paris. La symbolique est importante, car le corps politique de la reine suit l’évolution de l’État. La reine contribue et est partie prenante de la genèse de l’état moderne. La place politique de la reine reste à définir. L’exclusion des femmes du gouvernement par la loi salique leur limite l’accès au pouvoir, mais n’empêche pas la régence qui s’affirme comme un accès au pouvoir dérivé. Les instigateurs de la loi salique avaient prévu le remplacement du roi en cas de décès, mais l’incapacité de régner telle qu’elle se présente avec Charles VI n’avait pas été envisagée.

La régence d’Isabelle met en place la régence maternelle qui pouvait auparavant être tenue par le membre choisit par le roi. Lorsque Louis VII part en croisade il donne sa confiance à l’abbé Suger. Il n’y a pas de système automatique pour confier la gestion du royaume avant le XVe siècle. L’éducation du prince et la gestion du royaume était confié à deux personnes distinctes et rien ne prédisposait à ce que la reine endosse ce double rôle. Au XIVe siècle, une répartition s’impose : les princes de sang prennent la gestion du royaume et la reine s’occupe de l’éducation du jeune roi. Comme le souligne Fanny Cosandey, la justice reste une affaire d’homme, mais la place de la reine est  ambiguë entre sa position d’épouse et celle de souveraine qui l’oblige à jouer un double rôle dont l’un et l’autre restent toujours indéfinis¹³. Isabelle est d’autant plus concernée par cette ambivalence puisque les ordonnances de régence¹⁴ l’instaurent à une place inégalée jusqu’ici pour une reine de France. La folie de Charles, bien que désolante pour le royaume et son entourage, s’avère un élément fondateur pour l’organisation de la régence féminine. Il fallait mettre en place des dispositions qui n’avaient jamais été nécessaires jusqu’ici : la régence du royaume alors que le roi était encore en vie et présent.. L’épouse sous tutelle de son mari devient tutrice de l’Etat. Une alternance de rôle s’instaure entre la femme mineure et obéissante à son époux, et la femme qui dirige l’Etat pour le roi qui ne peut assurer qu’une demi-présence dans le cas d’Isabelle. La régence est donc un moyen pour la reine de se trouver une place dans un espace exclusivement masculin depuis l’instauration de la loi salique, en 1328. Avant cette loi les femmes pouvaient participer, dans une certaine mesure, à la politique. Par exemple, Mahaut d’Artois était Pair de France et comtesse d’Artois, et participait aux états généraux au début du XIVe siècle. La loi salique instaure une fracture et organise une exclusion prononcée des femmes. La folie impose une réflexion sur la gestion du royaume. Charles VI organise la régence de façon claire en 1403 : le pouvoir devient collégial et Isabelle ne dépend plus des ducs en matière décisionnelle. Le cercle s’élargit et elle préside le conseil au même titre que le roi. Charles doit adapter la gestion du royaume, étant donné son état mental, mais l’étape est fondamentale, car il inclut son épouse dans la politique. La séparation de corps et de biens, imposée par le régime de la communauté lors du mariage, se transforme. La reine devient le prolongement du roi dans la théorie du corps politique. La tête de la reine devient le complément politique du roi et son corps, le peuple lorsque le roi ne peut gouverner. Le roi est le pater familias, le père du peuple, à l’image du père de famille, qui dispose de l’autorité sur sa famille, mais endosse aussi le rôle protecteur de cette dernière, à l’image de Dieu. Dans le cadre de la régence telle que Charles la conçoit pour Isabelle, elle devient la mère de son peuple. Toutefois elle reste une mère sous surveillance et ne dispose pas de l’ensemble droits politiques du roi. Elle n’a pas la même autorité aux yeux du Conseil. L’organisation collégiale, que Charles VI instaure, reste tout de même fragile et il est difficile pour la reine de s’imposer dans un espace totalement dominé par les hommes, surtout par des princes qui supportent mal leur remplacement progressif au sein de l’état. Isabelle contribue à la réforme de l’état moderne en remplaçant son mari quand c’est nécessaire, et ouvre la voie aux futures régentes. La place politique des régentes telles qu’Anne Beaujeu ou bien Catherine de Médicis est l’aboutissement des bases qu’Isabelle a instauré.

Contourner la loi salique et vivre à la cour

Les femmes contournent la loi salique bien malgré elles. La maternité est le facteur essentiel pour une reine de légitimer son rôle auprès de son époux. Selon Fanny Cosandey « Reine, l’épouse royale l’est par son mariage ; mère, elle le devient en donnant des enfants ; reine mère, elle acquiert ce statut avec la viduité »¹⁵ les reines acquièrent un véritable statut quand elles deviennent mère. Elles s’imposent dans ce rôle qui est à la fois essentiel par la nécessité de mettre au monde des enfants, mais aussi par le rôle éducatif qu’elles jouent auprès d’eux. La reine façonne le dauphin à ses obligations futures, veille sur son éducation. Elle choisit qui entoure les enfants royaux lorsqu’elle est indisponible. Elle guide le roi, son fils, lorsqu’il remplace son père si elle a survécu à son époux ou bien se retire totalement.

Dans le cas d’Isabelle on peut observer que, malgré ses obligations de reine régente, elle partage beaucoup de temps avec ses enfants. Son rôle est donc essentiel dans le devenir du royaume. L’accès direct à la couronne lui est refusé, mais elle accède au plus près du sommet de l’État en contournant la loi. Il est nécessaire de placer le pouvoir dans les mains d’une personne de confiance qui protège l’héritage du dauphin et donc de la couronne. La reine n’a pas le droit de se remarier tant que le roi est mineur, elle doit attendre ses quatorze ans. Cette mesure permet de protéger le royaume, mais elle contribue à la mise en place de la reine au plus près de la couronne. Dans le cas de décès successifs des dauphins, la reine prolonge son temps politique puisqu’elle continue la régence avec un enfant plus jeune. Ce cas de figure se présente pour Isabelle dans la mesure où ses fils meurent successivement et que dans le cadre de leur minorité, elle reste régente. Le premier acte de régence, en date du mois de janvier 1393, concernait la régence de Charles, âgé d’un an. Il décède en 1401 et Louis de Guyenne remplace son frère au titre de dauphin, jusqu’à sa mort en 1415. Isabelle enchaine les régences même s’il y a des interruptions comme le 27 décembre 1409¹⁶, lorsque Charles VI, par lettre patente, décharge Isabelle du gouvernement du dauphin. Selon Philippe Contamine, Isabelle concède la tutelle du dauphin à Jean sans Peur. Bien que la reine n’ait plus la charge de la régence, elle reste tout de même proche de son fils et le façonne à la royauté. La mort de Louis place Jean, son frère, à la place de dauphin, il a quinze ans donc il est majeur. Sa mort, en 1416, laisse la place à Charles qui est âgé de treize ans. Isabelle doit donc assurer un an de régence. Le 5 novembre 1417, Charles VI établit son fils lieutenant général du royaume, retirant toute régence à Isabelle. Charles avait atteint l’âge de la majorité¹⁷.

Fanny Cosandey invite à relativiser l’exclusion des femmes de la couronne de France¹⁸. Cette exclusion est totalement franche au XIVe siècle et précise le rôle de la reine. La volonté d’exclure la femme du trône de France est simplement écrite dans les lois du royaume au XIVe siècle, mais, dans les faits, les femmes n’y accédaient pas comme pouvait le faire le roi. Depuis les Mérovingiens, le partage du royaume se faisait aux fils et non aux filles. Le « miracle capétien », ensuite a permis de ne pas se poser la question de la succession, car, depuis Hugues Capet, il y a toujours eu un fils pour succéder, mais, en 1328, on assiste à l’extinction des mâles de la branche capétienne¹⁹. Les législateurs exhument cette loi afin de soustraire le trône à la fille du roi défunt. Le texte mérite d’être étudié sous un autre angle et nécessite de réfléchir comment il se présente à l’égard des femmes. L’historiographie qui entoure la loi salique a relégué la reine à un rôle de « ventre » alors que si l’on étudie de plus près les conséquences de la loi salique, on observe que la reine se fait une place en politique. Isabelle incarne cette transformation du pouvoir réginal puisque la folie du roi conduit à la rédaction des ordonnances de régence en sa faveur. La reine s’impose à la cour et en politique. Isabelle est la reine « modèle » de l’entrée en politique des femmes. Elle codirige avec son époux, son beau-frère ou même son fils. Les régences précédentes n’ont pas donné lieu à une entrée en justice. Il s’agissait d’un accord donné par le roi et qui dépendait uniquement de sa volonté. Le choix du régent ou de la régente appartenait au roi, mais la loi salique place les reines par leur exclusion, elles doivent trouver une place  auprès du roi tout en restant  assez éloignée de la politique.La loi salique répartit les rôles. Le roi est souverain et la reine se trouve à côté, pas trop près du pouvoir, mais proche tout de même, si nécessaire. Les imprévus, tels que la folie de Charles VI et l’instabilité du royaume, conduisent à revoir la formation de l’état qui n’est pas doté de lois officielles. Il est nécessaire pour les Valois d’instaurer une monarchie forte qui n’est pas l’objet de conflits au sein de la famille royale, et d’oppositions entre les princes de sang. Il faut une personne capable de s’imposer, tout en exerçant une médiation pour la préservation de la couronne. Isabelle est la première reine à devoir se confronter à cet exercice puisque c’est Charles V qui instaure la majorité des rois à 14 ans et organise la régence dans une ordonnance en 1374. Charles VI prolonge le travail de son père en établissant les ordonnances de régence qui empêchent toute vacance du pouvoir. Il lui faut plusieurs essais, mais il entérine l’ordonnance de régence de 1403, en la confirmant le 28 décembre 1407. L’affection apparente que Charles manifestait à sa femme le conduit à lui faire une totale confiance, tout en la protégeant : elle préside le conseil royal pendant les absences de Charles, mais elle est entourée des princes de sang et de conseillers. Il s’agit pour Isabelle de ne pas prendre seule les décisions, mais aussi de ne pas apparaitre comme l’unique responsable en cas d’échec ou de mauvaises décisions. Charles VI cherche aussi à limiter le pouvoir des princes de sang engagés dans une guerre civile intestine. Isabelle devient la gardienne du royaume quand il ne peut lui-même en être le gardien. Dès 1389, avant même la folie, Charles met en avant son épouse au service de sa politique.

La reine se distingue par ses entrées royales. Isabelle est la première reine à faire une grande entrée dans Paris lors de son sacre, le 22 août 1389²⁰. Elle entre seule contrairement à ses prédécesseurs. Le corps politique de la reine est présenté à son peuple. Le roi Charles prend soin de ne pas faire d’ombre à son épouse et ne se présente pas lors du trajet prévu pour le passage d’Isabelle. La reine est en ce jour à la place d’honneur, elle est à la première place. Cette représentation a toute son importance, car les Valois, très affaiblis à cause de la guerre de Cent Ans, ont besoin de remettre en avant leur dynastie. Le corps public de la reine devient un corps politique au service de la dynastie des Valois. Cette entrée royale est un coup d’éclat pour la monarchie ainsi qu’une union représentative de l’état. Il est aussi le symbole d’une prise en main du gouvernement de Charles VI, qui remercie ses oncles. L’entrée d’Isabelle et son sacre sont pour Charles une démonstration d’autonomie. Il signale à ses oncles et à son peuple que la reine l’accompagne au quotidien et qu’il n’a plus besoin de la tutelle de ses oncles. Il est reconnu qu’Isabelle a certainement joué un rôle politique discret auprès de son époux avant même qu’il ne déclare sa première crise de folie en 1392, et qu’il prenne des dispositions pour le gouvernement de son royaume, dès janvier 1393, lorsqu’il est absent.

La magnificence de la fête, organisée à la demande du roi en l’honneur de son épouse, est un théâtre de rue²⁰. La vue est amplement sollicitée, car les tentures couvrent les murs qui jalonnent le parcours de la reine. Son entrée précède le sacre. Les Parisiens voient leur reine presque sacrée. Elle porte un enfant et accouche trois mois plus tard. Le nom de « joyeuse entrée » était doublement justifié, à la fois par la fête du sacre, mais aussi par le fait que la reine porte le sang de France. La reine reçoit les mêmes honneurs que le roi en 1380, lors de son entrée après son sacre à Reims. Les rues sont parées de tapisseries historiées, des tableaux vivants appelés « mystères » sont joués tout au long du trajet qui va de la porte Saint-Denis au cœur de la ville vers Notre-Dame. La reine est vêtue d’une robe en soie couverte de fleurs de lys. Les plus grands princes entouraient la reine dont Louis, le frère du roi ou bien encore les oncles, le duc de Berry, Philippe le Hardi et Louis de Bourbon. Valentine Visconti, jeune épouse de Louis de Touraine, futur Louis d’Orléans était à proximité de la reine. Une scène importante rappelle l’image que la fin du Moyen Âge, entretient entre celle de la reine et celle de la Vierge :lorsqu’Isabelle passe sous une des portes, deux anges viennent poser une couronne d’or et de pierreries sur sa tête en chantant :

Dame enclose entre fleurs de lis ;

Royne estes-vous de Paris ;

De France et de tout le pays ;

Nous en ralons en Paradis.

« Dame enclose entre fleurs de lis » rappelle à la reine qu’elle appartient à la grande monarchie de France. Elle est couronnée comme la Vierge, elle est l’épouse du grand roi de France très chrétien. Il est possible d’y voir l’image du couple Marie et Jésus que l’on retrouve dans l’histoire de l’art. C’est à un mariage tout symbolique que renvoient la Vierge Marie et son fils, mais un mariage symbolique et spirituel qui est néanmoins effectif. En effet, puisque le Dieu chrétien est formé des trois personnes que sont le Père, le Fils et le Saint-Esprit, en ayant été l’épouse de l’une des trois personnes de Dieu (le Père en l’occurrence), Marie le fut tout aussi sûrement et inévitablement, bien que de façon symbolique des deux autres personnes de Dieu. La reine est associée à la Vierge dans sa figure d’épouse, de mère et intrinsèquement, la mère du peuple. C’est elle qui donne naissance au futur roi de la France très chrétienne. Il est choisi par Dieu et se doit de protéger son peuple. Il donne sa vie à la couronne rappelant symboliquement le sacrifice du Christ. La reine est assimilée à la Vierge porteuse de l’enfant protecteur de son royaume. La figure mariale de la reine est ainsi entretenue.

 

Figure 1 : La Bible de chartres, les deux Epoux²¹, vers 1145-1150

De nombreuses représentations évoquent le mariage spirituel de la Vierge et de Jésus. La Bible de Chartres contient une représentation de cette alliance. Les deux personnages sont en grande discussion et semblent partager un moment de convivialité. Dans le cas de l’entrée de la reine, le moment partagé entre son peuple et elle-même est un moment de joie et de convivialité. Isabelle est le symbole de la Vierge sur terre, puisqu’elle est la reine de France. La monarchie très chrétienne entretient un lien privilégié avec l’Eglise depuis Pépin le Bref. Le lys, emblème de la monarchie de France, est représenté systématiquement en histoire de l’art dans les scènes de l’Annonciation. Marie reçoit la visite de l’archange Gabriel pour lui annoncer qu’elle porte l’enfant de Dieu. La fleur de lys est alors le symbole de la pureté de la Vierge Marie. Isabelle porte un enfant tout comme Marie, lors de la scène de l’annonciation. Le parallèle est puissant. Elle s’apprête à mettre au monde l’enfant qui représente symboliquement le fruit de l’amour du couple royal, et son entrée symbolise sa protection sur son peuple. Le roi avait renoué des liens avec les Parisiens grâce au nouveau prévôt des marchands, Jean Juvénal des Ursins, qui avait réussi à rétablir un dialogue avec la population. Le prévôt avait été supprimé après la révolte des maillotins, en 1385 ; ce qui menait à la suppression des juridictions des métiers²². Isabelle incarne la paix, car le roi, à l’occasion de l’entrée de la reine, accorde le pardon à tous les bannis. L’entrée d’Isabelle est l’occasion pour le roi d’exercer son droit de grâce. Le symbole de l’intercession reginale permet à la reine de montrer à sa population sa capacité à intervenir auprès du roi pour le bien de son peuple.

La reine contourne la loi salique par ses fonctions reproductrices et maternelles. À cette occasion, elle est à la fois entourée de soins, mais elle est aussi soumise à de nombreux rituels. La vie de reine est celle de vivre dans l’attente d’une nouvelle grossesse. Une fois enceinte, elle fait l’objet de nombreux soins. Il s’agit plus de mettre toutes les bonnes conditions en place pour que l’enfant tant attendu arrive que de s’occuper de la reine elle-même. Isabelle engage un pèlerinage à chaque nouvelle grossesse pour que celle-ci se passe sous de bons auspices. L’accouchement est entouré d’un grand rituel. Au même titre que les autres femmes, la reine doit attendre les relevailles. Pendant quarante jours, elle ne peut s’adonner à ses activités habituelles. Considérée comme impure, elle ne peut participer aux différentes cérémonies religieuses. Elle est absente du baptême de son nouveau-né. Pour la reine, cette période de quarante jours lui permet de recevoir dans la salle de gésine, qui était très parée pour l’occasion et permettait à la souveraine de rappeler à ses visiteurs quel était son rang. La Vierge s’était soumise à cette loi, et la reine, en la respectant à son tour, se rapproche de la mère du Christ et transmet à son peuple son rôle de mère protectrice.

La reine, lorsqu’elle survit à son époux, devient reine douairière. Elle perd de l’influence auprès de son fils, lorsqu’il se marie. Le roi défunt a préparé cette éventualité pour que son épouse ne se trouve pas démunie. La dot est l’argent donné au mari pour le mariage, et le douaire est une dotation faite par l’époux qu’elle recevait au décès de ce dernier. La reine veuve peut ainsi conserver son rang jusqu’à sa mort.

Isabelle par bien des aspects invente le métier de reine. L’épouse de Charles VI peut être considérée comme la première reine qui contourne la loi salique de façon ferme. Elle assure son rôle de mère, son rôle cérémoniel, mais, confrontée à une situation inédite par la folie de son époux, elle se retrouve à devenir une femme politique. Isabelle fait face à un rôle pour lequel elle n’est pas formée dans la pire période du Moyen Âge. Les historiens lui ont longtemps reproché ses choix politiques, mais elle a dû composer avec la vision misogyne des hommes qui l’entouraient et s’opposer aux princes de sang. Par bien des aspects elle se distingue des précédentes reines qui ont tenu une régence dans une monarchie stabilisée.

 

Figure 2 : La Joyeuse Entrée d’Isabelle  de Bavière dans Paris, le 22 août 1389. Miniature attribuée à Philippe de Mazerolles, vers 1470.

La reine dans la Cour médiévale

La vie à la cour se codifie de plus en plus à partir du XIVe et du XVe siècles. Elle n’est pas encore sous la forme très connue de la cour de Louis XIV, que Norbert Elias a étudié²³. Au XIIIe siècle elle prend doucement forme et se divise en trois corps : le Conseil pour les affaires politiques, le Parlement pour la justice, et enfin la Chambre des comptes. Cette base permet un développement de l’instauration autour du roi d’un fonctionnement stable pour gérer les affaires de la couronne. La présence des princes à la Cour se justifie par leur importance auprès du roi au conseil. La Cour est le lieu du conseil du roi. Donc la cour doit suivre le roi quand il change de demeure. Toutefois, au XIVe siècle, le Louvre devient la résidence principale. Aux fonctions politiques s’ajoutent les fonctions domestiques. La cour est constituée de l’Hôtel du roi et de l’Hôtel de la reine. Ces derniers sont pourvus de quatre à six offices, prenant en charge les besoins quotidiens des souverains et de leur entourage.

Christine de Pizan en parlant de Charles V dans le livre des faits et bonnes mœurs du sage roi Charles V explique que le roi était tenu à l’étiquette qui s’instaure à la fin du XIIIe siècle²⁴. Il en est de même pour la reine qui doit se plier à cette étiquette dans une société de représentation telle que celle du Moyen Âge. Les règles changent d’une cour à l’autre, ce qui est complexe pour les princesses qui viennent de l’étranger, comme Isabelle. La jeune fille est accueillie à Amiens le 13 juillet 1385. Elle n’est pas parée comme il se doit pour la cour de France et les duchesses de Brabant, Bourgogne et de Hainaut s’occupent de la préparer pour la présenter au roi. La tenue d’Isabelle n’était pas assez richement ornée au goût de la tradition française. Après le mariage, la jeune reine est confiée à la comtesse d’Eu, Isabelle de Melun, pour faire son instruction. Elle est sa première dame d’honneur. Elle apprend à la jeune reine l’histoire de France et quelques rudiments de français. Isabelle doit s’adapter à l’étiquette et à son nouveau pays, chose à laquelle elle parvient parfaitement bien.

La vie à la cour nous est connue par de nombreuses représentations iconographiques. Ces dernières permettent de voir les rituels, les tenues vestimentaires et le mode de vie des rois et des reines. Les enluminures concernant la reine laissent voir comment elle s’est adaptée à la mode de sa cour. Il est nécessaire de prendre en compte que l’apparence est extrêmement importante à la fin du Moyen Âge et que les tenues codifient le rang ou la fonction des personnes. Une des enluminures les plus célèbres est celle où Christine offre son manuscrit à la reine. Elle permet de voir les codes au sein de la cour, que ce soit pour les décors des pièces, les tenues vestimentaires ou bien encore l’entourage de la reine.

Christine de Pizan offrant La Cité des dames à Isabelle  de Bavière. Miniature tirée d’un parchemin, vers 1410-1414. British Library. Harley 4431

Cette enluminure présente une scène privée de la reine Isabelle. Comme il est de coutume à cette période, la chambre est un espace aux tâches multiples où on y reçoit les proches²⁵. La pièce est ornée de tentures aux armes de la reine, permettant de préciser que la scène se passe dans l’espace personnel d’Isabelle. La pièce se compose du lit de la reine, d’une banquette et d’un fauteuil. Isabelle est entourée de cinq femmes qui faisaient certainement partie de ses dames de compagnie. La présence de deux chiens est souvent associée à l’image de la reine, on peut les retrouver sur ses sceaux, mais aussi à son gisant (à ses pieds). Les chiens sont associés à la vie seigneuriale donc à la haute société. Les tenues vestimentaires laissent apparaitre la mode du XVe siècle de même que la coiffure à double corne, qui fait sa grande entrée dans la mode dès 1385, l’année du mariage d’Isabelle ; ce qui laisse supposer qu’elle a entretenu cette mode. La reine se reconnait par la richesse de sa tenue : la robe est entièrement brodée de fils d’or, les manches et le col sont en hermine, marque de la royauté. Une autre femme que la reine porte du rouge, mais sa robe est beaucoup plus simple et moins ornée. Une hiérarchie s’impose avec le code vestimentaire et par le placement : Isabelle est assise seule sur la banquette, signe de majesté alors que les dames qui l’accompagnent sont assises à plusieurs sur des sièges en face de la reine. Une distance s’impose en gage de respect. Les deux femmes vêtues de robes bleu foncé sont assises au même niveau que la reine, à la même hauteur. On peut supposer qu’il s’agit de dames de haut rang.

Yan Grandeau²⁶ y voit Valentine Visconti, épouse de Louis d’Orléans et Jeanne de Luxembourg. Les quatre dames derrière, Catherine de Villiers, Anne de Semilhier (gardienne du sceau), Agnès de Coucy, Isabelle de Malicorne sont assises plus bas et plus loin de la souveraine. Christine est à genoux, symbole de servitude, qu’elle entretient dans ses textes. Elle voue un grand respect à la reine. Ce sont ces mêmes femmes qui entourent la reine lors de son entrée à Paris, lors de son sacre, ainsi que dans les derniers moments de sa vie. Leur présence fait partie du protocole et elles se doivent de constamment accompagner la reine. La vie de cour pour une reine signifie être toujours entourée ; ce qui donne une sensation certaine de surveillance. La présence constante de ces dames permet de contrer les accusations d’adultère, car les reines se compromettraient au plus près de la cour et perdraient de leur crédibilité. Françoise Autrand²⁷ explique très clairement que les reines ne pouvaient avoir un écart de conduite puisqu’elles n’étaient jamais seules. Isabelle n’est pas la seule à subir ces accusations et toutes celles qui l’ont précédée ont subi ces calomnies. De plus les dames sont triées sur le volet et sont épouses de chevaliers ou autres personnages importants pour le royaume. On peut difficilement les imaginer complices de la reine, à cacher des infidélités de cette dernière, car elles risqueraient elles-mêmes de se compromettre. De plus il est aisé d’imaginer que la reine et ses dames ont le souvenir des belles-filles de Philippe le Bel, et comment il les a sévèrement punies pour adultère. La vie à la cour laisse peu de place au secret et les reines savent que l’accusation d’adultère est une arme politique à leur encontre. La reine avait de nombreuses personnes à son service qui assuraient tout le fonctionnement de l’Hôtel de la reine. Les comptes d’Isabelle permettent de connaitre les personnes qui l’entouraient et confirment les travaux de Yann Grandeau²⁸. En effet, Maurice Rey²⁹ a produit une étude importante concernant les finances du royaume. Cette étude s’appuie en partie sur les comptes de l’hôtel de la reine et s’arrête sur les dames qui l’entouraient. Ainsi on apprend que vers 1411-1413, environ quinze dames évoluaient autour d’Isabelle. Ces dernières étaient rémunérées, mais recevaient moins que le personnel masculin de l’hôtel du roi.

Noémie Durand

M2 Histoire des Mondes Antiques et Médiévaux

Sous la direction de Laurence Moulinier-Brogi.

1.  Christelle Balouzat-Loubet, « Murielle Gaude-Ferragu (auteure), La Reine au Moyen Âge. Le pouvoir au féminin, XIVe XVe siècle », op. cit., 2016, p. 179‑181. [↩]
2. Fanny Cosandey, « La reine de France à l’époque moderne », Personnages et caractères, XVe-XXe siècles, E. Le Roy Ladurie (dir.)., PUF, Paris, 2004, p. 404‑422. [↩]
3. Vallet De Viriville, « Notes Sur L’état Civil Des Princes Et Princesses Nés De Charles VI Et D’Isabelle  De Bavière », op. cit., 1858, p. 473‑586. [↩]
4. Jean Froissart, Chroniques. 3/4: livre III (du voyage Béarn à la campagne de Gascogne) et Livre IV (années 1389-1400), Librairie Générale Française, Paris, coll. « Le livre de poche Lettres gothiques », 2004. [↩]
5. Jean Froissart, Chroniques. 3/4, op. cit., 2004. [↩] [↩]
6. Rachel C Gibbons, « La politique de la chambre comme diplomatie européenne : l’exemple du mariage de Charles VI et d’Isabelle  de Bavière (17 juillet 1385) », Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques, no 1, vol. 125, 2002, p. 185‑201. [↩]
7. Philippe Delorme, Isabelle  de Bavière: épouse de Charles VI, mère de Charles VII, les Éditions du Cerf, Paris, coll. « Histoire des reines de France », 2023. [↩]
8. Patrick Boucheron, Séminaire du Collège de France « Politique de l’amour », 2024, https://www.college-de-france.fr/fr/Âgenda/cours/politiques-de-amour/amour-apres-la-peste; consulté le 25 avril 2024. [↩]
9. Michel Pintoin (1350?-1421) Auteur du texte, Chronique du religieux de Saint-Denys, op. cit., 1839. [↩]
10. Vallet De Viriville, « Odette ou Odinette de Champdivers était-elle fille d’un marchand de chevaux? », op. cit., 1859, p. 171‑181. [↩]
11. Philippe Contamine, Charles VII, op. cit., 2021. [↩]
12. Fanny Cosandey, La reine de France, op. cit., 2000. [↩]
13. Ibid. [↩]
14. Rachel Gibbons , « Isabelle  de Bavière : reine de France ou « lieutenant-général » du royaume ? », Actes du colloque « Femmes de pouvoir, femmes politiques durant les derniers siècles du Moyen Âge et au cours de la première Renaissance », 15/02/2006, p. 101‑112. [↩]
15. Fanny Cosandey, Reines et mères: famille et politique dans la France d’Ancien Régime, Fayard, Paris, coll. « Fayard histoire », 2022. [↩]
16. Chantilly, Ms 1104, fo 116, Lettres de Charles VI déchargeant la reine du gouvernement du Dauphin, 27 décembre 1409. [↩]
17. Chantilly, Ms 1104, fo 133, Charles VI établit son fils lieutenant général du royaume, 5 novembre 1417. [↩]
18. Fanny Cosandey, « De lance en quenouille. La place de la reine dans l’État moderne (XIVe-XVIIe siècles) », Annales, no 4, vol. 52, 1997, p. 799‑820, [https//doi.org/10.3406/ahess.1997.279602]. [↩]
19. Joël Chandelier, L’Occident médiéval: d’Alaric à Léonard, 400-1450, Belin, Paris, coll. « Mondes anciens », 2021. [↩]
20. Murielle Gaude-Ferragu, « Les femmes dans la construction de l’État monarchique : l’entrée d’Isabelle de Bavière dans Paris (22 août 1389) », Parlement[s], Revue d’histoire politique, no 1, vol. 37, 2023, p. 19‑30, [https//doi.org/10.3917/parl2.037.0019]. [↩] [↩]
21. Paris, BnF, ms latin 116, vol. 2, f° 12 [↩]
22. Louis Batiffol, « La prévôté des marchands de Paris à la fin du XIVe siècle. », Bibliothèque de l’École des chartes, no 1, vol. 52, 1891, p. 269‑284, [https//doi.org/10.3406/bec.1891.447654]. [↩]
23. Norbert Elias, Pierre Kamnitzer, Jeanne Etoré-Lortholary et Roger Chartier, La société de cour, Flammarion, Paris, coll. « Champs », 2008. [↩]
24. Christine de Pizan et Nathalie Desgrugillers, Le livre des fais et bonnes meurs du sÂge roy Charles V: texte original intégral du manuscrit Bnf Fr. 10153, Éd. Paleo, Clermont-Ferrand, coll. « L’encyclopédie médiévale »,  2009 [↩]
25.  Chiara Frugoni et Lucien d’Azay, Au lit au Moyen âge: comment et avec qui, les Belles lettres, Paris, 2024. [↩]
26. Yann Grandeau , « De quelques dames qui ont servi la reine Isabelle  de Bavière », op. cit., 1977, p. 129‑238. [↩]
27. Entretien avec Françoise Autrand – Cour de France.fr, [https://cour-de-france.fr/historiographie-et-methodologie/les-entretiens/article/entretien-avec-francoise-autrand], consulté le 28 janvier 2024 [↩]
28. Yann Grandeau, « De quelques dames qui ont servi la reine Isabelle  de Bavière », op. cit., 1977, p. 129‑238. [↩]
29. Maurice Rey, Les finances royales sous Charles VI les causes du deficit. [↩]

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